Manon lescault, Abbé Prévost, En quoi cette rencontre amoureuse est-elle faussée ?
Cours : Manon lescault, Abbé Prévost, En quoi cette rencontre amoureuse est-elle faussée ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Jeanai Dehugo • 3 Janvier 2018 • Cours • 2 838 Mots (12 Pages) • 1 714 Vues
Séquence 1, séance 8 Fiche bilan : étude d’un extrait de Manon Lescaut de L’Abbé Prévost
Lecture analytique
Problématiques : En quoi cette rencontre amoureuse est-elle faussée ?
En quoi cette passion est-elle fatale ? Comment la fatalité détermine-t-elle le comportement des personnages ?
Quel est l’intérêt de faire raconter rétrospectivement cette passion malheureuse par Des Grieux lui-même ? En quoi la découverte de l’amour par Des Grieux déclenche-t-elle l’histoire ?
Objectifs : Découvrir le récit rétrospectif à la première personne ; étudier une rencontre amoureuse faussée, une passion fatale ; découvrir comment une rencontre passionnelle peut changer un homme.
I Biographie de L’Abbé Prévost et présentation de Manon Lescaut 1°) Biographie de L’Abbé Prévost - Antoine François Prévost (1697-1763). - Naissance dans une famille aisée de la noblesse de robe. Il reçoit une éducation soignée. - Ordonné prêtre en 1726, il mène une vie mouvementée, partagée entre la discipline religieuse (plusieurs séjours chez les jésuites) et le goût de l’aventure (il s’est engagé plusieurs fois dans l’armée). - Il fait des voyages à plusieurs reprises en Europe (Hollande et Londres). - Homme de Lettres : il fut traducteur de romans anglais, journaliste, romancier. 2°) Présentation de Manon Lescaut - Vrai titre du roman : La Véritable histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (1761). - Il fait partie du tome VII du long roman intitulé Les Mémoires et aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. Ce sont des Mémoires fictives. - Le roman peint la force des passions : le personnage de Des Grieux est soumis à l’amour de Manon et peu à peu entraîné vers la déchéance. - Le roman est condamné en 1733 et en 1735. - L’extrait proposé en classe constitue une rencontre amoureuse. Le lecteur peut déjà imaginer la destinée des deux personnages. - Le hasard d’un événement (la promenade de Des Grieux et de son ami Tiberge qui attendent leur départ fixé au lendemain) met en présence Des Grieux et Manon qui débarque du coche d’Arras. - C’est le coup de foudre immédiat. | II Un récit dans le récit ou une confession rétrospective (= un retour en arrière) à la 1ère personne -L’Homme de qualité, Senoncour, est un marquis qui a voyagé et connu bien des aventures. Il rencontre une première fois Des Grieux à Pacy sur Eure au moment où le chevalier accompagne Manon qui doit être déportée. Il devient le confident de Des Grieux et le narrateur premier. Mais c’est deux ans après, à Calais, que Des Grieux lui raconte son histoire. Des Grieux s’est alors retiré chez un parent au retour de son voyage dans le Nouveau Monde (l’Amérique) après la mort de Manon, neuf mois auparavant. - C’est le début du récit de Des Grieux qui constitue notre extrait. Le chevalier Des Grieux, jeune homme de bonne famille destiné à devenir prêtre, fait un retour en arrière : il raconte au narrateur principal dans quelles circonstances il a rencontré Manon Lescaut, une courtisane, et la passion malheureuse qui les a unis. - Originalité du récit : Des Grieux raconte des événements qui remontent à trois ans en arrière. Les deux héros sont jeunes : Des Grieux a 17 ans lorsqu’il rencontre Manon et Manon a 15 ans. - Décalage temporel dans la narration qui superpose deux époques : celle des faits rapportés (la rencontre entre Des Grieux et Manon) et celle (trois ans plus tard) où le jeune chevalier raconte sa rencontre. - La première époque (le moment de la rencontre) est évoquée par une alternance de récit (l.6-7 par exemple) et de discours rapporté au style indirect (l.25-28 par exemple). La seconde époque ajoute au récit les commentaires du héros : il analyse avec ironie son comportement et ses sentiments d’alors. - Le récit comprend des commentaires après-coup de Des Grieux qui commente son état d’esprit lors de la rencontre > son innocence (l. 15-17), sa timidité (l.17-18, 19-20) = ce sont des preuves de la maturité du héros qui analyse les raisons de cet amour brutal. - Autres procédés : la remarque de la ligne 34-36 concernant Manon faite après-coup ne peut être le fait d’un jeune homme de 17 ans qui ignore alors tout de la vie + emploi du modalisateur « sans doute » (l.34) = une supposition faite après la rencontre. - Des Grieux, narrateur, fait aussi des réflexions > ils annoncent le caractère malheureux de cette soudaine passion (l. 35-36, 44) + Des Grieux livre au présent son incompréhension encore actuelle devant son comportement (l.52-53) + remarque sur Manon (l.57-58) est celle du narrateur d’aujourd’hui et non du naïf dont il pointe une nouvelle fois le manque d’expérience (l. 63). | III Un coup de foudre - Des Grieux et Tiberge insistent sur le hasard qui permet la rencontre avec Manon > insistance sur la « curiosité » (l.9) avec la négation restrictive « ne…que ». - Récit établit avec précision les circonstances de la rencontre > la date (« la veille même», l.4-5), les lieux, une cour d’auberge (« hostellerie », l.7), les faits (l’arrivée du « coche d’Arras » (l.6-7), le mobile de la rencontre (« la curiosité », l. 9) = thèmes du roman picaresque. - Une rencontre soudaine et romanesque mise en valeur par la structure du récit > situation initiale = promenade de Des Grieux et Tiberge ; élément modificateur = les passés simples « vîmes », « suivîmes » qui marquent l’arrivée du coche ; la déception du lecteur qui s’attend à un événement clé qui n’arrive pas = « Il en sortit quelques femmes » (l.10-11) ; caractère brusque et exceptionnel de la rencontre = conjonction de coordination « mais » (l.10) ; le personnage de Manon Lescaut se détache de la scène = parallélisme de construction « il en sortit » (l.9), « il en resta une » (l.10) + elle se distingue des autres = déterminant numéral cardinal « une » (l.10), adverbe d’intensité « fort » (l.10), adjectif qualificatif « jeune » (l.11) = personnage de Manon mis en relief. - Scène de rencontre racontée en point de vue interne > verbes d’impression « parut » (l.14), « sans paraître embarrassée » (l.24) = lecteur partage les sentiments de Des Grieux. - Pas de portrait physique de Manon > « une fille » (l.16), « moins âgée » (l.23), « plus expérimentée » (l.33) + emploi de l’intensif « si » dans l’hyperbole « si charmante » (l.14-15) = emploi du mot « charmante » a deux sens : jolie ou ensorceleuse. Présence des mots « charmant » (l.45) = elle envoûte Des Grieux qui est une sorte de victime. - Des Grieux perd ses certitudes > anaphore du verbe paraître : « paraissait », l.11, « parut », l.14, « sans paraître », l.24 + apparition de Manon = un changement dans l’existence de Des Grieux > pronom personnel « moi » en incise (l.15) qui le souligne + emploi du conditionnel passé « j’aurais porté » (l.3) qui a une valeur d’irréel du passé = la rencontre avec Manon modifie complètement la vie de Des Grieux. Cet événement partage sa vie en deux : avant, une vie conforme à celle choisie par le père, après, une vie attachée à celle de Manon. - Des Grieux est submergé par la passion amoureuse > emploi du champ lexical de la passion et du vocabulaire de la préciosité : « enflammé » (l.18), « transport » (l.19), « maîtresse de mon cœur » (l.22), « l’amour » (l.28), « mon cœur » (l.30), + hyperbole « un coup mortel à mes désirs » (l.31) + mots se rapportant à Manon montre un amour fondé sur la sensualité : « coup mortel », « désirs » (l.31) = tous ces mots montrent Des Grieux sous l’emprise de l’amour, métamorphosé - L’amour s’installe dans le cœur du personnage > emploi du registre lyrique : présence d’une allitération en [m] dans un alexandrin au rythme ternaire : « je m’avançai/vers la maîtres/se de mon cœur » (l. (l.21-22) = l’amour de Des Grieux est un amour passionnel. - Il n’est plus maître de lui-même > utilisation de tournures de sens passif dans lesquelles Des Grieux est complément d’objet : « je me trouvai enflammé » (l.19), « l’amour me rendait déjà si éclairé » (l. 28-29) = Jeune homme subit cet amour, il n’est plus tout à fait responsable de ses actes. - Des Grieux devient le preux chevalier de la dame qu’il jure de servir > « j’emploierais ma vie pour la délivrer de la tyrannie de ses parents » (l.51-52) = amour sacralisé qui rappelle l’amour courtois. |
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