L'horrible danger de la leclture, Voltaire
Commentaire de texte : L'horrible danger de la leclture, Voltaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar kylian86 • 25 Avril 2017 • Commentaire de texte • 1 853 Mots (8 Pages) • 2 070 Vues
Voltaire, « L’horrible danger de la lecture »
ID :
*Contexte historique : - Louis XV au pouvoir (1715 – 1774),
- En 1757 après l’attentat de Damiens contre Louis XV, la peine de mort avait été rétablie contre les imprimeurs, les créateurs d'ouvrages contraires à la religion et à l’ordre public
*Contexte litt : 2 œuvres de Voltaires censurés notamment le dico philosophique
*mouv litt : siècle des L
*genre : pamphlet sous forme d'édit (prétexte pour la promulgation contre l’imprimerie dans l’empire ottoman).
* pamphlet : court récit satirique qui attaque / dénonce avec violence le gouvernement, les institutions, la religion ou un personnage connu
* édit : acte législative émanent du roi sur une matière spéciale
*forme de discours: argumentatif (intro + 6 paragraphes + conclusion)
*registre : ironique + polémique
*En + : Dans ce passage, pour Voltaire, la fiction orientale représente la France.
Pour combattre la censure, et défendre la lecture et la liberté d’expression (penser et d’écrire) , Voltaire utilise :
- l'édit dans un contexte oriental,
- adoption du point de vue de ses adversaires → bcp d’ironie.
- l'idéal des Lumières qui est ici évoqué.
- Voltaire critique également les pouvoirs qui maintiennent les peuples dans l'ignorance : c'est un plaidoyer pour la diffusion des œuvres et des idées.
PB : Comment voltaire dénonce-t-il la censure française ? / En quoi ce txt est-il représentatif des L ?
BIO VOLTAIRE :
Voltaire est un philosophe et un écrivain des lumières qui a longtemps combattu pour de nombreuses valeurs telles que la vérité, la justice, la liberté de penser, l'intolérance et les droits de l'homme. Il est l'un des symbole des Lumières et est le chef de file du parti philosophique.
Il a écrit notamment Zadig (1748), l'essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756), Candide (1759), L’ingénu (1767).
Il a aussi participé à l'élaboration de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Il a été exilé pour ses écrits.
PLAN : I- Un édit « oriental » : 1) La forme d'un édit 2) La fiction orientale 3) Un texte religieux et politique II- Les dangers de la lecture : L’ironie de Voltaire 1) Une dénonciation fondée sur l'ironie 2) la dénonciation de toute forme de pensée 3) L’idéal des L Conclusion | Organisation : - intro (l1-8) : émetteur, destinataires, ciconstances, édit = thèse - l9 à 29 : raisons peu justifié de la thèse = 6 arg - l30 à 37 : formulat° de l'interdict° proprement dite - l38 à 44 : identification du responsable de l'exécut° l'édit |
I- Un édit « oriental » :[pic 1][pic 2]
1) La forme d'un édit :
• La construction du texte :
- 1er paragraphe : qui ordonne (pers → Titres et fonctions) et à qui (pers → destinataires de l’édit).
- Paragraphes suivants :
- raisons de l’interdiction (argumentation ordonnée et présentée sous formes de § numérotés : aspect rationnel)A
- interdiction elle-même (« Nous leur défendons » ; « enjoignons » ; « ordonnons » ; « commettons » ; « donnons »).
- 6 § argumentatif numérotés et brefs parodiés d’un acte de justice. Ces arguments sont absurdes et ironiques (Voltaire pense l’inverse : antiphrases). Ils sont consacrés aux effets de la lecture, effets que Voltaire détaille très précisément, au delà de la simple affirmation des progrès de la connaissance :
- utilisation de nombreux conditionnels : « Il se pourrait », « il arriverait », « on aurait » → ces enchaînements permettent à Voltaire de détailler un véritable programme → ce qui est évoqué ici en négatif, correspond à l’idéal des L, tels qu’ils cherchent à le propager par l’écriture.
- Précision du lieu et de la date : « Saint empire ottoman », « Palais de la stupidité », « lune de Muharem ».
2) La fiction orientale
- des formules de politesse orientales : « lumières des lumières »
- Évocation de lieux précis : « Stamboul » ; « La Mecque », « Saint empire ottoman ».
- Noms propres : « Joussouf Chéribi » ; « Said Effendi » ; « Mahomet »
- Fonctions : « Mouphti », « cadis », »imans », voire « fakirs »
- Date : Le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’Hégire
- Formules : « Sa hautesse », « La Sublime Porte »
- A l’inverse mention de l’occident : « Petit état nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie » ; « livres apportés d’occident » ; « auteurs occidentaux ».
- permet d’éviter la censure : en localisant son histoire dans un pays lointain donc pas la France. La lecture au premier degré montre la condamnation des régimes orientaux autoritaires, mais avec plus de réflexion cela s’adapte à la France : « Frankrom » = royaume de France.
- Certains indices servent à avertir le lecteur: « sottise et bénédiction », « notre palais de la stupidité ».
3) Un texte religieux et politique
De fait, il apparaît dans ce texte que le despotisme (pouvoir tyrannique, oppressif) et superstition sont liés : le despotisme s’appuie sur la superstition religieuse qui lui confère une pseudo-légitimité.
- Le pouvoir s’affirme « Par la grâce de Dieu », il se présente comme « mouphti du Saint Empire ottoman », et s’appuie sur les cadis, imans et fakirs (des autorités religieuses) . Le nom de Mahomet est également prononcé : « Il a semblé bon à Mahomet et à nous”.
- Les sujets eux-mêmes sont toujours envisagés d’un point de vue religieux : « à tous les fidèles », « pour l’édification des fidèles », « à tous les vrais croyants ».
- l'interdiction est formulée en termes religieux également : « condamné », « proscrire » « anathématiser » ; « sous peine de damnation éternelle », « officialité » (tribunal religieux chargé de faire respecter l’édit).
« La Sublime Porte » est une expression qui va désigner l’empire ottoman. Le terme renvoie à l’une des portes du palais de Topkapi à Istanbul, porte qui était réservée à l’accueil des ambassades étrangères.
II- Les dangers de la lecture : L’ironie de Voltaire
1) Une dénonciation fondée sur l'ironie :
- Le texte est encadré par les expressions « sottise et bénédiction » (1ere ligne) et « palais de la stupidité » (ligne finale) ce dispositif attire notre attention sur le registre ironique du texte.
- « pernicieux usage de la lecture », « infernale invention de l’imprimerie », « tentation diabolique de s’instruire » « les misérables philosophes » : toutes ces expressions mettent en jeu le procédé de l’antiphrase, dont le sens se révèle vraiment grâce à l’exagération des adjectifs, qui manifestent aussi des connotations religieuses
- Elle ruine l’ignorance qui assure le maintien du pouvoir despotique : alliance du pouvoir tyrannique et de la bêtise affirmée à plusieurs reprises : « Sottise et bénédiction », « Palais de la stupidité », « dissiper l’ignorance qui est la gardienne et la sauvegarde des états policés » (avec jeu de mots sur le terme «policé», ( mais police comme force de répression).
- Elle ruine l’ignorance qui assure aussi le maintien de la superstition : « vertus dangereuses dont le peuple ne doit avoir jamais connaissance » « livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité » ; « diminuer le nombre de pèlerins de la Mecque ».
2) la dénonciation de toute forme de pensée :
- raisonnements en apparence logiques qui s’avèrent totalement absurdes : « Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés. » Il s’agit d’antiphrases visant à dénoncer le registre ironique
- Dénonciation en France de deux institutions :
- L’Eglise : L 6-7 : « il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner […] ladite infernale invention de l’imprimerie » Parodie des textes religieux (en France) justifiant les décisions d'interdiction, la censure. De plus l’Église manipule les fidèles.
- La justice : Voltaire en fait la parodie, énumération de 6 motifs justifiant le jugement, l'emploi du "Nous" d'autorité, propre au langage juridique : « Nous Joussouf Cheribi » (l1), « il a semblé bon à nous de condamner » (6-7)
- Interdiction de lire un livre, de savoir lire, de penser, de dire une parole sensée → arg du gouvernement : le grandissement est ironique
- Gradation dans l'absurde de la ligne 35 : « nous défendons aux pères […] d’enseigner à lire » (37), « nous leur défendons expressément de penser » (37)
- et le dernier § va plus loin dans la mesure où la pensée est assimilée à un objet : « en contrebande », « se présenter aux portes de la ville », « pieds et poings liés ». A terme, c’est surtout la stupidité de celui qui rédige l’édit qui éclate.
3) L'ideal des L :
- Puis l'auteur énumère les raisons de l'interdiction. Les « risques » sont :
- dissipation de « l'ignorance » (lignes 10-11)
- amélioration de « l'agriculture » , l'industrie du progrès (lignes 13-17), (Perfectionnement des arts mécaniques). Allusion à L’Encyclopédie : développer ses domaines, conduire à l’enrichissement des populations, et au delà les amener à réfléchir (Encourager la réflexion et l’initiative personnelle).
- diffusion de l « 'Histoire » objective de favoriser la réflexion (lignes 19-22)
- diffusion de la philosophie des Lumières: « éclairer les hommes » (lignes 24-26)
- remplacement de la superstition par la vraie religion (lignes 28-30)
- progrès dans la médecine. (lignes 32-34)
- Susciter une réflexion politique : influence des livres d’histoires : « justice », « équité », « amour de la patrie » (A rapprocher des ouvrages historiques de Voltaire lui-même : Le siècle de Louis XIV).
- inspirer la vertu : « éclairer les hommes et les rendre meilleurs » (valeur de la métaphore : la lumière, ce sont bien sûr les philosophes qui la dispensent).
- Lutte contre l’obscurantisme (ignorance)
- Croyance au progrès (matériel, médical, intellectuel, moral)
- Lutte contre tout fanatisme, toute superstition
Conclusion :
Ainsi, le pamphlet de Voltaire évoque, indirectement, les valeurs du siècle des L et dénonce la censure politique et religieuse . Il manifeste une croyance humaniste dans la lecture et la connaissance comme sources de progrès, susceptible d’améliorer l’existence des hommes. Les allusions orientales permettent au philosophe de se mettre à l’abri [pic 3]
...