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Les animaux malades de la Peste

Commentaire de texte : Les animaux malades de la Peste. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  1 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  1 353 Mots (6 Pages)  •  496 Vues

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LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE

A travers ce poème écrit en vers irréguliers, le fabuliste Jean de La Fontaine nous convie à la démonstration de la loi naturelle et sociale qu’il a lui-même exposé en ces termes. Celle dont il est ici question en est une nouvelle illustration et propose, dans le même temps, une réflexion sur l'injustice et l’exercice du pouvoir.

En quelle mesure cet extrait met-il en scène une justice corrompue ?

Aussi, nous serons d’abord amenés à analyser de quelle manière le fabuliste instaure d’emblée une atmosphère particulière, puis en quoi il stigmatise une éloquence dévoyée au profit des puissants, et enfin, en quoi ce texte est une charge critique contre le pouvoir arbitraire.

I. un tableau saisissant d’effroi 

1. Une dramatisation progressive

Le poème débute par une évocation de la peste, appelée le « mal » dans un effet de gradation - son origine demeurait en effet encore mystérieuse au 17ème siècle - qui sévit et décime sans distinction les habitants de la forêt. Le jeu des allitérations en - r (« répand », « terreur », « guerre ») souligne l’ampleur et la gravité du fléau. Très tôt, le texte fait allusion au mythe d’Oedipe en postulant que la peste est un châtiment envoyé par les Dieux (« Le Ciel en sa fureur ») en réaction à une souillure dont il convient d’identifier le responsable. Par ailleurs, l’évocation de l’Achéron, fleuve des Enfers dans la mythologie grecque que l’on franchissait en payant une obole au nocher Charon - d’où l’allusion à l’enrichissement - contribue à ancrer davantage la thématique antique de l’offense commise envers les Dieux.

2. Une mort omniprésente

Les conséquences de l’épidémie sont multiples et révèlent une égalité de tous les animaux devant le péril, prédateurs comme proies. Le plaisir de la chère, celui de la chasse et de l’amour s’évanouissent et ôtent alors à l’existence tout attrait (construction négative avec effet de reprise : « Nul mets n’excitait leur envie ; / Ni loups ni Renards n’épiaient »). La mention d’un temps nostalgique où les plus forts mettent à mort et se repaissent d’innocentes victimes (« La douce et innocente proie. ») fait figure ici de présage quant à la mort de l’âne tout en dénonçant un univers où la loi du plus fort prévaut.

II. Une éloquence corrompue

1. Un souverain faussement dévoué

En tant que souverain de la forêt, le Lion tente de résoudre le malheur qui frappe ses sujets (« Le Lion tint conseil »), auxquels il s’adresse en empruntant un ton cérémonieux et plein de gravité, invoquant une punition divine (« céleste courroux ») ainsi que la nécessité d’un sacrifice pour le bien de tous (« guérison commune »), se référant pour cela à l’Histoire et aux précédents qui sont survenus. S’il paraît inviter dans un premier temps ses sujets à faire un examen de conscience par le biais d’une formule hypocoristique (« Mes chers amis ») en montrant lui-même l’exemple et en allant même, dans un élan de magnanimité, jusqu’à se proposer comme victime expiatoire, la seconde partie du vers qui introduit une restriction (« mais je pense ») atténue la générosité initiale du geste et dévoile la subtilité et la rouerie du monarque qui sait pouvoir compter sur ses courtisans zélés pour le soustraire à une mort à laquelle il n’aspire pas.

 De surcroît, il atténue habilement la gravité de ses actes ainsi que sa responsabilité directe par l’emploi de la tournure impersonnelle (« il m’est arrivé ») et par l’adverbe «quelquefois » qui  tendrait à souligner le caractère exceptionnel de la chose.

2. Des  courtisans adroits et serviles 

Incarnation de la ruse et de la flatterie, le renard, contre toute attente, ne répond pas réellement à l’injonction du roi puisque son propos consiste non pas à admettre ses propres torts mais à détourner habilement le sujet pour minimiser les crimes perpétrés par le lion.  En s’exprimant, le Renard fait ici figure d’avocat du souverain, louant ses vertus jusqu’à l’excès (« trop ») et tempérant ses égarements (gradation descendante et lexique péjoratif : « moutons, canaille, sotte espèce ») avec désinvolture. Son adresse repose essentiellement sur sa capacité à faire passer, dans une construction antithétique, les incartades de son roi (« péché ») pour des marques d’attention auxquelles ses victimes n’auraient jamais dû prétendre (« beaucoup d’honneur »). Le courtisan insiste notamment, pour mettre hors de cause le Lion, sur le caractère bénin de sa voracité (« non » redoublé), se gardant bien d’évoquer la sienne. Il prononce en somme les paroles attendues par le Lion et à ce titre, il se révèle être un courtisan habile, familier des stratégies de séduction et ses pairs ne sont d’ailleurs pas dupes, s’empressant d’ « applaudir » afin de se ménager les faveurs royales. Un consensus s’établit ainsi tacitement entre les grands prédateurs (« puissances ») afin de ne pas trop se charger en matière de fautes (construction antithétique : « moins pardonnables offenses » qui fait écho à « petits saints »).

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