Pierre Et Jean De Maupassant
Dissertation : Pierre Et Jean De Maupassant. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresnfident et son complice, touché et attendri par son chagrin. Pierre n’aurait peut-être pas eu la même réaction face au passé de Louise, face à cet amour inattendu, cette passion, cet adultère et ces souffrances d’une séparation non désirée. Jean la perçoit comme une femme touchante et digne alors que Pierre l’aurait certainement méprisée. Effectivement, Pierre ne souffre pas seulement d’être spolié d’un héritage dont il aurait pu bénéficier, mais aussi et surtout de la perte de complicité qu’il avait avec sa mère. Celle-ci lui a menti, ce que l’aîné ne peut admettre, contrairement à Jean qui intègre rapidement son adultère.
Tout comme le personnage de Pierre qui se condamne à l’exil alors qu’il n’a rien fait, sinon chercher de manière légitime à comprendre et à savoir…Jean, pour qui la chance sourit dans tous les domaines, n’aurait certainement pas ressenti le besoin de savoir. Le mal-être et les tourments innés de Pierre ont contribué ce dernier à soulever ce secret. En effet, Mme Roland n’est peut-être pas la seule à porter ce secret, on peut voir dans l’attitude de Pierre celle d’un homme qui a conservé bien des rancunes et bien des reproches au fil des années. Pierre part, il est comme exclu du noyau familial par son frère Jean. On ne peut pas vraiment dire pour autant que le roman se termine mal, ni que le secret apporte un bouleversement profond. Certes Pierre s’en va, mais avant même que le secret ne se révèle, il portait déjà en lui une rancœur sourde contre son milieu familial. Le secret de sa mère ne fait que précipiter une situation latente.
La symbiose entre Mme Rolland et Jean favorise l’isolement de Pierre. La place de Pierre devient une effroyable question, maintenant qu’il sait le secret de sa mère et lui en veut. Louise Roland évoque sa peur envers lui. Elle subit de sa part de violentes pressions et trouve refuge auprès de Jean, qui, lui est plein d’aménité. Le rapprochement très fort entre Jean & sa mère ne laisse plus beaucoup de considération pour Pierre. En se libérant d’un fardeau porté depuis plusieurs années, elle trouve en Jean non pas un ennemi mais un allié. Louise et Jean forme désormais une sorte de couple contre la présence de Pierre. Dans cette perspective, il est irrémédiablement mis à l’écart. C’est ce que la suite du récit confirmera.
L’évolution du récit suit une courbe psychologique qui va de la suspicion du secret aux aveux que Mme Rolland formule. Entre ces deux extrémités, de la tension dramatique grandit la culpabilité et le sentiment de la faute. Pierre est ainsi non seulement celui qui découvre la vérité, mais il est aussi l’inquisiteur et le bourreau, torture sa mère moralement, jusqu’à ce qu’elle cède à une douloureuse confession. Le secret de Mme Roland développe un sentiment de culpabilité, lié à la faute. Maupassant inscrit la principale problématique de son récit : une faute morale judéo-chrétienne et une faute légale, l’adultère. Pierre, accusateur de sa mère, tout en la poussant dans ses retranchements, joue le rôle de l’accusateur moral de l’inconduite de sa mère. La culpabilité éprouvée par Louise Roland est à la hauteur de l’énormité du secret qu’elle cache.
Pierre a percé le secret de sa mère. Elle n’a pas pu reculer et a dû affronter le douloureux souvenir qu’elle porte en elle. Après des efforts considérables, et encouragée par Jean, Louise Roland passe aux aveux au cours d’un dialogue avec son plus jeune fils. Elle explique lors d’une longue prise de parole les détails de cet amour passionné qu’elle a ressenti pour Maréchal et dont Jean est le fruit. Il s’agit d’une scène capitale du roman, voire rupture, puisque Louise Roland prend le risque de dévoiler au principal concerné le secret de famille. Jean est désormais le gardien du secret de sa mère et donc son complice. De plus, dans ce passage, elle déclare son amour au défunt. Maréchal est son seul grand amour. Cet aveu amoureux, dans le contexte de la scène, prend des accents légèrement incestueux. Même si Mme Roland évoque son cher disparu, elle adresse ses paroles à son fils Jean, incarnation de sa passion. Cet héritage spirituel préfigure l’exclusion de Pierre de la sphère familiale.
Maupassant nous montre à travers son roman qu’un bel équilibre familial peut être très fragile. En effet, l’arrivée dans le récit de l’héritage destiné à Jean met en péril l’édifice familial. On peut le constater à la réaction très différente des personnages lors de cette scène. Monsieur Rolland est tout d’abord affecté par la perte de son ami mais rapidement sa tristesse laisse place à une joie face au testament laissé par Maréchal. En revanche, madame Rolland, elle, essaie de retenir ses larmes, contenant difficilement son désarroi. L’auteur parle également de Pierre, qui ressent un vague malaise inexplicable.
L’emblème de l’héritage est constamment rappelé au cours du récit. Maupassant montre en effet comment un acte juridique peut transformer une existence et faire littéralement exploser les liens familiaux. Il s’appuie ici sur une vision assez réaliste au sein des familles bourgeoises, les héritages étant souvent source de conflits, de discordes, de rivalités et de haine. Ainsi tout au long de son roman,
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