La monnaie dans les théories économiques
Dissertation : La monnaie dans les théories économiques. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar amalhindemc • 21 Novembre 2020 • Dissertation • 3 185 Mots (13 Pages) • 721 Vues
La monnaie dans les théories économiques
Sommaire[pic 1][pic 2]
Introduction[pic 3]
La théorie monétaire est étroitement liée à la théorie économique générale. L'activité économique est affectée par de nombreux facteurs qui s'entrelacent dans la pratique, y compris la monnaie. La théorie monétaire occupe une place importante dans la pensée économique moderne. Il existe une multitude de recherches et d’études traitant la question de la monnaie afin d'expliquer les mécanismes et l'interaction des éléments constitutifs de cette théorie. La théorie monétaire revêt une grande importance dans le sens où elle constitue un cadre pour expliquer un ensemble de phénomènes qui accompagnent le changement de la masse monétaire en circulation dans l’économie tels que l'inflation et la dépression. Elle constitue également une base fondamentale pour les décisions en matière de politique monétaire. La théorie monétaire a fait l'objet d'étude par de nombreuses écoles économiques. Ainsi, la monnaie, instrument par lequel s’effectuent les échanges entre les agents économiques, est un sujet de controverse au sein de la théorie économique.
Quelles sont alors les différentes théories économiques de la monnaie ? Pour quelles raisons détient-on la monnaie ? Quel rôle attribue-t-on à la monnaie au sein du système économique ? Dans quelle mesure la monnaie est-elle un actif neutre ou influent sur l’évolution de l’économie ?
Afin de répondre à cette problématique, nous présenterons en premier lieu l’optique transactionnelle de la monnaie des classiques selon laquelle la monnaie est neutre. En second lieu, nous traiterons l’approche keynésienne de la monnaie en se focalisant sur les motifs de détention de la monnaie et le concept de la préférence de liquidité. En dernier lieu, nous examinerons l’approche monétariste de la monnaie.
Les classiques : la neutralité de la monnaie
Selon les classiques, la monnaie constitue un intermédiaire des échanges. Les agents économiques demandent la monnaie afin de réaliser des transactions. Autrement dit, la monnaie est demandée en raison de ce qu’elle permet d’acquérir. Selon
l’économiste classique français Jean-Baptiste Say : « La monnaie ne sert que d’intermédiaire : elle n'est point un résultat; car on ne l'acquiert, ni pour la garder, ni pour la consommer. Dans la réalité, on échange le produit qu’on vend contre le produit qu'on achète; la vente et l'achat terminés, la monnaie n’est pas restée : elle est allée prêter son ministère à d’autres contractants ».1 La monnaie est, d’après Jean-Baptiste Say, n’est qu’un « voile monétaire »2 servant à échanger des produits contre d’autres produits.
Supposons un agent qui vend un bien A, obtient de la monnaie et, ensuite achète avec cette monnaie un bien B. Cette succession d'échanges peut être ramenée à un seul échange : l’agent échange le bien A contre le bien B. La monnaie n'est donc qu'une simplification d'une économie qui est, en fait, selon Jean-Baptiste Say, une économie de troc.
David Ricardo croyait en cette idée et l’exprimait comme suit : « On n’achète des produits ou des services qu’avec des produits ou des services et le numéraire n’est que l’argent au moyen duquel l’échange s’effectue ».3 Ainsi, la monnaie n’est qu’un bien comme les autres et ne peut pas être une réserve de valeur. Elle n’est pas détenue pour elle-même. Le seul motif de sa détention est le motif de transaction. La monnaie est ainsi intrinsèquement inutile et n’affecte nullement le système économique.
Le caractère de neutralité de la monnaie, présenté dans l’analyse classique, est traduit par la théorie quantitative de la monnaie élaborée par Irving Fisher. Cette dernière met l’accent sur l’existence d’une dichotomie entre la sphère réelle et la sphère monétaire. Il y a une parfaite séparation entre le marché du travail, le marché de la production (sphère économique) et le marché des titres (sphère monétaire). L’un n’influence pas l’autre. En effet, toute variation de la masse monétaire n’entraîne d’effet que sur le niveau général des prix.
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1 Say, Jean Baptiste, « Traite d'économie politique: ou Simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent, et se consomment les richesses », Guillaumin, 6ème édition, 1841, p578
2 Ibid.
3 Ricardo, David, « Des principes de l'économie politique et de l'impôt », Tome 2, 1817, p110
La sphère réelle regroupe un ensemble de données de nature réelle : les ressources en facteurs de production, les technologies et les préférences individuelles . A de ces données, on détermine des variables endogènes réelles : le niveau de production, le niveau de l’emploi, les niveaux de la consommation et de l’investissement et les prix relatifs y compris le taux d’intérêt réel et le salaire réel. Dans la sphère monétaire, quant à elle, la donnée principale est la masse monétaire, définie par les autorités monétaires.
Fisher établit la célèbre équation quantitative de la monnaie de la manière suivante :
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Tel que :
M : la masse monétaire
V : la vitesse de circulation de la monnaie
P : le niveau général des prix
T : le volume global des transactions
Fisher pose trois hypothèses fondamentales : la vitesse de circulation est constante à court terme (1), l’économie est en situation de plein-emploi des facteurs de production (2) et l’offre de monnaie est exogène (3).
Sous ces conditions, l’équation devient :
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Toute variation de la masse monétaire entraîne un changement proportionnel du niveau général des prix. Par ce raisonnement, on retrouve deux point communs entre les classiques et Irving Ficher. Premièrement, il existe une parfaite dichotomie entre la sphère réelle et la sphère monétaire. Une hausse de la masse monétaire n’engendre que de l’inflation et n’a pas d’effet sur l’économie réelle. Deuxièmement, la monnaie est neutre dans le sens où elle n’est qu’un simple intremédiaire d’échange. Ainsi, les agents
économiques prennent en considération le pouvoir d’achat de la monnaie et non pas sa valeur nominale.
Les Keynésiens : la monnaie n’est pas neutre
Dans l’analyse keynésienne, la monnaie joue un rôle crucial, notamment à travers la variable du taux d’intérêt. Keynes définit le taux d’intérêt comme le prix de renonciation à la liquidité qui détermine le partage de l’épargne entre placements financiers et thésaurisation, et non pas le partage entre consommation et épargne comme le considère les classiques. Selon ces derniers, il n’existe pas d’arbitrage entre monnaie et actifs financiers. Keynes, quant à lui, développe la théorie des choix : selon le niveau du taux d’intérêt, l’agent économique décide entre détenir de la monanie ou réaliser des placements financiers.
John Maynard Keynes refuse l’idée de neutralité de monnaie défendue par les classiques. Selon J-M Keynes, les agents économiques peuvent désirer la monnaie pour elle-même. D’après lui, « la demande totale de monnaie se sépare en deux parties la demande d’encaisse oisive [spéculation et précaution] et la demande d’encaisse active déterminée par le niveau d’activité établi par les décisions des entrepreneurs. La demande d’encaisse active à son tour se décompose en deux : la demande due au retard entre l’origine et l’exécution de décisions des entrepreneurs, et la part due au retard entre la réception et l’utilisation du revenu par le public et aussi entre la réception par les entrepreneurs des produits de leurs ventes et le paiement par eux des salaires »4.
A l’instar des classiques, Keynes admet que les agents économiques détiennent la monnaie pour un motif de transaction. Cependant, Keynes distingue deux autres motifs de demande de monnaie, à savoir : le motif de précaution et le motif de spéculation. La monnaie est affectée de trois manières : achat des actifs réels pour consommation et investissement, achat des actifs financiers pour placement ou
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4 John Maynard Keynes, « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie », Palgrave Macmillan, février 1936, p224
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