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L'Extension De La Littérature

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presque de personnage, sans décor, sans presque rien, que la lente et presqu’ennuyeuse dérive d’un médiocre technicien informatique plongée dans la misère affective la plus complète, et une misère sexuelle encore plus absolue. Ce faisant, il s’agissait d’avantage d’une sorte de peinture sociologique froide que d’un roman, comme le disait lui-même l’auteur. Il s’agissait d’illustrer sous le prétexte d’une vague histoire, comment la misère sociale n’était pas simplement économique ou professionnel. Mais qu’il y avait une terrible inégalité dans la société entre les « beaux » et les « moyens », entre ceux qui avaient un accès libre au « marché du sexe » (l’amour n’étant qu’un vernis pour midinette) et qui en jouissaient sans entrave et « les moyens », les « sans charme » qui n’avaient pas accès librement au marché du sexe et de l’amour, et qui donc n’avaient comme seule option que la pornographie et la masturbation, le soir dans une chambre d’hôtel F1. Une terrible inégalité, pire encore que l’inégalité sociale et économique car elle mettait les « médiocres », les « pas beaux » devant un vide existentiel presqu’insupportable et un ennui sans fond. C’était alors la mort annoncée du roman. Il n’y avait presque plus d’histoire à raconter…

Prémonitoire ? Messianique ? Ou pure spéculation d’un auteur aigri par son propre physique ingrat plongé lui-même dans un ennui et une misanthropie sans borne ? Je ne sais pas vraiment. Mais « L’extension du domaine de la lutte » a incontestablement marqué l’histoire de la littérature française, même si ce fut de façon désagréable…

Depuis il y a eu « Plateforme » qui renouait un peu avec l’art romanesque plus classique, mais tout aussi froid, cynique, et décharné, vide de tout espoir, de toute perspective un tant soit peu lumineuse… Puis, « La possibilité d’une île », un roman que j’ai trouvé totalement raté et pour le coup très ennuyeux. Un titre magnifique, et un roman totalement raté… Une histoire oiseuse de pseudo science fiction, flirtant avec une idéologie qui faisait effectivement froid dans le dos… J’ai bien cru alors que l’auteur des années 90 qui avait éveillé mon intérêt pour la littérature française contemporaine était devenu une sorte de machine « pisse-aigre », qui se contentait de palper ses roaylties sur son île irlandaise, exploitant jusqu’à l’écoeurement le filon de la misanthropie facile.

Je n’attendais plus Houellebecq… Seulement voilà. Le 08 septembre « La carte et le territoire » sort.

Et il semble bien qu’il ait enfin quitté les rivages de cette aigreur marketée… Houellebecq renoue même avec la tradition du roman classique. Il raconte à nouveau une vraie histoire, avec des protagonistes. Bien sûr ces protagonistes sont plus ou moins lui-même, mais peu importe, c’est assez fréquent chez les écrivains français. Houellebecq quitte la platitude volontaire, et la froideur de ses phrases tout aussi volontaire. Cette fois, il tricote une véritable histoire, et son humour se fait plus léger, moins noir, moins systématiquement cynique. Une forme de légèreté même est à attendre de ce nouveau roman semble-il. Houellebecq cesse d’être cette sorte de sociologue ultra-littéraire peignant une société capitaliste ayant transformé les individus en simples consommateurs, y compris dans le domaine amoureux et sexuel. Cette fois-ci, il fait dans la nuance. La vie peut être faite aussi de bons moments. Les protagonistes ne sont pas condamnés uniquement à un ennui infini et éternel. Ils ont droit à une part de bonheur.

Cependant Houellebecq demeure un combattant. Il continue d'attaquer son propre milieu ; le milieu artistico-médiatique. Il peint une satyre de son propre milieu,

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