Le roman de Renart vers 618 à 702 : Rencontre avec Tybert
Commentaire de texte : Le roman de Renart vers 618 à 702 : Rencontre avec Tybert. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Anko Chan • 2 Mars 2023 • Commentaire de texte • 2 466 Mots (10 Pages) • 262 Vues
Introduction :
L’extrait dont je vais vous parler aujourd’hui se trouve dans le tronc primitif, c’est donc une des premières branches qui a été écrites. Dans notre édition elle est notée comme la 5, avec comme titre « Comment Renart s’empara de Chantecler le coq ». En effet, dans cette histoire on suit Renart qui monte toute une ruse pour attraper et déguster le coq, mais il n’y arrive finalement pas, car ce dernier arrive à s’échapper en jouant avec l’égo de Renart et donc en jouant sur son terrain : la ruse. Plus loin ce dernier fait la rencontre de Tybert le chat, qu’il essayera également de piéger mais dont la ruse se retournera contre lui. Mon extrait se situe après sa libération du piège du Tybert dans lequel il est tombé, et nous conte la deuxième rencontre avec celui-ci, pages 198 à 202 des vers 618 à 702.
J’ai découpé cet extrait en 4 parties différentes, tout d’abord des vers 618 à 632 où on trouve un Renart plutôt dans la peau de l’animal qu’il est. Puis des vers 633 à 662, où le goupil, notamment par la parole prend plus d’ampleur tandis que son interlocuteur reste sous forme animale. Vient ensuite une partie où Renart fait un discours sur les traîtres, plutôt moralisateur, des vers 663 à 687. Et enfin jusqu’au vers 702, le goupil revient sur les événements récents que Tybert et lui ont vécu, soit le piège où il a été jeté. Nous verrons ainsi, comment cet extrait nous montre la nouvelle prochaine défaite de Renart.
Mouvement 1 :
Ce premier mouvement commence avec l’idée d’un avancement de Renart, en effet on trouve « son sentier », ainsi évidement que le verbe « aloit » qui est répété deux fois de suite, « aventure le mainne » pourrait nous laisser penser à quelque chose d’extraordinaire, une aventure est souvent synonyme d’une bonne fin, on pourrait donc penser qu’il va de l’avant et se remet de sa défaite récente. Pourtant non. «aventure le mainne » est mis en rime avec « painne », soit la souffrance et la grandeur. De plus, en vérité c’est avec « mout grant painne » qu’il rime, soit en rajoutant encore deux autres adjectifs qui appuient une fois de plus sur la grandeur de cette douleur qu’il vient de subir et vers laquelle il semble également se diriger, car la grande aventure rime avec une encore plus grande souffrance. La suite des vers n’arrange pas se que subit Renart. En effet, le vers 621 commence et se termine par « poignant » et « doloit » deux verbes qui nous montre sa souffrance. Ce début nous apparaît donc sous un angle plutôt pathétique pour notre goupil, avec cet enchaînement du lexique lié à la douleur qui ne le montre donc pas sous son meilleur angle. Renart voit alors Tybert au vers 622, qui lui aussi est sujet du verbe « aloit », il avance donc également mais aucune mention d’une grande peine n’y est liée au contraire de Renart. En le voyant il se rappelle d’ailleurs qu’il a perdu contre lui. Le comportement que Renart adoptera dans les vers suivants sera vraiment celui qu’un goupil aurait en présence d’une proie, « col bessié » vers 624 et « pas por pas » nous montre bien l’attitude qu’aurait n'importe quel prédateur, soit la tête baissée, au ras du sol, et avançant à pas lent, dans le but de surprendre sa proie. Or, on a déjà vu dans l’épisode de Chantecler, juste avant, que quand Renart laisse son instinct animal prendre le dessus il n’arrive pas à ses fins, il n’est doué que pour tromper. D’autres éléments nous mettent sur la piste de sa prochaine nouvelle défaite, déjà il est sujet à la crainte de voir sa proie s’échapper, « crient soi que Tybert ne s’en voise » et il est « mout las » vers 628, soit très fatigué, épuisé, mais « las » veut également dire « battu, vaincu » d’après le dictionnaire du Moyen Français. Au vers 632 on retrouve l’animalité de notre cher Renart quand il aperçoit le chat, « tote la char de lecherie ». Dans notre édition il est traduit par « à la vue de Tybert, tout le corps de Renart frémit de convoitise », je suis allée voir plus précisément les définitions de « char » et « lecherie », et d’après le dictionnaire du Moyen Français, le premier peut être retrouvé dans les termes de chasses, « être à la char » (ce qui ici me semble cohérant avec ce que j’ai pu dire auparavant) et quand il est utilisé pour un animal peut également signifier « rendre acharné », le second terme quant à lui renvoie bien à une certaine animalité également, il peut avoir pour sens la gourmandise, la luxure ou la débauche, des termes qui renvoient à des sentiments avec lesquels Renart à l’habitude de jouer pour piéger les autres animaux. Il est donc en parfaite position pour être sujet et non pas maître de la ruse, et donc pour échouer encore une fois.
Mouvement 2 :
Le second mouvement va faire évoluer Renart, il passe d’animal à un personnage un peu plus humain. Les deux vers « Grant talent a de lui vengier, Mes il se voudroit revengier » peuvent traduire ce changement et me semble être le point justement où la bascule commence à se faire. En effet ce n’est plus la vengeance qui le motive, soit un sentiment assez basique qui causerait des souffrances à Tybert pour sa seule satisfaction personnelle, mais la revanche, soit une action par laquelle il reprendrait l'avantage sur ce chat qui a osé le piéger, lui Renart qui est censé être la personnification même de l’idée de ruse. Mais malgré cette évolution tout n’est pas gagné pour lui, en effet dans le vers suivant, le 636, en parlant de Tybert on nous dit « Mes nul semblant ne l’en fera », ce qui nous affirme que ce dernier est sur ses garde et que les ruses habituelles du goupil ne sauraient le tromper, il faut qu’il soit plus que convaincant pour réussir à le piéger. Le vers 638 commence ainsi avec l’adverbe « lors » qui emmène une conséquence, et « raison » à sa fin qui d’après le dictionnaire du Moyen Français, peut vouloir dire le discours, la manière de s’exprimer mais également la faculté d’argumenter, ce dont Renart va faire preuve tout le reste de l’extrait car il prend enfin la parole et ne la relâchera plus. Il engage donc la conversation avec Tybert mais ce dernier est, comme Renart juste avant, plus sous forme animale et qui plus est de proie, et va donc réagir comme tel, en fuyant. Il ne répondra d’ailleurs pas, malgré que la première phrase du goupil soit une question, laissant planer le doute sur sa capacité à parler. Le goupil va donc commencer son monologue de façon simple, tout d’abord avec l’interjection « avoi » au vers 641, puis avec les impératifs « ne fuiez, n’aiez regart » dans le vers suivant, et enfin « arestez vos, parlez a moi ». Avec ses phrases simples, qui pourrait ressembler à des ordres, il cherche donc à apprivoiser l’animal qu’est Tybert, ou tout du moins à gagner son attention avant qu’il ne fuît trop loin, cela est amplifié par l’utilisation des points d’exclamation par 2 fois ici. Il essaye ensuite de le convaincre de sa bonne foi, et l’utilisation de la première personne « ja » « ma » « je » dans les vers 647 et 648 le montre. Mais « mente » et « sente », soit sentier et le verbe mentir sont mis en rime, ce qui pourrait nous montrer que Renart est sur le sentier du mensonge, et qu’il n’est en réalité pas du tout honnête. On peut remarquer que pour l’instant Tybert ne réagit pas du tout, en réalité il ne va réapparaître que quand Renart fait mention de son serment au vers 651-652 en faisant rimer « foi » et « efroi ». A cette mention le chat et son côté animal est de nouveau mis en avant avec « ses ongles aguisant » et « se voudra desfendre » aux vers 655 et 657, on retrouve également « s’apareille », verbe qui n’a pas été utilisé par Renart, ce dernier n’ayant pas réfléchi à sa ruse, étant on l’a vu dans un état plus proche de l’animal auparavant et donc loin de la réflexion. Trouver ce verbe du côté de Tybert peut être un autre indice de la défaite que va subir Renart plus loin. Les vers 661 et 662 nous rappelle l’état dans lequel est Renart « qui de fain baaille », il n’est donc pas en situation de supériorité, et cette rime avec « bataille » (mot très proche de baille par ailleurs, un « t » seulement vient
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