Question de corpus scènes d'exposition Tartuffe, Dom Juan, Le Mariage de Figaro

Le corpus proposé à notre étude comporte trois textes tous extraits des actes I scène 1 qui sont donc des scènes d’exposition, le premier est un extrait de Tartuffe écrit par Molière en 1664, le second est tiré du Dom Juan écrit par le même dramaturge en 1665, et pour finir le troisième est extrait du Mariage de Figaro de Beaumarchais joué pour la première fois en 1784. Nous nous demanderons à quels critères communs ces trois scènes d’exposition obéissent-elles. Et pour ce faire, nous nous pencherons sur les tonalités de ces textes, puis sur le rôle du personnage absent.

Tout d’abord, intéressons-nous aux tonalités de ces trois textes : les trois sont comiques mais reposent en même temps sur un conflit. En effet, les trois sont des comédies, le comique chez Beaumarchais est dû aux gestes de Figaro, aux onomatopées tels que « crac » « zeste », et aux répétitions. Dans la pièce Tartuffe, le comique réside dans le décalage entre l’attitude de dignité offensée de Madame Pernelle et son discours vulgaire et emporté. Nous remarquons qu’elle dit qu’elle est « contrariée » et que les autres « ne respect(ent) rien » mais elle affirme aussi que Dorine est « trop forte en gueule » et que c’est comme « la cour du roi Pétaut » dans la maison, son comportement en devient donc comique. Dans la tirade de Sganarelle, ce dernier utilise du vocabulaire faussement savant en utilisant des formules telles qu’« inter nos » ou en faisant référence à Epicure alors qu’il n’a pas de culture, il fait aussi une énumération dans laquelle il mélange ce qui est de l’ordre du religieux tels que le « Ciel » et l’ « Enfer » avec ce qui est de l’ordre de la croyance populaire comme les « loups-garous », ces confusions trahissent sont manque certain de références culturelles. De plus, les stichomythies présentes aussi bien chez Beaumarchais que dans Tartuffe donnent un rythme soutenu aux scènes. Chez Molière, ces stichomythies sont dues au fait que Madame Pernelle coupe sans arrêt la parole aux autres personnages ce qui a aussi pour but de faire rire les spectateurs. Ces scènes d’exposition appartiennent donc bien à des comédies.

Cependant, elles amorcent toutes un conflit et évoquent la crainte de certains des personnages. En effet, nous pouvons directement constater que chez Beaumarchais il y aura la formation de deux groupes, ceux qui s’opposent au Comte et ceux qui sont avec lui, c’est-à-dire Bazile. Et de la même manière, dans Tartuffe, il y aura ceux pour et ceux contre Tartuffe. Ces conflits se basent sur un désaccord au sujet d’un personnage. De plus, dans les trois extraits, un des personnages évoqués suscitent la crainte d’un ou plusieurs personnages, ainsi Sganarelle craint Dom Juan, il dit que si ce dernier apprenait ce qu’il vient de dire « (il) dirai(t) hautement que (Gusman) aurai(t) menti ». Dans Le Mariage de Figaro, Suzanne et Figaro sont soumis à l’autorité de leurs maîtres respectifs et Figaro craint le sien. Et pour finir, dans Tartuffe nous pouvons clairement constater que Madame Pernelle exerce de l’autorité sur les autres personnages et ils la craignent. Les trois extraits donnent donc la tonalité des pièces dont ils sont tirés et amorcent la suite.

Voyons maintenant le rôle du personnage absent dans les trois extraits, en effet, dans chaque texte un personnage est évoqué mais n’est pas présent. Tout d’abord, cette absence a pour but de susciter de la curiosité chez les spectateurs et de les captiver dès le début de la pièce. Ce procédé crée un effet d’attente qui est renforcé par le début in media res présent lui aussi dans les trois textes. De plus, ce type de début permet de ne pas tout dévoiler dès le début aux spectateurs et de les faire comprendre au fur et à mesure l’action qui est en train de se dérouler