Définition de l'électeur stratège

B) L’électeur stratège : un électeur confiant dans sa capacité à influer l’élection

        Dans cette partie, nous allons analyser les réflexions stratégiques des électeurs qui les détournent de leur vote de préférence, socialement déterminés.

• Qu’est-ce qu’un électeur stratège ?

Pour définir l’électeur stratège, je propose celle de André Blais, définit avec son équipe de recherche en 2001 : « Un vote pour un candidat autre que le candidat préféré, motivé par la volonté que son vote soit efficace ».

En effet, l’électeur stratège a des préférences, c’est la hiérarchie des candidats dans sa tête qui permettra d’établir des stratégies par la suite. En revanche, le vote stratégique se définit également par le geste de l’électeur de ne pas voter seulement pour ses préférences, mais pour d’autres considérations stratégiques qui l’amèneront à voter pour son deuxième voir troisième choix. Il repose sur l’anticipation de la future élection, et sur la capacité de son voter à influer sur cette dernière. Cet électeur se projette déjà dans les différents scénarios possibles et tente d’analyser comment influencer au mieux les résultats de cette élection. Notons que les perceptions de l’élection par l’électeur peuvent être inexactes et sont même souvent fondés sur des informations incomplètes. Également, un électeur peut réfléchir stratégiquement et pour autant convenir que son candidat préféré est le meilleur choix à faire.

• Les différents votes stratégiques dans un mode de scrutin pluraliste

Tout d’abord, on peut considérer le vote utile : imaginons un électeur centriste, avec tout de même une préférence pour les partis de droite, dans une élection proposant un candidat de gauche et un de droite, qui sont les grands favoris, et un du centre. Celui du centre aura selon les sondages et autres outils  prévisionnels  une chance infime de gagner : l'électeur  votera donc à droite.

Dans les scrutins à deux tours, on considérera que le vote stratégique est à priori moins fort puisque l’électeur sait qu’il pourra trancher entre deux gros candidats au second tour.

Le vote stratégique peut aussi être inversé, celui-ci se définit par un vote pour un candidat autre que le préféré dont on pense qu’il est pratiquement certain d’être présent au second tour : au lieu d’une stratégie classique, l’électeur abandonne ici un candidat fort pour un candidat faible. Pour en arriver là, l’électeur considère que son candidat préféré va arriver premier et cherche donc à situer le candidat qui a le moins de chance de gagner le second tour en face de lui. Également, l’électeur peut inciter son candidat préféré à se rapprocher de certaines idées au niveau programmatique en votant un candidat dit « faible » qui a peu de chance d’accéder au second tour : la constante dans ces stratégies est la confiance en la possibilité  du candidat préféré de l’électeur d’arriver au second tour.