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Sarah la Louchette, Baudelaire

Commentaire de texte : Sarah la Louchette, Baudelaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  21 Août 2017  •  Commentaire de texte  •  1 342 Mots (6 Pages)  •  4 625 Vues

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" Sarah La Louchette "

« Sarah la louchette » est le titre donné habituellement au poème mais Baudelaire ne lui en avait pas attribué. Il ne fait pas partie des Fleurs du mal mais des Poésies diverses : première publication en 1875.

Baudelaire aurait rencontré Sarah avant 1841.

I/ UN PORTRAIT DEVALORISANT

  1. La maîtresse du poète est laide :

Les strophes 2, 3, 4 et 5 soulignent chacune un aspect de cette laideur : les cheveux, les yeux, les seins, la saleté.

  • Elle a été belle mais cette beauté appartient au passé, c’est une jeune femme abîmée : passé composé « Tous ses beaux cheveux ont fui sa blanche nuque » v.10. La métaphore de la fuite impliquant la rapidité ainsi que l’adverbe « déjà » au vers 17 révèlent que cette femme s’est fanée prématurément. Le rejet au vers 18 met en évidence la dégradation de sa beauté, sa poitrine n’est plus ferme, la comparaison est dévalorisante : « la gorge déjà basse/ Pend de chaque côté comme une calebasse ». Le poète souligne le contraste entre la jeunesse de cette femme et son corps avachi : « Elle n’a que vingt ans ».
  • Elle n’a plus de cheveux : v.9-10 « elle porte perruque », la comparaison suscite le dégoût du lecteur : v. 12 « son front plus pelé qu’un lépreux »
  • Même son regard n’est pas attirant v. 13 « Elle louche », il est marqué par la fatigue v.16 adjectifs péjoratifs « œil […] cerné » ou v.27 « la tête et l’œil bas » = elle n’a pas fière allure car elle a honte d’elle-même. L'œil « juif» peut enfin être interprété comme un signe de son strabisme, l'adjectif juif étant ici associé à l'errance.

  1. C’est une prostituée, une paria :

  • Evocation de la prostitution : v.1 litote « Je n’ai pas pour maîtresse une lionne illustre » ; allusion plus directe v.32 « relever ses jupons en l’air ». Périphrases dévalorisantes pour évoquer sa profession : « cette infâme » v.6, « la gueuse de mon âme » v.2, « cette pauvre impure » v.30, v.33 « cette bohème-là ». l’expression « traînant dans les ruisseaux » est à comprendre au sens propre et au sens figuré.  C’est une fille de peu de vertu.
  • Elle a une allure vulgaire : v.30 elle a le « visage fardé », v.9 « elle porte perruque », v.25 elle est « bizarrement parée ». Elle attire donc le mépris de ceux qui la regardent, elle est considérée comme une paria. V.3 « invisible au regard de l’univers moqueur ».
  • Elle est sale : phrase négative « elle [n’a] pas souvent même une obole/ Pour se frotter la chair et s’oindre l’épaule »

II/ UN PORTRAIT PARADOXALEMENT MELIORIATIF ;

  1. La compassion du poète :

  • Cette femme a honte de son état, ce n’est pas par vice qu’elle vend ses charmes, mais par nécessité :  v.5 complément circonstanciel de but « Pour avoir des souliers elle a vendu son âme ». L’allégorie de la Famine aux v.31-32 montre bien qu’elle est acculée, elle n’a d’autre moyen de subsister, l’adjectif « contrainte » est mis en valeur au début du v.32. Cette femme a conscience de sa déchéance les participes présents décrivent une démarchent honteuse, elle veut se dérober au regard des autres « se faufilant » v.26, « traînant » v.28. La comparaison avec l’oiseau « blessé » suscite même de la pitié.  Les mots à la rimes suggèrent tous son dénuement aux v.26-27 et 28 « égarée », « blessé », « déchaussé ».
  • Volonté d’atténuer le scandale de sa profession : euphémisme « elle a vendu son âme » v.5.
  1. La reconnaissance du poète et l’amour :

 

  • Le dernier quatrain constitue une sorte de chute dans laquelle le poète exprime un amour fou à l’égard de cette femme : phrase emphatique, accumulation de termes mélioratifs, d’hyperboles qui expriment sa tendresse et son admiration envers elle  « c’est mon tout, ma richesse, / Ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse » v.33-34
  • le poète porte un regard bienveillant sur cette femme car il se sent proche d’elle. Lui-même se décrit comme une sorte de prostituée.  V.8 « Moi qui vends ma pensée et qui veux être auteur », le polyptote tend à rapprocher la femme du poète « a vendu » v.5 / « vends » v.8. Il veut montrer que tous deux pour gagner leur vie sont obligés d’offrir ce qu’ils ont de plus précieux et personnel aux gens. Il se compare à Marie Madeleine v.24. La femme et le poète sont donc tous deux des parias méprisés par la société, méconnus ou moqués (le « pigeon blessé » annonce « L’Albatros »).
  • Il la décrit parfois comme une figure maternelle : il se compare à un « nouveau né » v.20, on trouve le champ lexical de la maternité : « nouveau-né », « tête », « a bercé », « giron ». Le vers final souligne une qualité ultime, bien des clichés sur la prostitution : elle a « réchauffé » son « cœur » - et pas seulement son corps – elle lui a apporté la chaleur humaine, la tendresse, le réconfort dont il avait besoin.

III/ LE REGARD DU POETE CAPABLE DE PORTER UN AUTRE REGARD SUR LA LAIDEUR.

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