Nathalie Sarraute. Enfance - Mariella Gache
Analyse sectorielle : Nathalie Sarraute. Enfance - Mariella Gache. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar gachem • 7 Mai 2016 • Analyse sectorielle • 819 Mots (4 Pages) • 1 856 Vues
Nathalie Sarraute, Enfance
« Nein, das tust du nicht » ... « Non, tu ne feras pas ça » … C’est par ces mots que l’extrait, tiré de l’autobiographie Enfance de Nathalie Sarraute, nous est introduit. Nathalie Sarraute relate ses souvenirs d’enfance qu’elle raconte à une personne externe à l’histoire L.26. Dans son récit apparaissent son père L.35 et sa gouvernante, celle-ci tend à lui apprendre l’allemand pendant son séjour en Suisse L.16. Un jeu se crée avec le lecteur dû à la narration duelle qu’emploie Sarraute pour retracer ses souvenirs. La première voix narrative est celle de l’auteur, de la femme, qui se remémore ses souvenirs L.2. La deuxième voix employée est celle de Nathalie Sarraute enfant, c’est elle qui anime la scène à travers le discours L.17. Malgré cette double énonciation la distinction entre les deux voix narratives n’est pas toujours très nette. Le travail de remémoration que fait Sarraute apporte en effet un nouvel angle au lecteur, car la narration de l’enfant se mélange avec les perceptions de Nathalie Sarraute âgée, ce qui donne une profondeur particulière au texte. Qu’amène cette particularité narrative au lecteur et que laisse t’elle entrevoir du texte ? Pour répondre à la question nous analyserons la superposition des niveaux d’énonciations.
La phrase introductive surprend le lecteur par l’utilisation des deux langues, allemand et français, par la violence des mots employés et par la décontextualisation. En poursuivant le lecteur découvre que la voix du début est celle de la gouvernante. C’est un dialogue entre elle et Nathalie Sarraute enfant qui est divisé en trois temps L.1, L.9 et L.28. Ce dialogue est constitué de trois phrases en allemand, chacune étant traduite en français. Ce sont des phrases courtes qui se répètent aux lignes L.10,25,41,45,46,55,59,63,64 et 65. Il y a un mécanisme à deux volets qui se met en place, d’une part la répétition des phrases et d’autre part la traduction effectuée par le narrateur. Les deux voix narratives se juxtaposent sans transition L.17, les frontières des deux voix deviennent floues et par conséquence le lecteur a du mal à se situer dans l’espace spatio-temporel. On y trouve également une métaphore entre la désobéissance de l’enfant envers les règles que lui impose sa gouvernante et la volonté de l’écrivain Nathalie Sarraute à transgresser le style habituel de l’écriture autobiographique L.59 à 61. L’allitération du s de « zerreissen » est accentué par les traductions nuancées du mot, par la progression fulgurante du langage, une accélération dans l’action. Les mots tels que « je vais déchirer, saccager, détruire … », « je vais m’en arracher, tomber, choir dans l’inhabité, dans le vide... » illustrent ce mécanisme que Nathalie Sarraute décrit comme tropisme. C’est à dire des sentiments intenses et brefs qui ne s’expliquent pas toujours.[1]
Dans les premiers paragraphes le lecteur est ramené au présent du récit par le temps au passé, il entre dans la mémoire de Nathalie Sarraute. Les pensées de la narratrice âgée précèdent les dialogues, on les retrouve aux lignes L. 2 à 7 et dans le deuxième paragraphe aux lignes L.11 à 17. Des indicateurs déictiques tels que « à ce moment » L.3 et « il y a si longtemps » L.3 permettent au lecteur de se repérer dans le temps par rapport au narrateur. Une première transgression des deux mondes a lieu aux lignes 6 et 7. Le texte passe du récit au discours, marqué par le présent de l’indicatif. Une ambigüité se crée, le lecteur est soudainement propulsé dans le monde de l’enfance, accentué par le discours direct qui précède et qui clôt le premier paragraphe.
...