Pierre Et Jean Guy De Maupassant

isite, tous les deux entament une discussion au cours de laquelle le pharmacien sème doute dans l'esprit du jeune homme. L'héritage « ne fera pas bon effet ».

Chapitre III

Une fois de plus, quelqu'un d'autre renforce le doute dans l'esprit de Pierre. Il s'agit cette fois d'une fille de brasserie, qui vient éveiller les soupçons de Jean. Elle lui déclare en effet: « Ca n'est pas étonnant qu'il te ressemble si peu ». Perturbé, Pierre vient troubler la tranquilité d'un repas de famille pourtant organisé pour célébrer l'évènement.

Chapitre IV

Pierre décide de sortir en mer. Après quelques temps, toutefois, le mauvais temps et la brume l'obligent à rebrousser chemin. Dès lors, il entame une « enquête minutieuse » visant à découvrir la vérité sur son identité et celle de sa famille. Soudain, un souvenir lui revient à l'esprit: »Maréchal, celui qui a légué sa fortune à Jean, était aussi blond que son frère Jean.

Chapitre V

Pierre fait la requête suivante à sa mère: il voudrait obtenir un portrait de Maréchal. Lors d'une excursion à Trouville, il est confronté à la « perversité féminine » qu'il ignorait jusque là. Le trouble de sa mère vient s'ajouter à la ressemblance du portrait de Maréchal avec son frère, ce qui transforme le doute initial de Pierre en « intolérable certitude ».

Chapitre VI

Désormais, Pierre harcèle sa mère. Cet « infâme secret » lui pèse.

Un jour qu'il est de sortie à la plage de Saint-Jouin, Jean avoue ses sentiments à la veuve Rosémilly. Pierre tombe alors dans une scène symbolique de mort, à savoir « un corps étendu sur le ventre, comme un cadavre, la figure dans le galet ».

Chapitre VII

Jean, qui habite dans un nouvel appartement (qui était aussi convoité par Pierre...) est confronté à son frère. Pierre, furieux et sur le point d'exploser, lui révèle sa découverte: «tu es le fils d'un homme qui t'a laissé sa fortune ».

Leur mère avoue tout à Jean: « tu n'est pas le fils de Roland ». Mais cette révélation n'a pas l'effet attendu, car plutôt que de se brouiller à jamais, elle réunit la mère et Jean dans un même fort amour.

Chapitre VIII

Tous deux cherchent alors à éloigner Pierre. Ce dernier décide de devenir médecin sur un paquebot pour mieux s'enfuir.

Chapitre IX

On retrouve alors le même groupe qu'au début du roman, à l'exception d'un de ses membres. Le père Roland ne soupçonne toujours rien de ce qui se trame dans sa famille.

Tous sont dans la barque pour dire adieu et saluer le départ d'un bateau, la Lorraine, sur lequel a embarqué Pierre, qui va désormais entamer une nouvelle vie, celle d'un « forçat vagabond ».

II- PRESENTATION DES PERSONNAGES PRINCIPAUX

Pierre

Pierre Roland est l'un des deux frères qui ont donné leurs prénoms au récit. Né en 1855, il est âgé d'une trentaine d'années; il est médecin et un peu caractériel. Maupassant le décrit comme un homme aux cheveux bruns. Bien qu'il parte à la fin du bref roman, son souhait initial était de s'installer dans la région après avoir été diplômé médecin.

Jean

Jean Roland est donc le fils illégitime de la famille, ce qui paradoxalement le rapproche de sa mère, au grand désespoir de Pierre. Il a vingt-cinq ans et est licencié en droit. Comme son frère, il est en vacances pendant la durée du roman. Blond pour sa part, il souhaite être avocat dans la région. Il est le futur mari de Mme Rosémilly.

Gérôme Roland

Le père Roland est un ancien bijoutier désormais à la retraite. Il est présenté comme un homme niais qui comprend rarement ce qu'on lui dit. Rentier au Havre, il est passionné par la pêche et l'océan.

Léon Maréchal

Ancien ami de la famille, il lègue son héritage à Jean. Pierre découvre qu'il est en fait le véritable père de ce dernier, notamment car tous deux sont blonds. Il est rarement évoqué dans le roman, malgré son impact sur l'intrigue.

Louise Roland

La mère des deux frères est l'ancienne amante de Léon Maréchal, à qui elle reste fidèle sentimentalement. Elle est âgée de 48 ans et est décrite comme une « économe bourgeoise un peu sentimentale ».

Mme Rosémilly

Jeune veuve, elle deviendra la femme de Jean. Elle est âgée de 23 ans et est aussi une rentière résidant au Havre. Son mari décédé était un capitaine au long cours.

Marowsko

Cet émigré polonais est pharmacien. Il s'est réfugié en France et est l'ami de Pierre. Il aime inventer des liqueurs.

Le Capitaine Beausire

C'est un marin local ami de M. Roland et de Mme Rosémilly.

Maître Lecanu

C'est le notaire qui annonce la mort de Maréchal et l'héritage légué à Jean.

III- AXES DE LECTURE DE L'OEUVRE

Le triomphe du fils illégitime

Le roman est cruel en ce sens qu'il accorde une double victoire au fils illégitime. D'une part, Jean récupère la grande fortune de son père biologique, qu'il n'a même pas connu; et ce, sans même que son père « adoptif » s'en aperçoive, donc sans conséquence aucune sur la structure familiale traditionnelle. D'autre part, parce que le fils illégitime acquiert le statut de fils privilégié et préféré parce qu'il est finalement issu d'un amour profond, bien qu'interdit. En résumé, Jean obtient l'amour, l'amour, l'affection de sa mère, tandis que Pierre se sent trahi et renvoyé à l'image d'un père plus que médiocre.

Pierre est poussé à l'exil, ce qui peut paraître paradoxal dans la mesure où il s'inscrit du côté légitime de la famille. De plus, cet exil, cette fuite selon les interprétations, s'apparente fort à une symbolique de mort, en raison de son « petit lit marin, étroit et long comme un cercueil ».

Du point de vue du lien affectif et de la communication, Jean obtient l'accès à la confession volontaire de sa mère, c'est-à-dire à la vérité qui reste cachée aux autres. D'ailleurs, on note que le chapitre 6 marque un changement dans le point de vue de la narration, qui passe de Pierre...à Jean. C'est à une double dépossession que nous assistons alors.

Mer et mère

Dans cette perspective, la mer acquiert une présence symbolique extrêmement puissante. Ainsi, lorsque Pierre déclare qu'il est furieux « d'avoir été privé de la mer, par la présence de son frère », on comprend qu'il s'agit aussi d'une privation de la figure maternelle, la mère cette fois.

L'eau est présente tout au long du roman ou de la nouvelle (selon les lectures). Elle est l'élément réunificateur, mais aussi l'élément de fuite. Des idylles y naissent, des hommes disparaissent dans la brume, d'autres reviennent au port. Eau, mer, mère: Maupassant a soigné la symbolique dans son œuvre.

L'opposition des genres romanesques

Maupassant, dans l'édition de Pierre et Jean, a ajouté comme sorte d'introduction, un texte intitulé Le roman, dans lequel il développe une réflexion littéraire sur le roman. L'essai réaffirme, encore une fois au nom de sa fidélité à son ami Flaubert, la prise de distance de l'écrivain avec « l'école réaliste et naturaliste », de même qu'avec l'écriture artiste des Goncourt.

Maupassant choisit en effet de privilégier « une vision personnelle du monde », et pense que « la marque du grand art » passe par la force de l' « illusion particulière ». Pour lui, en effet, le roman psychologique (c-est-à-dire un roman qui se focalise sur l'analyse des sentiments) est en opposition fondamentale avec le roman objectif, qui écrit et décrit le geste, le comportement mais sans en donner la motivation initiale. Rétrospectivement, on pourrait qualifier cette perspective de béhavioriste. Maupassant choisit donc de classer Pierre et Jean dans la catégorie des études psychologiques. Il pense que l'écrivain doit organiser le réel pour que celui-ci soit plus vraisemblable. En effet, la vie que nous vivons quotidiennement et l'ensemble des expériences et évènements qui s'y produisent sont bien trop variés et riches pour qu'un écrivain parvienne à les écrire de manière adéquate et exhaustive.

Bien que le roman n'ait pas été