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La psychose chez Freud

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Par   •  16 Avril 2017  •  Dissertation  •  4 073 Mots (17 Pages)  •  899 Vues

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Dossier de psychologie clinique :

La psychose chez Freud

                                                                                            rendu le 24/04/2015

Introduction :

        A l'origine, le terme de psychose a été créé par Ernst von Feuchtersleben (1847) pour désigner l’aspect aigu de la folie. Ce terme a néanmoins évolué jusqu'à voir apparaître deux grandes familles dans les psychoses : la paranoïa et la schizophrénie. Dans ces deux grandes familles de psychoses, le malade perd le contact avec la réalité en développant des symptômes qui tentent de restaurer le lien objectal que le patient a perdu. La psychose est en générale opposée à la névrose dont le point d'origine est à situer dans la petite enfance et plus particulièrement dans l’œdipe, vécu selon Freud dans la phase phallique (entre trois et cinq ans). C'est la période où l'enfant désire sexuellement le parent du sexe opposé et désire la mort du parent de même sexe, obstacle à son désir sexuel. C'est cette scène originelle qui n'a pas été intégrée, pour diverses raisons, qui crée la psychose. Avant que Freud n'expose cette théorie, les névrosés étaient considérés comme « malades des nerfs ». En effet, aucune lésion ne pouvait être identifiée à l'emplacement des symptômes, la faute était donc attribuée à un système nerveux défectueux. Les psychotiques, eux, n'ont jamais été considérés « malades des nerfs ». Les auteurs ont toujours pensé que la cause se trouvait dans l'esprit du patient. Divers auteurs en psychanalyse et plus généralement dans le domaine de la psychologie clinique, ont étudiés la psychose. Les premiers asiles remontent au Moyen-Age et ce qu'on appelait alors les « fous » étaient enchaînés. Depuis, de nombreux progrès ont été fait et bien que Freud a été un apport majeur à la psychanalyse moderne, il serait réducteur de tout ramener à lui. C'est dans ce cadre que nous nous sommes demandés quel a été l'apport de Freud et des post-freudiens dans l'histoire des psychoses. Pour répondre à cette question, nous allons vous présenter dans un premier temps l'évolution du concept des psychoses chez Freud et dans un second temps, nous vous présenterons les similitudes et les divergences qu'a connu ce concept entre l’œuvre de Freud et celle de Lacan.

  1. Évolution du concept chez Freud

        a) Les psychonévroses de défense

        Freud a parlé des psychoses à travers toute son œuvre. Dès 1894, dans sa correspondance à Fliess, nous pouvons constater que pour Freud, la distinction psychose/névrose est très claire quoique éloignée de la conception actuelle. « Freud désigne comme psychoses la confusion hallucinatoire, la paranoïa et la psychose hystérique (celle-ci étant différenciée de la névrose hystérique) » (Laplanche et Pontalis, 1968). Il a commencé parler très tôt des psychoses comme nous le montre un petit article de 1894 intitulé les psychonévroses de défense où il va exposer sa toute première théorie. « Le mécanisme de défense des psychonévroses permet à l'intensité d'une représentation de se détacher d'elle pour passer, par voies associatives, à d'autres représentations originellement peu intenses » (Laplanche et Pontalis, 1968). Freud développe cette théorie au contact d'hystériques qui lui racontent des scènes sexuelles traumatiques refoulées expliquant leurs symptômes. Il pense en effet qu'une représentation sexuelle traumatique serait refoulée par la défense du MOI en même temps que son affect pour revenir sous forme symptomatique. Cette conception est appelée « neurotica » par Freud. Il parle à ce moment-là de rejet bien qu'il ne l'ai pas encore conceptualisé. Il en parle avec l'idée que le MOI rejette l'affect et fait comme si la représentation traumatique ne lui était jamais parvenue. Le sujet perd alors une partie de la réalité. « Le moi s’arrache à la représentation inconciliable, mais celle-ci est inséparablement liée à un fragment de la réalité, si bien que le moi en accomplissant cette action, s’est séparé, en totalité ou en partie, de la réalité[1] ». C'est justement cette perte d'une partie de la réalité associée à l’événement traumatique qui va permettre la naissance de l'hallucination. Freud, voyant des similitudes avec le mécanisme de conversion de l'hystérie, va appliquer le même type de cure aux psychotiques. En 1896, dans Nouvelles observations sur les psychonévroses de défense, Freud expose la conviction selon laquelle la défense est un point clé du mécanisme névrotique. Il pense en effet que comme l'hystérique va transformer des événements traumatiques en symptômes physiques, le délirant va transformer des événements traumatiques en délires hallucinatoires ou persécuteurs. Il va tenter de faire rappeler à la conscience de ces derniers des éléments qu'il pense refoulés car inconciliables avec la réalité afin de faire disparaître les symptômes comme il le fait avec les hystériques. La réalité psychotique étant reconstruite et donc différente de la réalité des névrosés, cette technique était vouée à l'échec. Il faudra attendre 1922 pour que Freud rejette cette méthode après l'échec de la cure et l'aggravation de l'état d'une patiente paranoïaque. Il ne considère plus alors le délire comme une formation de compromis entre la réalité et les exigences du MOI.

        b) Première théorie de l'appareil psychique et des pulsions

        A partir de 1900, Freud construit sa première topique, constituée de trois instances : le conscient, le préconscient et l'inconscient. Chaque fois qu'un souvenir doit être refoulé ou ramené à le conscience, l'information passe par le préconscient de sorte que la conscience et l’inconscient ne communiquent jamais directement. Entre chacune de ses instances, des censures sont présente afin de filtrer les informations qui parviennent dans chaque lieu psychique. En 1905, dans Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud conceptualise sa première théorie des pulsions où il établit que la libido est le moteur de la vie psychique. Dans sa première théorie des pulsions, il y a deux fonctions de la pulsion de vie : la pulsion sexuelle, qui vise la conservation de l'espèce et la pulsion dite de conservation qui vise à la survie de l'individu. La pulsion vise la satisfaction et provient de zones érogènes dans le corps. La pulsion est un système économique, c'est à dire que l'on peut quantifier : la tension pulsionnelle peut diminuer, augmenter ou être stable. Grâce à ces deux théories majeures, Freud écrit en 1911 Le président Schreber où il analyse un cas de paranoïa afin d'introduire la notion de narcissisme, peu de temps après l'abandon de sa « neurotica ». Grâce à sa théorie des pulsions, Freud va tenter de comprendre quels peuvent être les mécanismes libidinaux exercés dans la paranoïa. A ce moment, pour Freud, le délire paranoïaque est l'expression de désirs homosexuels refoulés. Le persécuteur serait donc l'être désiré. Durant la phase narcissique décrite par Freud, le sujet passerait de l'autoérotisme à l'amour de l'objet. Le sujet commence donc par se prendre soi-même comme objet d'amour puis les objets lui ressemblant (phase homosexuelle) suivie par la phase finale de l'hétérosexualité. Les paranoïaques sont des personnes qui ont demeurés pour une durée inhabituelle dans ce stade libidinal. La conséquence dans leur vie a ensuite été, pour Freud, de leur donner des désirs homosexuels. Le refoulement des désirs homosexuels permettrait au sujet, grâce au retour du refoulé, de connaître l'amitié et la camaraderie notamment. Des personnes dont la fixation se trouverait dans le stade libidinal narcissique, ont l'incapacité de prendre un objet externe pouvant accueillir la libido interne pour servir d'objet d'amour et de fantasme, le sujet va régresser et ainsi s’auto-suffire sur le plan sexuel et donc, pour Freud, sur le plan social. Il dit aussi que ces frustrations ne pouvant trouver aucun moyen rapide de décharger la libido, vont sortir du sujet en brisant un point faible de sa psyché. Ce point faible servant normalement à séparer autoérotisme, narcissisme et homosexualité. C'est donc à ce point précis que se situe la disposition à la paranoïa. Le refoulement à la base de la paranoïa serait : « je l'aime lui » (un homme) qui va être transformé afin d'être accepté dans le MOI. Différentes transformations sont possibles. La première transformation possible est la dénégation : « je ne l'aime pas, je le hais ». Cependant chez le paranoïaque cette pensée ne peut pas atteindre la conscience sous cette forme car le symptôme veut que la perception vienne de l’extérieur et doit être à nouveau transformée en « il me hait », ce qui autorise le patient à haïr cet objet en retour. Ce cas de figure crée donc la paranoïa. Cependant d'autres transformations sont possibles telles que « ce n'est pas lui que j'aime, c'est elle ». Cette transformation aura tendance à créer une pathologie de nature érotomaniaque. Dans le jalousie, la transformation serait plutôt : « ce n'est pas moi qui aime l'homme, c'est elle qui l'aime. La dernière transformation possible est la négaton totale : « je ne l'aime pas car je n'aime personne ». La libido devant investir un objet, elle va investir le MOI, donnant des idées de grandeurs aux sujets, provoquant ainsi la mégalomanie. Dans cette conception de la psychose, Freud laisse une grande place à la libido qui est à l'origine de tout le fonctionnement psychique normal et pathologique. Freud dit aussi que le symptôme paranoïaque est dû essentiellement à un mécanisme de projection. Ce mécanisme consiste à une répression de la perception interne qui revient sous forme de perception extérieure modifiée comme expliqué plus haut. Il s'agit d'un mécanisme de défense archaïque que nous ne retrouvons pas uniquement dans la paranoïa mais aussi dans des phénomènes de pensées « normaux » tels que la superstition.

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