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Stendhal, La Chartreuse de Parme (commentaire).

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Par   •  9 Mai 2016  •  Commentaire de texte  •  1 229 Mots (5 Pages)  •  6 830 Vues

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Stendhal, La Chartreuse de Parme

Stendhal, La Chartreuse de Parme, partie II, chapitre 18, extrait

1839

La Chartreuse de Parme raconte l'itinéraire d'un jeune aristocrate italien, Fabrice Del Dongo. Victime d'une vengeance, le personnage est emprisonné dans la citadelle de Parme. Le gouverneur de cette forteresse est le général Fabio Conti, que Fabrice avait croisé avec sa fille Clélia sept années plus tôt. Fabrice vient de revoir la jeune fille.

Il courut aux fenêtres ; la vue qu'on avait de ces fenêtres grillées était sublime : un seul petit coin de l'horizon était caché, vers le nord-ouest, par le toit en galerie du joli palais du gouverneur, qui n'avait que deux étages ; le rez-de-chaussée était occupé par les bureaux de l'état-major ; et d'abord les yeux de Fabrice furent attirés vers une des fenêtres du second étage, où se trouvaient, dans de jolies cages, une grande quantité d'oiseaux de toute sorte.

Fabrice s'amusait à les entendre chanter, et à les voir saluer les derniers rayons du crépuscule du soir, tandis que les geôliers1s'agitaient autour de lui. Cette fenêtre de la volière n'était pas à plus de vingt-cinq pieds de l'une des siennes, et se trouvait à cinq ou six pieds en contrebas, de façon qu'il plongeait sur les oiseaux.

Il y avait lune ce jour-là, et au moment où Fabrice entrait dans sa prison, elle se levait majestueusement à l'horizon à droite, au-dessus de la chaîne des Alpes, vers Trévise. Il n'était que huit heures et demie du soir, et à l'autre extrémité de l'horizon, au couchant, un brillant crépuscule rouge orangé dessinait parfaitement les contours du mont Viso et des autres pics des Alpes qui remontent de Nice vers le Mont-Cenis et Turin : sans songer autrement à son malheur, Fabrice fut ému et ravi par ce spectacle sublime. "C'est donc dans ce monde ravissant que vit Clélia Conti ! avec son âme pensive et sérieuse, elle doit jouir de cette vue plus qu'un autre ; on est ici comme dans des montagnes solitaires à cent lieues de Parme." Ce ne fut qu'après avoir passé plus de deux heures à la fenêtre, admirant cet horizon qui parlait à son âme, et souvent aussi arrêtant sa vue sur le joli palais du gouverneur que Fabrice s'écria tout à coup : "Mais ceci est-il une prison ? est-ce là ce que j'ai tant redouté ?" Au lieu d'apercevoir à chaque pas des désagréments et des motifs d'aigreur, notre héros se laissait charmer par les douceurs de la prison.

1 geôliers : gardiens de la prison.

La Chartreuse de Parme est un roman de Stendhal publié en 1839. Le héros, Fabrice, évolue dans un milieu d'intrigues et de complots, et se voit confronter à la réalité. Personnage principal d'un roman d'apprentissage, il tombe amoureux de la belle Clélia.

Dans cet extrait, Fabrice se retrouve emprisonné. Mais, alors que cette situation devrait l'emplir de désespoir, il est paradoxalement heureux en prison, car il a retrouvé Clélia. L'amour qu'il éprouve pour la jeune fille est un enchantement qui lui fait voir le monde différement. Physiquement prisonnier, il est libre d'esprit. Le narrateur pose un regard ironique et bienveillant sur ce jeune homme qui s'éveille à l'amour. Le paysage autour de Fabrice devient le miroir de ses sentiments.

Comment Stendhal parvient-il à placer le lecteur dans la tête de Fabrice, en peignant un paysage qui dit l'amour ?

Dans une première partie nous étudierons la façon dont le regard de Fabrice structure la scène, et dans une seconde partie nous montrerons que la description du paysage est le miroir de l'âme de Fabrice.

I

Le regard de Fabrice

A

La rêverie

• Fabrice est en pleine rêverie.

• Position du personnage propre à la rêverie : il est à la fenêtre, en hauteur : "cette fenêtre de la volière n'était pas à plus de vingt-cinq pieds de l'une des siennes, et se trouvait à cinq ou six pieds en contrebas".

• Vue panoramique sur le paysage : "un seul petit coin de l'horizon était caché". On voit loin, paysage propice à la rêverie.

• Heure du jour : crépuscule. Nombreux indicateurs de temps : "crépuscule du soir", "huit heures et demie du soir", "au couchant", "la lune […] se levait majestueusement", "après avoir passé plus de deux heures".

B

La spontanéité

• Spontanéité du personnage qui traduit sa naïveté et sa jeunesse.

• Le texte s'ouvre avec la phrase : "il courut aux fenêtres". Attitude presque enfantine, idée de liberté qui contraste avec le fait qu'il vient d'entrer dans sa cellule de prison.

• Il regarde partout : "les yeux de Fabrice furent attirés vers une des fenêtres". En faisant de "les yeux" le sujet de la phrase, Stendhal souligne l'idée que Fabrice ne contrôle pas vraiment ses actions, il ne réfléchit pas, il se laisse aller, il est très impulsif.

• Le jeune homme trouve amusant d'écouter les oiseaux : "Fabrice s'amusait". Il est "ému" et "ravi". Sentiments naïfs alors qu'il est en prison.

C

Une évasion

• En se jetant à la

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