Rabelais
Compte Rendu : Rabelais. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresype d’homme nouveau, cultive et libre : « Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes ». (III, 6)
L’auteur de Gargantua veut développer les deux aspects de la nature humaine : le corps et l’esprit. Pour former l’homme, il faut alterner le loisir actif avec l’étude. L’enfant ne doit pas être isolé de la vie ; au contraire, il s’y mêle étroitement. Pour Rabelais il n’y a pas de contradictions entre l’intérieur et l’extérieur, entre la théorie et la pratique, entre la sensation concrète et la connaissance abstraite, entre l’univers sensible et celui intelligible. L’homme doit être un « abîme de science », car le progrès de l’esprit humain suppose un énorme effort de la mémoire, une accumulation de connaissances.
Le thème de la création verbale
Rabelais utilise toutes les ressources du langage et invente des termes surprenants ; il emploie des termes populaires, scientifiques, provinciaux, des néologismes du latin et du grec.
Parfois, l’écrivain compose des passages grotesques et obscènes, qui choquent les esprits plus sensibles ; cela s’explique, d’une part, par le fait qu’à l’époque le goût pour le comique du public était différent et, d’autre part, par l’idée que toutes les manifestations de la vie sont naturelles.
Pour traduire exactement les noms des géants qui peuplent ses livres, il faut dire qu’il représentent toutes les catégories sociales : Gargantua et Grangousier ont les gorges assoiffées, mais la boisson et la nourriture ne sont que les symboles amusants de la science. Leurs dimensions leur permettent d’accumuler énormément de choses. Épistemon est le sage, Xénomane est celui qui adore l’étranger, les Papefigues sont les protestants, qui se moquent du pape, les Papimanes sont les catholiques. Les toponymes renvoient eux aussi à des sens très précis : Thélème, c’est la « volonté libre », tandis que Médamothi (la première escale de Pantagruel, à la recherche de la Dive Bouteille) – signifie « nulle part ».
Pantagruel, nom dont l’étymologie fantaisiste proposée par Rabelais veut nous conduire vers la signification de tout Altéré, c’est à dire Assoiffé, est un autre exemple de mot savoureux, dont le sens est donné par la matière verbale elle-même.
L’attitude de Rabelais par rapport à la religion
Rabelais n’est pas un chrétien dans le sens de l’Église catholique, mais plutôt un païen, dans les yeux de la Sorbonne. Mais sa sagesse est avant tout un évangélisme, un retour aux sources et à la simplicité de la foi divine et humaine. Nous retrouvons la même foi chez Pantagruel priant devant le combat et promettant de faire prêcher l’Évangile « purement, simplement, entièrement », contre les « constitutions humaines et inventions dépravées d’un tas de papelards et faux prophètes ». Rabelais est cité comme étant à l’origine du thélémisme. Cette philosophie aux accents libertaires se résume à Fay ce que voudras de l’abbaye de Thélème. Le nom même de Thélème – qui signifie « bon vouloir » en grec - est à lui seul tout un programme. Il renferme une affirmation de la volonté personnelle et un cri de révolte contre l’obéissance passive et la docilité. À Thélème, il n’y a pas de mur d’enceinte, il n’y a pas d’horloge. On y entre, on y sort librement, et si l’on y reste, c’est qu’on a de bonnes raisons d’y rester. Les gens qui habitent cette abbaye fictive et utopique ne se soucient pas de l’heure, ne sont pas tributaires du temps et choisissent eux-mêmes le moment où ils vont se lever, manger, ou travailler. La formule « Fais ce que voudras » peut devenir la plus sévère des règles, dès l’instant où un esprit scrupuleux et exigeant pour lui-même s’impose un art de vivre d’autant plus fidèlement respecté qu’aucune force extérieure ou surnaturelle ne le lui a dicté. Il faut donc voir dans les règles morales que les thélémites s’imposent librement eux-mêmes, une profession de foi humaniste et la solennelle proclamation de l’idéal humain de la Renaissance.
Groupement de textes à observer et à analyser
« Amis lecteurs qui ce livre lisez,
Despouillez vous de toute affection,
Et le lisant ne vous scandalisez.
Il ne contient mal ne infection.
Vray est qu’icy peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire.
Aultre argument ne peut mon cueur elire.
Voyant le dueil, qui vous mine et consomme,
Mieulx est de ris que de larmes escrire,
Pour ce que rire est le propre de l’homme. » (Rabelais, Gargantua)
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Gargantua, depuis les trois jusques à cinq ans fut nourri et institué en toute discipline convenante, par le commandement de son père, et celui temps passa comme les petits enfants du pays : c'est à savoir à boire, manger et dormir; à manger, dormir et boire; à dormir, boire et manger.
Toujours se vautrait par les fanges, se mascarait le nez, se chaffourait le visage, aculait ses souliers, baillait souvent aux, mouches et courait volontiers après les parpaillons, desquels son père tenait l'empire. Il pissait sur ses souliers, il chiait en sa chemise, il se mouchait à ses manches, il morvait dedans sa soupe, et patrouillait par tous lieux, et buvait en sa pantoufle, et se frottait ordinairement le ventre d'un panier. Ses dents aiguisait d'un sabot ses mains lavait de potage se peignait d'un gobelet s'asseyait entre deux selles le cul à terre, se couvrait de sac mouillé, buvait en mangeant sa soupe, mangeait sa fouace sans pain, mordait en riant, riait en mordant, souvent crachait on bassin, pétait de graisse, pissait contre le soleil, se cachait en l'eau pour la pluie, battait à froid, songeait creux, faisait le sucré, écorchait_le_renard, disait la patenôtre du singe, retournait à ses moutons, tournait les truies au foin. battait le chien devant le lion, mettait la charrette devant les boeufs, se grattait où ne lui démangeait point, tirait les vers du nez, trop embrassait et peu étreignait, mangeait son pain blanc le premier, ferrait les cigales, se chatouillait pour se faire rire, ruait très bien en cuisine, faisait gerbe de feurre aux dieux, faisait chanter Magnificat à matines et le trouvait bien à propos, mangeait choux et chiait poireé connaissait mouches en lait, faisait perdre les pieds aux mouches. [...] de cheval donné toujours regardait en la gueule_sautait du_coq à 1'ane, mettait entre deux vertes une mure, faisait de la terre le fossé, gardait la lune des loups, si les nues tombaient espérait prendres les alouettes toutes rôties, faisait de nécessité vertu, faisait de tel pain soupe, se souciait aussi peu des rais comme des tondus, tous les matins écorchait le renard. Les petits chiens de son père mangeaient en son écuelle; lui de même mangeait avec eux. II leur mordait les oreilles, ils lui grafinaient le nez; il leur soufflait au cul; ils lui léchaient les badigoinces.
Et savez quoi, hillots? Que mau de pipe vous bire ce petit gaillard toujours tatonnait ses gouvernantes c'en dessus dessous, s'en devant derrière, harri bourriquet, et déjà commençait exercer sa braguette... (François Rabelais, Gargantua, chap. XI, 1534)
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Très cher fils,
[…] Maintenant toutes disciplines sont restituées, les langues instaurées : grecque, sans laquelle c'est honte qu'une personne se dise savante, hébraïque, chaldaïque, latine; les impressions tant élégantes et correctes en usance, qui ont eté inventées de mon âge par inspiration divine, comme à contrefil l'artillerie par suggestion diabolique. Tout le monde est plein de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies très amples, et m'est avis que, ni au temps de Platon, ni de Cicéron, ni de Papinian, n'était telle commodité d'étude qu'on y voit maintenant, et ne se faudra plus dorénavant trouver en place ni en compagnie, qui ne sera bien expolie en l'officine de Minerve. Je vois les brigands, les bourreaux, les aventuriers, les palefreniers de maintenant, plus doctes que les docteurs et prêcheurs de mon temps. Que dirai-je? Les femmes et les filles ont aspiré à cette louange et manne céleste de bonne doctrine. Tant y a qu'en l'âge où je suis, j'ai été contraint d'apprendre les lettres grecques, lesquelles je n'avais contemnées comme Caton, mais je n'avais eu loisir de comprendre en mon jeune âge; et volontiers me délecte à lire les Moraux de Plutarque, les beaux Dialogues de Platon, les Monuments de Pausanias et Antiquités de Athéneus, attendant l'heure qu'il plaira à Dieu, mon Créateur, m'appeler et commander issir de cette terre.
Par quoi, mon fils, je t'admoneste qu'emploies ta jeunesse à bien profiter en études et en vertus. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Epistémon, dont l'un par vives et vocales instructions, l'autre par louables exemples, te peut endoctriner.
J'entends et veux que tu aprennes les langues parfaitement. Premièrement la grecque comme le veut Quintilien,
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