L'opposition entre la certitude et le doute dans Le Horla de Guy Maupassant
Dissertation : L'opposition entre la certitude et le doute dans Le Horla de Guy Maupassant. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Cassandra Lan • 1 Juillet 2022 • Dissertation • 1 010 Mots (5 Pages) • 734 Vues
Sujet : Montrez comment l’opposition entre la certitude et le doute est exprimé dans Le Horla de Guy Maupassant.
Au XIXe siècle, la France s’écrase sous une succession de régimes politiques, pour culminer à la fondation de la République en 1875. La religion perd son prestige et son pouvoir du XVIIe siècle avec l’arrivée de la République, où la science remplace la croyance en Dieu par une foi en la raison. Trois courants littéraires émergent de ce centenaire : le fantastique, le réalisme et le symbolisme. Notamment dans le courant du fantastique, l’écrivain Guy de Maupassant aborde le rejet du rationalisme, la fascination pour l’étrange, l’excessif et l’exacerbation des émotions. En effet, dans le récit Le Horla (1887), Maupassant exprime l’opposition entre la certitude et le doute en présentant l’affirmation du réel et l’incarnation du doute.
Tout d’abord, Maupassant affirme l’idée de certitude à travers des passages descriptifs chargés de détails pour dépeindre le quotidien du narrateur. En outre, l’auteur emploie les codes du réalisme afin d’établir une affirmation du rationnel en prêtant une attention particulière à l’espace et ce qui s’en dégage. Il fait découvrir les lieux du récit en brossant un portrait sensible :
À gauche, là-bas, Rouen, la vaste ville aux toits bleus, sous le peuple pointu des clochers gothiques. Ils sont innombrables, frêles ou larges, dominés par la flèche de fonte de la cathédrale, et pleins de cloches qui sonnent dans l’air bleu des belles matinées, jetant jusqu’à moi leur doux et lointain bourdonnement de fer, leur chant d’airain que la brise m’apporte, tantôt plus fort et tantôt plus affaibli, suivant qu’elle s’éveille ou s’assoupit. ( l. 15 – 22)
La description détaillée et le vocabulaire mélioratif participent ainsi à la création d’un monde bien ancré dans le réel. Le protagoniste décrit ici son patelin en animant les objets qui « se jettent jusqu’à lui », puis se sert de termes tels que « vaste » et « innombrables » afin d’ajouter un peu de grandeur à ce qu’il voit. Le narrateur se restreint également à utiliser la première personne lorsqu’il décrit son vécu. La forme épistolaire amplifie le lien avec une réalité concrète. Par ailleurs, dans la folie qui ébranle le personnage principal, ce dernier parvient quand même à trouver ses mots pour formuler une description précise. L’auteur emploie cette stratégie narrative pour accentuer l’effet de distorsion provoqué par l’irruption de de l’irrationnel dans un cadre réaliste :
En face de moi, mon lit, un vieux lit de chêne à colonnes ; [...] derrière moi, une très haute armoire à glace, qui me servait chaque jour pour me raser, pour m’habiller, et où j’avais coutume de me regarder, de la tête aux pieds, chaque fois que je passais devant. (l. 869 – 875)
L’utilisation des verbes pronominaux comme « me raser », « m’habiller » et « me regarder » fait rappel au quotidien du personnage. Ainsi, dans le déclin psychologique de ce dernier, les passages qui font référence à ce passé rapproché deviennent moins fréquents vers la fin du récit. En bref, l’écrivain met en évidence la manifestation du réelle par les moyens explicatifs de la narration.
Guy de Maupassant fait aussi incarner le sentiment de doute à travers le personnage du Horla. D’une part, le doute, qui est à la racine de l’angoisse et de la peur du narrateur, se reflète dans la présence du Horla. Toutefois, l’auteur n’attribue pas un corps physique à l’être invisible. Il fait plutôt ressentir la présence effrayante de l’esprit par des sons et des actions malveillantes :
Je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis un rêve –
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