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Lagarce, Juste la fin du monde : les personnages parlent-ils pour ne rien dire ?

Dissertation : Lagarce, Juste la fin du monde : les personnages parlent-ils pour ne rien dire ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  13 Juin 2023  •  Dissertation  •  1 559 Mots (7 Pages)  •  1 243 Vues

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DISSERTATION : Les personnages parlent-ils pour ne rien dire ? (PLAN DETAILLE)

 RAPPEL : Lors de la rédaction de la dissertation, tout doit être rédigé. Les titres n’apparaissent que sous la forme d’une phrase rédigée en début de paragraphe (sans I, 1) etc.) Ne pas préciser : « voici ma problématique : » ou « introduction : ».

EXEMPLE D’INTRODUCTION REDIGEE : (ACCROCHE) Le théâtre est par excellence un genre littéraire reposant sur l’échange de discours ; et c’est par la confrontation entre les personnages, qui s’affrontent, s’opposent par paroles interposées que le drame se noue, que l’action progresse, que le dénouement advient. (ANALYSE DES ENJEUX DU SUJET : explicitation des présupposés) Dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, Louis annonce au public, lors du prologue, qu’il a décidé de « revenir sur ses pas », auprès de sa famille, pour annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable ». Or, le spectateur assiste à un cuisant échec : jamais Louis ne pourra faire à sa famille l’aveu qu’il a lui-même programmé au seuil de la pièce. Pourtant, le théâtre lagarcien met bien en scène une crise familiale, composée d’une succession de confrontations, d’échanges, d’aveux ; mais jamais Louis ne pourra formuler la vérité qu’il était venu dire. Cela signifie-t-il que les « personnages parlent pour ne rien dire » ? Que le spectateur doive se contenter de ce drame qui n’aboutit pas ? La parole des personnages, durant la représentation, est-elle toujours marquée du sceau de l’inanité ? L’on parle pourtant beaucoup dans Juste la fin du monde : de longs soliloques, dont Louis est le principal destinataire, se suivent sans que les personnages ne parviennent à se faire entendre, à dire ce qu’ils veulent dire. Toute la tension, dans cette pièce, se trouve finalement au cœur même du langage que les personnages manient avec souffrance : le drame n’est pas sur scène, dans une succession de péripéties faisant courir mille périls aux protagonistes, mais dans la langue. L’on passe pour ainsi du « drame-dans-la-vie » au « drame-de-la-vie » qu’on ne comprend pas et dont on exprime la vacuité en commentant sa douleur et son impuissance à parler de la condition humaine. (PROBLEMATIQUE) En quoi le langage, chez Lagarce, se nourrissant de son échec, se détruit-il lui-même pour mieux renaître de ses cendres ? (ANNONCE DU PLAN) Nous verrons donc que si la parole est effectivement mise en échec et ne parvient souvent pas à atteindre son but, si les personnages ne parviennent pas à formuler ce qu’ils voulaient dire, leur parole apparaît toutefois nécessaire quand bien même elle ne parviendrait pas à faire sens ou à réunir les membres de la famille dissoute : ce que l’on dit n’est pas ce qui était annoncé. Nous étudierons que finalement, vider le langage de sa substance est un acte purificateur, régénérateur de la parole qui renaît, avec une signification nouvelle et ajustée au sujet qui la manie.

I – les difficultés à dire quelque chose qui prenne du sens ou qui atteigne sa cible : la parole inefficace.

1) Dire, ne pas dire, vouloir dire : des personnages en lutte avec leur langage : EXEMPLE : Antoine, « rien jamais ici ne se dit facilement », ou en II, 2 p. 114 « je disais seulement / je voulais seulement dire / et ce n’était pas en pensant à mal… ». La mère à Louis (I, 8) : « cela sera mal dit ou dit trop vite ». + Parole tautologique qui s’enroule sur elle-même et échoue.

 2) La parole trouée qui ne peut pas faire advenir le drame attendu : esquives et silences EXEMPLE : Catherine (aposiopèse, en I, 2), Louis (ne dit rien), la mère : on parle pour éviter de dire, scène de présentation (I, 1) : les vraies questions, celles auxquelles tout le monde pense (pourquoi revient-il ?) ne sont pas posées : la scène de présentation piétinante apparaît comme une stratégie d’esquive. Ou « je n’ai rien dit » (Antoine, p. 58).

3) Une parole qui ne parvient pas à créer du lien : incommunicabilité, incompréhension entre les membres de la famille : EXEMPLE : intermède et en particulier la scène 3, p. 104 : « toutes les pièces de la maison étaient loin les unes des autres et jamais je ne pouvais les atteindre ». Incommunicabilité spatialisée dans cet intermède chorégraphique : les personnages vont et viennent, s’appellent et ne se répondent jamais.

 II – mais une parole nécessaire qui témoigne des crises personnelles des personnages : dire indirectement le mal-être sans le dire.

 1) Une crise familiale : une succession d’aveux et de reproches : les personnages règlent leurs comptes, ouvrent leur cœur. EXEMPLE : Suzanne et les cartes postales « elliptiques », frustration (en I, 3) ; Antoine et la question de la responsabilité : se sentait responsable du malheur de Louis alors que ce n’était qu’un masque (II, 2). Aveux et reproches échappent au programme du prologue et au « dire » programmé, mais les personnages disent qqch de leur mal-être. Dialectique amour / abandon met en tension les dialogues.

 2) La nécessité de parler, plus importante que la nécessité de dire : EXEMPLE : Antoine (p. 59) : « j’ai dit ça, ce devait être sans y penser ». La mère et les dimanches en famille (I, 4) : « je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais » et elle reprend aussitôt. Parole nécessaire pour reconstituer l’union perdue de la famille : nostalgie. Longue parenthèse sur la voiture du père : ne dit rien ! Parole apparemment vide pour le drame, mais nécessaire pour le personnage. Antoine, p. 100 « tu as inventé tout ça pour me parler ». Parler pour différer la mort (complexe de Shéhérazade).

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