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Ville Et Prison : Quelle Cohabitation ?

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................................ 20 Quel est l’impact de la décentralisation de la prison sur la ville de Lyon? ....................................... 20 Quel avenir pour les prisons ? ........................................................................................................... 21

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 23

ANNEXE 1............................................................................................................................................... 25

ANNEXE 2............................................................................................................................................... 26

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INTRODUCTION

Shakespeare faisait dire à Hamlet : « Rien n’est bon ni mauvais en soi, tout dépend de ce que l’on pense ». (Hamlet, Acte II, Scène 2) A partir du moment où la société a pu définir le mal, elle a promulgué des lois et a cherché à punir les crimes commis en leur faisant subir une sanction pénale. Cette punition a évolué à travers le temps en fonction des réflexions, des moyens mis en œuvre, et des délits définis par les lois. La punition est mise en œuvre par l’application d’une peine. Dans Surveiller et punir, Michel Foucault résume cette hiérarchie en disant : « A chaque crime, sa loi ; à chaque criminel, sa peine ». De nos jours, la peine la plus répandue est celle de l’enfermement. La privation d’espace est un moyen de punir un délinquant, et est matérialisée par les prisons. Avant d’arriver au système carcéral, la punition a connu plusieurs formes, en passant du spectacle des supplices à des peines qui privent les condamnés de leur liberté en les cachant dans des architectures gardées par le secret des administrations. On passe ainsi d’une façon de punir à une autre, pas forcément plus savante mais différente. Ce travail a pour but de retracer l’histoire de la punition, et la relation qu’elle entretient avec la ville. La question de la cohabitation entre la ville et la punition, plus particulièrement la prison, se pose alors. En partant de la punition corporelle, symbolisée par les supplices, nous cherchons ici à comprendre comment la ville, en passant par l’instrumentalisation de l’architecture, a finalement aboutit à l’exclusion des prisons. La mise en œuvre de ces notions de peine et de punition soulève plusieurs autres questions : quelle est la morale de la punition ? Pourquoi la privation de liberté estelle devenue la peine universelle ? Jusqu’où l’architecture des prisons peut aller pour punir ?

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LA PUNITION: DU SUPPLICE A L’ENFERMEMENT

Comment les supplices peuvent-ils punir ?

La prison est le fruit d’une longue réflexion sur la punition. L’ordonnance de 1670 régit les formes générales de la pratique pénale. Trois punitions se dégagent : le supplice, le bannissement (entre 1755 et 1785, plus de la moitié des peines infligées consistent à bannir le condamné) et l’amende. Toutefois, tous se rapportent au châtiment physique. En effet, le bannissement est souvent précédé de la marque physique, et l’amende du fouet. Le supplice représente donc la peine la plus fréquente, et repose sur tout un art quantitatif de la souffrance. Il est exercé sur le condamné et a plusieurs fonctions : Avant même de constituer une punition, la torture physique est utilisée pour avoir la preuve la plus forte d’un crime : l’aveu. La justice de l’époque fonctionne avec un système de preuve et de demi-preuve, et repose sur des bases plus ou moins solides. Les preuves sont souvent données par des témoins, et la recherche de la vérité n’est pas facile à mener. La justice cherche donc à faire éclater la vérité sur un crime grâce à la torture exercée sur un accusé. C’est une procédure bien définie, un jeu judiciaire strict, dont le but final est l’aveu du crime commis (ou non). Pour cela, différents degrés de violence physique sont subis par le corps du condamné, jusqu’à ses aveux. Une fois que l’on a l’aveu de l’accusé, le supplice permet au corps du condamné de subir son châtiment, sa peine. Le rôle majeur de la torture est alors la punition : le condamné doit payer pour ses actes, et son corps en est le prix. Selon la faute commise, la punition atteint différents niveaux de violence, pouvant aller jusqu’à la mort (elle-même plus ou moins violente). Le degré de culpabilité implique ainsi un degré de punition (par exemple, les mains des voleurs sont coupées, la langue des menteurs coupée). A cette époque, on considère que la peine doit être subie par le corps du condamné d’une part parce que c’est ce corps qui a commis l’acte, et d’autre part pour éviter la récidive.

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La deuxième fonction des supplices est de « réparer » l’offense faite à la souveraineté. Par un acte illégal, un coupable attaque directement la souveraineté et ses représentants. L’illégalisme est perçu comme une trahison par les représentants du pouvoir. Le coupable doit donc payer cette trahison, le souverain doit se venger. Pour cela, le supplice doit être éclatant, il doit être ressenti comme un triomphe. Il est une manifestation de la force de la justice et du pouvoir qui punit. Le supplice a donc une fonction juridico-politique : son rôle est de reconstituer la souveraineté, blessée par le crime, en exprimant publiquement sur le corps du condamné sa supériorité. Le corps du condamné est ainsi le lieu où s’applique le pouvoir du souverain. Les supplices sont donc révélateurs de vérité et la marque du pouvoir. Ils permettent de reproduire et de révéler le crime mais aussi de le retourner sur le corps du criminel pour ainsi l’annuler.

Quelle relation entre le supplice et les habitants de la ville ?

La caractéristique fondamentale des supplices est le fait qu’ils soient publics, ils ont lieu au cœur des villes, et sont visible par tous. La relation entre la punition et la ville (représentée par le peuple) est donc directe et a plusieurs fonctions : La recherche de la vérité, avant l’aveu du coupable, l’enquête, est entièrement secrète. Ni le peuple, ni l’accusé lui-même ne sait quelle est la situation. La publicité des supplices assure l’articulation entre le secret judiciaire et le public, entre la procédure d’enquête et la peine. Le personnage principal d’un supplice est le peuple, un supplice resté secret n’a pas de sens. La souveraineté montre ainsi sa supériorité, elle fait respecter son pouvoir. L’acte de justice doit devenir lisible pour tous, par le corps du supplicié. La terreur exercée sur le corps du coupable est support de l’exemple : le spectateur doit garder en mémoire l’horreur des supplices. Cette méthode a donc un rôle de dissuasion, elle engendre la peur chez le spectateur. La punition montrée publiquement a un impact sur le peuple, qui réfléchit donc aux actes qu’il est susceptible de commettre.

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De plus, la présence du peuple et la visibilité de la peine font de celui-ci un garant de la punition. La justice est rendue transparente, aucun doute ne leur est possible quand la punition a lieu devant leurs yeux.

Pourtant, c’est bien le fait que la punition soit publique qui va entraîner la fin des supplices.

Comment passer d’une punition à une autre ?

Dès la seconde moitié du XVIIIème siècle, on assiste à beaucoup de contestations de la part du peuple, mais aussi des intellectuels. De plus en plus de spectateurs affirment leur soutien au condamné, les rôles tendent à s’inverser, le supplicié suscite la pitié, voire quelque fois l’admiration. Le peuple s’agite d’une part contre les peines qui sont différentes selon les classes sociales, et d’autre part contre les peines qu’ils jugent trop lourdes pour les délits fréquents. La punition égale le crime, parfois le dépasse, et ainsi accoutume les spectateurs à une certaine brutalité, dont on voulait les détourner. On assiste alors à des réflexions sur la peine, à une remise en cause du système de punition. La punition cesse peu à peu d’être une scène, « il est laid d’être punissable mais peu glorieux de punir » .1 Le but recherché n’est pas de moins punir mais de punir mieux, avec plus d’universalité, et d’ancrer le pouvoir de punir plus profondément dans les mœurs population. La punition devient la part cachée du processus pénal. Elle quitte le domaine de la perception quasi quotidienne pour entrer dans celui de la conscience abstraite. Le peuple ne perçoit plus le délinquant par sa peine mais par sa condamnation. On assiste à un changement dans les mentalités, les punitions touchent moins directement le corps des condamnés, et elles ne sont plus visibles par tous. L’essentiel de la peine ne consiste plus à punir mais cherche à corriger, à redresser, à guérir. La fonction éducative de la peine est introduite, il faut rééduquer pour éviter la récidive. La disparition des supplices c’est donc le spectacle qui s’efface ; mais c’est aussi la prise sur le corps qui s’atténue. Puisque ce n’est plus le corps du condamné qui subit directement la peine, on cherche à ce que ce soit son âme. La réforme pénale

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