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La légende des siècles de HUGO

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peine de mort, pour la cause des enfants, la politique… Hugo lutta. C’est pour cela qu’il occupe, aujourd’hui encore, une place marquante dans l’Histoire du XIXème siècle. Mais Hugo est aussi un poète, dramaturge et prosateur romantique avant tout.

Dans la poésie engagée hugolienne, la dénonciation demeure le but fondamental. Hugo est un poète engagé contre Napoléon III ou encore un poète épique dans La Légende des siècles. Sous le second empire, opposé à Napoléon III, Hugo s’exile en 1859 à Guernesey où il écrit notamment Les petites épopées, le premier chapitre de La Légende des siècles, ayant pour objectif de magnifier l’Homme, le dépeindre et montrer son évolution des temps bibliques aux temps apocalyptiques, en le faisant progresser, mais aussi de dénoncer l’empire, la guerre et la misère sociale. Il critique implicitement dans son œuvre, il s’indigne contre l’empire pour trois raisons principales : la tyrannie politique, le pouvoir de l’Eglise, et la misère du peuple.

« J’ai besoin de sentir de la justice »

Les poèmes de cet ouvrage sont comme des grandes fresques épiques de scènes du passé, du présent, et du futur, représentant la procession de l’aventure humaine et l’intention de cette œuvre, selon Hugo, n’est autre que de tendre vers « l’idéal humain, et d’aller vers la lumière ».

Bien que La Légende des siècles aborde plusieurs thèmes spécifiques, nous avons retenu en composant cette anthologie, celui de la dénonciation.

Dans « Le roi fourbe » (p109), Victor Hugo dénonce le pouvoir et la légitimité de la royauté. Dès les premiers vers, il s’insurge contre un roi, qu’il compare à un animal plus bon que lui «il y a moins de noblesse et de bonté […] dans ton collier d’altesse, que dans le collier d’un chien » (v. 1). Il y décrit la fragilité et la précarité de ce pouvoir dit « divin » : « ta foi royale est fragile» « elle fuit », « avec toi tout est précaire ». Il y dénonce aussi l’orgueil d’un roi qui ne tient pas ses promesses « la parole qu’un roi fausse », qui abuse le peuple et le trahit. Le poète décrit le roi comme un traitre « le serment d’un félon ». Hugo étant exil, il renforce l’idée qu’il a du pouvoir au-delà des frontières de France.

Dans « Les deux voisins », le poète porte de nouveau un regard critique sur ceux qui détiennent le pouvoir en Europe « l’empereur d’Allemagne est duc, le roi de France Marquis » « le roi de Pologne est simplement chevalier », ceux qui usent et abusent de leur puissance et qui frappent les innocents « Le polonais veut des ports il a pris toute la mer Celtique » « l’allemand brûle Anvers conquiert les deux Prusses ». Bien que venant de cultures et de pays différents, Hugo y décrit ici des rois et des empereurs dont les actes et actions sont semblables : « quoique l’un soit la haine et l’autre la vengeance, ils vivent côte à côte en bonne intelligence », il critique toujours leur orgueil démesuré, leur soif d’extension :« Ce sombre roi et ce sombre empereur sans foi, sans Dieu, sans loi », ce parallélisme conforte l’idée de Hugo, qui met au même niveau tous les rois et tous les empereurs en puissance. Il ajoute dans ce poème une dimension divine en évoquant non pas le paradis, mais l’enfer: « ils n’en passent pas moins pour avoir fait tous deux dans l’enfer un traité hideux ». Par leur alliance démoniaque, c’est encore une fois le peuple qui souffre et qui a peur, nous pouvons le vérifier en relevant le champ lexical de la peur : »la peur », « affreux », « monde noir », « saigner ».

Dans « Les Mangeurs », Hugo dénonce un fois de plus l’appétit féroce qu’ont les puissants à dominer la vie des autres « ils sont ceux qui nous mangent. La vie des hommes, notre vie à tous, leur est servie ». Il s’insurge contre le droit divin, en nous rappelant que les rois sont avant tout des êtres humains : « sont-ils forts ? Comme vous. Beaux ? Comme vous. Leur âme ? Vous ressemble. Et de qui sont-ils nés ? D’une femme. ». Il s’indigne contre leur soi-disant « supériorité » en nous rappelant qu’ils ne seraient rien sans le peuple, qui les a aidés à bâtir leur empire et à asseoir leur pouvoir : « Des châteaux, des donjons. Bâtis par qui ? Par vous. ». Il dénonce aussi leur avidité qu’ils ont pour le sang versé par les pauvres gens, ils pensent que leur reconnaissance et leur légitimité dépendent de leur ardeur au combat « cet autre […] se rue, et brûle et pille,[…] règne », « peuples, je veux qu’on dise en voyant tant de sang et tant de morts passer que c’est le roi qui passe ! »

En choisissant ces trois poèmes, j’ai voulu mettre l’accent sur le ressenti de Victor Hugo concernant la politique de Napoléon III. Le poète y dénonce le pouvoir des puissants et s’insurge de l’injustice qui en découle.

Celle-ci est donc l’un des thèmes dénoncés dans Les petites épopées de Victor HUGO. Dans le quatrième poème choisi « Ecrit en exil », le thème dénoncé est toujours celui de l’injustice mais il est renforcé par le thème du châtiment qui est aussi cher au poète. Ce poème reflète la colère de l’humaniste envers l’iniquité. Hugo s’adresse ici à Dieu, et lui demande plus de justice dans le monde « il faut, dans l’univers fatal et pourtant libre, aux âmes l’équité comme aux cieux l’équilibre ». Hugo crie son dégoût envers la partialité : « Le sort n’a-t-il pas d’autre oscillation ? ». Il ressent un besoin profond de justice « j’ai besoin de sentir de la justice au fond du gouffre où l’ombre avec la clarté se confond » et il a besoin que l’oppresseur réponde et expie son crime « j’ai besoin du méchant mal à l’aise, et du crime retombant sur le monstre et non sur la victime ; ». Le poète s’en remet donc à la justice divine et lui demande de châtier le puissant.

Dans le dernier poème intitulé « Le Crapaud », Victor Hugo, en homme engagé, dénonce la cruauté de l’Homme ; l’injustice reflète ici les traits d’un crapaud qui est victime de l’aveuglement des hommes « Que savons-nous ? Qui donc connaît le fond des choses ? », Il dénonce ici l’absurdité du genre humain envers son semblable « pas de bête qui n’ait un reflet d’infini », qu’elle soit belle ou laide toute créature est crée par Dieu. Il dénonce le manque de clarté et de bonté des puissants. La « laideur » est ici soumise à la « splendeur » : « un homme qui passait vit la hideuse bête, […] lui mit son talon sur la tête. C’était un prêtre ayant un livre », « Puis une femme […] lui creva l’œil du bout de son ombrelle », « les enfants l’aperçurent, ils crièrent –Tuons ce vilain animal » ceux qui représentent la vie (l’Eglise, la femme, les enfants) se retrouvent « mauvais », à la place des « bons », « laids » à la place des « beaux ». On retrouve l’un des thèmes récurrent de Hugo ; ici avec la critique du pouvoir de l’Eglise. L’inégalité règne donc au sein même du peuple.

Le choix et l’ordre de ces cinq poèmes tirés de La Légende des siècles de Victor Hugo est venue d’une envie de travailler sur la dénonciation de l’injustice sous toutes ses formes. En parcourant ce recueil, vous constaterez qu’elle peut revêtir plusieurs visages. Dans les trois premiers poèmes, elle a d’abord le visage d’un homme, obligé à l’exil qui lutte contre le pouvoir d’un roi omnipotent. Elle prend ensuite le visage d’un peuple soumis et opprimé par tous ceux qui représentent la puissance. Elle revêt enfin le visage d’un crapaud, d’apparence répugnante mais créature de Dieu,bon et beau aux yeux du divin. Il nous amène à réfléchir sur la bêtise et l’aveuglement du genre humain. J’ai donc choisi ce thème sur la dénonciation de l’injustice car il est malheureusement encore d’actualité. Les rois d’hier sont les dictateurs d’aujourd’hui, il y a toujours des guerres, des crimes contre l’humanité et des innocents tués, la montée des extrémistes religieux qui tuent au nom d’un dieu. Mais je pense aussi aux injustices qui touchent les personnes faibles ou « différentes », aux discriminations de toutes sortes (couleur de peau, identité sexuelle,etc…). La disposition de ces poèmes conserve également l’ordre chronologique des poèmes dans La Légende des siècles.

Ce travail de recherche m’a permis de m’interroger sur la place que je vais avoir dans ce monde en crise, de réfléchir à la façon de lutter au quotidien contre toutes les injustices que j’ai déjà rencontré et que je rencontrerais sans doute un jour .

Le roi fourbe, 1873

Certe, il tient moins de noblesse Et de bonté, vois-tu bien,

Roi, dans ton collier d’altesse,

Que dans le collier d’un chien !

Ta foi royale est fragile.

Elle affirme, jure et fuit.

Roi, tu mets sur l’évangile

Une main pleine de nuit.

Avec toi tout est précaire,

Surtout quand tu t’es signé

Devant quelque reliquaire

Où le saint tremble indigné.

À

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