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Le Developpement Moteur Du Nourisson

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tion. En explorant, chez le jeune enfant, l’interaction entre la coordination motrice et la perception sensorielle dans l’apprentissage du contrôle postural, des divers modes de locomotion et des habiletés manuelles, nombre de recherches actuelles s’inscrivent dans la perspective perception-action. Mais d’autres travaux théoriques ont également joué un rôle décisif.

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LE DÉVELOPPEMENT DU NOURRISSON

Au début des années 80, Kelso, Holt, Rubin et Kugler (1981) montrent que le mouvement ne résulte pas simplement de prescriptions spatio-temporelles du système nerveux central (SNC). Ils mettent en évidence, au contraire, l’influence fondamentale des propriétés physiques du corps humain sur le comportement moteur. Kelso et collaborateurs apparentent la coordination motrice à un système dynamique non linéaire qui s’auto-organise afin de produire des patterns stables. La modification d’un seul paramètre, dit de contrôle, peut faire perdre cet état stable et pousser l’assemblage des éléments constitutifs du système vers un nouveau type d’organisation. Thelen est la première à recourir à ce nouveau mode de pensée, la théorie des systèmes dynamiques non linéaires, pour rendre compte des transitions développementales inhérentes à l’évolution motrice de l’enfant. Dans cette perspective, le développement moteur, appréhendé comme une succession d’états plus ou moins stables, émerge de l’interaction entre de multiples composantes elles-mêmes en développement. Vingt ans après sa publication, l’article de Thelen, Fisher et Ridley-Johnson (1984) (cf. infra, « 1.2 La marche automatique du nourrisson ») est considéré par certains (e.g. Adolph, 2002; Clark, 2002; Savelsbergh, van der Kamp et Rosengren, 2002) comme celui qui a permis un véritable saut conceptuel dans l’approche théorique du développement moteur.

Dans n’importe quelle discipline scientifique, tout changement de paradigme s’avère d’une importance capitale. En effet, les concepts théoriques employés par les scientifiques guident leurs travaux expérimentaux. Le choix du cadre de pensée auquel les chercheurs se réfèrent exerce une influence fondamentale non seulement sur le choix des objets d’étude mais également sur l’élaboration des questions posées à leur sujet, la mise au point des expériences et la façon dont sont interprétés les résultats obtenus (Beer, 2000). De ce fait, la perspective théorique perception-action et celle dite dynamique ont contribué de manière décisive au renouveau de la science du développement moteur. Aujourd’hui, l’étude des processus de changement sous-jacents à l’acquisition des diverses habiletés motrices au cours des premières années, est un domaine en ébullition. Avant de passer en revue quelques uns des travaux les plus significatifs, commençons par quelques mots sur la motricité du nouveauné.

1 La motricité du nouveau-né

1.1 Les caractéristiques toniques et réflexes du nouveau-né

L’état tonique du nouveau-né à terme se caractérise par l’association d’une hypotonie axiale à une hypertonie distale. L’hypotonie des muscles du tronc et de la nuque empêche tout redressement actif de l’axe vertébral.

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LE DÉVELOPPEMENT DU NOURRISSON L’hypertonie des fléchisseurs des membres inférieurs et supérieurs entraîne leur attitude en flexion. L’évolution du tonus au cours de la première année de la vie suit une direction précise. On observe, en effet, une augmentation du tonus axial progressant de la tête vers le bas du dos (loi de développement céphalo-caudale). Au niveau des membres, on note un relâchement du tonus des fléchisseurs puis un renforcement du tonus des extenseurs progressant des segments proximaux du corps, tels que les épaules, vers les segments distaux tels que les mains (loi de développement proximo-distale).

A la naissance, la motricité du nourrisson est caractérisée par des réactions réflexes dites archaïques. Citons-en quelques unes. Le réflexe d’agrippement est caractérisé par la fermeture des doigts de la main suite à la stimulation tactile de la paume. Le réflexe de Moro est un patron de mouvements complexe se déroulant en deux temps (cf. Rönnqvist, Hopkins, van der Emmerik, et Groot , 1998). Durant la phase initiale, on observe simultanément une abduction du bras au niveau de l’épaule, une extension de l’avant-bras au niveau du coude et une extension des doigts. Durant la seconde phase, on note une adduction du bras au niveau de l’épaule et un mouvement des mains vers le thorax. Cette réaction réflexe est déclenchée par une stimulation vestibulaire, plus précisément une chute affectant soit la tête soit l’ensemble du corps. Au bout de quelques mois, ces comportements moteurs réflexes disparaissent, ou ne s’expriment plus, sans que l’on sache avec précision leur rôle joué dans le développement moteur de l’enfant. Nous ignorons si l’exercice de ces capacités motrices précoces est nécessaire à l’émergence des compétences motrices ultérieures (cf. Barklett, 1997). Il en est ainsi de la marche automatique du nouveau-né.

1.2 La marche automatique du nouveau-né

La marche automatique du nouveau-né est caractérisée par un mouvement alterné des jambes obtenu chez l’enfant maintenu en position verticale. La continuité fonctionnelle entre cette activité réflexe, qui disparaît vers l’âge de 2 mois, et la marche autonome chez l’enfant a toujours le statut d’hypothèse. Tous les arguments scientifiques ne sont pas, à ce jour, disponibles pour fonder de manière probante cette proposition. La filiation entre la motricité réflexe et la motricité volontaire est contestée par ceux accordant à la maturation du SNC un rôle primordial dans le développement psychomoteur. Les adeptes de la position maturationniste prônent, en effet, une discontinuité développementale entre les comportements réflexes, observés au début de l’ontogenèse, et les conduites volontaires décrites ultérieurement. Ils évoquent, en particulier, le processus de corticalisation comme principal facteur d’explication de l’extinction de la motricité réflexe. Les activités réflexes, contrôlées par des structures sous-corticales, seraient inhibées lors de la maturation du cortex, celle-ci présidant à la mise en place de la motricité volontaire.

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LE DÉVELOPPEMENT DU NOURRISSON Aussi, selon les maturationnistes, la disparition des comportements réflexes serait imputable au passage d’un contrôle sous-cortical de la motricité à un contrôle cortical.

Pour rendre compte de la non-linéarité des processus développementaux, les auteurs se référant à la théorie des systèmes dynamiques, insistent, eux, sur les changements des caractéristiques morphologiques de l’enfant au cours du temps. Selon les adeptes de l’approche dynamique, les importantes variations de poids et de taille durant l’enfance peuvent, à elles seules, expliquer de nombreuses modifications comportementales. Ainsi la disparition vers l’âge de 2 mois de la marche automatique est, selon les dynamiciens, imputable à l’augmentation de la masse adipeuse des membres inférieurs ne s’accompagnant pas d’un accroissement de la force musculaire. A preuve : semi-immergé dans l’eau et en position verticale, le bébé se remet à marcher, l’eau annulant les effets de la pesanteur s’exerçant sur ses membres inférieurs, ce qui permet de les mouvoir avec une force musculaire moindre (cf. Thelen et coll., 1984).

Il faut savoir parfois prendre la mesure de l’étendue de notre ignorance. Le développement psychomoteur de l’enfant est parsemé de zones d’ombre. La continuité ou la discontinuité fonctionnelle entre les capacités motrices précoces et les habiletés motrices ultérieures fait partie de ces zones d’ombre. La filiation entre le geste d’atteinte du nouveauné et l’approche manuelle de l’enfant plus âgé est ainsi une question encore discutée.

1.3 Motricité manuelle et geste d’atteinte chez le nouveau-né

Dès la naissance, des mouvements au niveau des doigts peuvent être observés mais il ne s’agit pas de véritables mouvements d’exploration. Or, nous savons (Streri, Lhote et Dutilleul, 2000, chapitre 5) que les nouveaux-nés discriminent tactilement deux formes différentes, en l’occurrence un cylindre et une baguette triangulaire, cela aussi bien à partir de la main droite que de la main gauche. Une étude récente (Streri et Gentaz, 2003) montre également que les nouveaux-nés sont capables de transférer ces informations du toucher à la vision. Comment les bébés peuvent-ils, dès la naissance, détecter tactilement des informations sur la forme des objets en l’absence d’exploration digitale fine ? Selon Lhote (2000), la fermeture de la main sur les objets peut être considérée comme une procédure exploratoire permettant aux nouveaux-nés d’extraire des informations sur la forme globale des objets. D’après cet auteur, tout semble se passer comme si les doigts et la paume de la main « prenaient l’empreinte » des contours de l’objet.

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