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Soleils Couchants

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“Aux nymphes de Vaux”

(1661)

Élégie

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La Fontaine resta fidèle au surintendant des finances Fouquet au-delà de sa chute, ce que Louis XIV ne lui pardonna jamais tandis que le poète fut un opposant discret à l’absolutisme. Accueilli dès lors par la duchesse d’Orléans (1664-1672), il publia :

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“Contes et nouvelles”

(1665)

Commentaire

Dans ces récits licencieux et satiriques en vers irréguliers, La Fontaine imitait l’Arioste, l’Arétin et Boccace, renouait avec l’esprit des fabliaux ou des récits rabelaisiens, raillait avec gaieté l’inconstance des femmes, l’inutilité de la jalousie et contait les ruses triomphantes de l’amour.

Ils furent publiés en cinq livres et connurent un succès éclatant.

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“Comment l'esprit vient aux filles”

Poème de 134 vers

Il est un jeu qui donne de l'esprit aux filles. Or, Lise n'en ayant pas, on l'envoie auprès du père Bonaventure qui lui fait l'amour plusieurs fois. Cela lui inspire le songe et le mensonge. Elle se confie cependant à Nanette qui lui apprend qu'elle a acquis de l'esprit auprès de son frère qui, pour Lise, n'en a pas : «Vivent les sots pour donner de l'esprit».

Commentaire

Le poème parut aussi dans “Les trente meilleures nouvelles de la littérature française”.

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“Fables”

Pour plus de commodité, les fables commentées sont classées par ordre alphabétique

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“Les animaux malades de la peste”

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La peste (puisqu’il faut l'appeler par son nom),

Capable d’enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

À chercher le soutien d'une mourante vie ;

Nul mets n'excitait leur envie ;

Ni loups ni renards n'épiaient

La douce et l'innocente proie ;

Les tourterelles se fuyaient :

Plus d’amour, partant plus de joie.

Le Lion tint conseil et dit : « Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune.

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements.

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait? Nulle offense ;

Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le berger.

Je me dévouerai donc, s’il le faut : mais je pense

Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :

Car on doit souhaiter, selon toute justice,

Que le plus coupable périsse.

- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse.

Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,

En les croquant, beaucoup d’honneur ;

Et quant au berger, l’on peut dire

Qu’il était digne de tous maux,

Étant de ces gens-là qui, sur les animaux,

Se font un chimérique empire.»

Ainsi dit le Renard et flatteurs d’applaudir.

On n’osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,

Les moins pardonnables offenses.

Tous gens querelleurs, jusqu’aux plus simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L’Âne vint à son tour et dit : «J’ai souvenance

Qu’en un pré de moines passant

La faim, l’occasion, l’herbe tendre et, je pense,

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n’en avais nul droit puisqu’il faut parler net.»

À ces mots, on cria haro sur le Baudet.

Un Loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue

Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !

Rien que la mort n’était capable

D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Commentaire

Pour traiter les thèmes de la culpabilité et de la justice qui concernent l'être humain de tous les temps et qui sont incompatibles avec le monde animal, La Fontaine, s’il conserve encore cette apparence, a en fait, comme Molière et La Bruyère, observé la société de son temps qui était fortement organisée selon une hiérarchie.

La fable illustre le fonctionnement de cette société en faisant intervenir des animaux qui ont une signification symbolique très nette. Le lion, le roi des animaux, représente le roi. Il est orgueilleux de son autorité quasi divine, exerce majestueusement son «métier», aime étaler sa puissance dans de pompeuses cérémonies, méprise ses sujets qui redoutent sa colère terrible et sa cruauté impulsive, se conduit en despote, abuse de sa force au service de ses appétits.

Il est entouré d’une cour où les principaux courtisans sont le renard et le loup et que La Fontaine présente, avant La Bruyère, comme un pays de parasites «machinateurs d'impostures», où règnent la servilité et l'hypocrisie, où les rivalités entraînent des dénonciations, des calomnies, des vengeances implacables.

On assiste à un grand conseil politique dont dépend le sort du royaume dans une circonstance grave. C'est l'heure où les âmes se dévoilent. Le roi «fait un beau discours sur le bien public mais ne songe qu'au sien» (Taine). Cynisme ou naïveté? il adopte une noble attitude, mais il sait qu'il ne risque rien. Les courtisans trouvent mille arguments juridiques en sa faveur et s'entendent comme larrons pour accabler le pauvre hère sans défense qu’est l’âne. C'est la loi générale du monde : la raison du plus fort.

C'est bien des humains qu'il s'agit, et pourtant la fiction animale reste présente à nos esprits, tant le choix des personnages s'accorde avec le rôle et le langage

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