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Archétype de l'indien dans le cinéma américain

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rn se déroule en Amérique du Nord pendant la conquête de l'Ouest.

André Bazin définit ainsi le western classique dans Le western ou le cinéma américain par excellence (préface au livre du même titre de JL Rieupeyrout 1953) :

Des chevauchées, des bagarres

Des hommes forts et courageux dans un paysage d'une sauvage austérité.

La pure jeune fille, vierge, sage et forte qui finit par épouser le héros.

La sinistre canaille

Des paysages immenses, des prairies, des déserts, des roches où s'accroche la ville en bois amibe primitive d'une civilisation.

La justice qui, pour être efficace, doit être extrême et expéditive, moins que le lynchage cependant.

L'homme blanc est le conquérant créateur d'un nouveau monde. L'herbe pousse où son cheval a passé, il vient tout à la fois implanter son ordre moral et son ordre technique, indiscutablement liés, le premier garantissant le second.

Une menace incarnée par la guerre de Sécession, les voleurs de bétails et les Indiens.

L'Indien est incapable d'imposer l'ordre de l'homme.

La rude conquête de l'Ouest, la sanglante guerre de Sécession et les guerres indiennes qui se sont déroulées au XIXè siècle témoignent de la douleur qui fut nécessaire à la construction du pays. Peu étonnant alors de voir la place de l'Indien dans le western, qui resta longtemps considéré comme une menace, comme un sauvage, un sous-homme qui empêchait la progression des pionniers. Dans le western l'Indien est réduit au rôle de silhouette égarée dans le monde des blancs: dans une rue de ville, aux abords d'un fort. L'Indien incarne en effet la violence, la mort, le danger, la perfidie.

Mais contrairement aux idées reçues, les premiers films défendant la cause des Indiens sont apparus dans les années du cinéma muet, l'Indien n'y est aucunement le «bad guy». En 1909 par exemple, dans An Indian's Gratitude, c'est le héros indien qui intercède en faveur du «Bad man» pour qu'il soit jugé selon la loi blanche. Notons tout de même que le film est produit par Pathé, société de cinéma française ; c'est donc plus la vision européenne ou en tout cas un point de vue atypique américain qui est exposée dans cette oeuvre. En effet, l'image de l'Indien dans le western est très vite détériorée, il est loqueteux, débraillé, les Peaux-Rouges se manifestent en horde sauvage : c'est l'époque du western des années 30.

On cultive l'image des Indiens comme des sauvages dangereux, féroces contre lesquels il faut être sans pitié car eux-même n'en ont pas. Le blanc est le bon, l'Indien le méchant et le blanc qui tue le plus de méchants Indiens est élevé en héros. Cette époque du western diffuse la célèbre phrase du général Sheridan: « Le seul bon Indien est un Indien mort ». L'Indien se présente alors comme un individu dont les activités essentielles consistent à poursuivre au galop une diligence, à tourner autour d'un convoi de prisonniers, à lancer des flèches enflammées sur le rondins du fort, à danser à la lueur du feu du camps autour d'un prisonnier ligoté au poteau de torture. Il représente une menace permanente, décelable seulement à quelques indices : fumée à l'horizon, une lance fichée en terre, une ferme incendiée, des cadavres transpercés par des flèches. C'est un démon à partie lié avec la Nature qui sait lire le paysage et ses détours. L'Indien dans le western n'est plus qu'un simple accessoire, une silhouette ridiculement costumée et jouée par les figurants les plus laids qui soient. Sa réalité humaine est niée. Dans les années 50 on voit apparaître des western franchement racistes, comme Geronimo de Paul Sloane aux antipodes de la vérité historique, dans lequel Chief Thundercloud joue avec la plus grande cruauté le rôle titre.

Il existe des récurrences « westerniennes » concernant l'Indien qui permettent de le distinguer du personnage blanc. Ces codes ne sont pas spécifiques à une certaine époque. On les retrouve dans tous les westerns mettant en scène des Indiens. Ils sont même pour beaucoup passés dans le langage et l'imaginaire populaire occidental, créant un archétype, engendrant le stéréotype de l'Indien. Le stéréotype ici n'est pas à valeur péjorative, il est caractéristique de la notion de genre et n'est pas propre à l'Indien; il existe aussi un stéréotype du cow-boy, du soldat de cavalerie ou du chauffeur de diligence, même s'ils sont parfois moins évidents. Les stéréotypes de l'Indien sont censés définir tout « un peuple » (qui d'ailleurs n'a de sens comme « peuple » du fait de sa grande diversité) que par l'existence de l'archétype. En effet, ce qui rapproche les Sioux des Apaches, des Cheyennes, des Blackfoot est bien leur appellation commune, attribuée par les colonisateurs européens : ils sont les « Indiens ». Cette catégorisation est bien une activité de réduction, puisqu'elle réduit toute complexité possible à la généralité d'un groupe : On réduit tous les Indiens sous une même image dont quelques traits dessinés permettent de reconnaître une figure bien connu. Au lieu de chercher à comprendre ce qui distingue les différentes tribus d'Amérique entre elles, en ayant comme conséquences de désorienter le spectateur habitués à des codes simples, on préférera les rassembler sous un dénominateur commun, celui de l'Indien. Le stéréotype n'est pas une donnée immédiate : il est le fuit de représentations sociales que le cinéma a largement aidé à propager; et surtout il est difficile de s'en défaire qu'elle que soit la volonté que l'on ait, car il appartient à notre culture, à notre apprentissage sociétal. On retrouve donc dans ce vocabulaire spécifique à l'Indien de nombreux éléments comme son nom : il est imagé, plein d'exotisme et souvent lié au caractère du personnage. Le personnage mentalement attardé dans La Captive Aux Yeux Clairs (Howard Hawks, 1952) se nomme « Poor Devil » (« Pauvre Diable »). à l'inverse des Blancs, les Indiens n'ont que des prénoms, ce qui est une façon de marquer leur infériorité. On attribue aussi des termes particuliers à chacun des éléments de la vie d'un Indien, de manière à également faire la distinction entre sa civilisation et celle des Blancs: la femme Indienne est la « squaw », l'habitat un « tipi » (quelques plans de ces tipis suffisent généralement à dessiner le décors du village Indien), la pipe est un « calumet »... Le Peau-Rouge a un aspect physique bien particulier; le teint basané, il arbore une chevelure noire attachée en queue de cheval dans le dos, il est habillé de vêtements en peau de bison. Il a quelques fois le visage et le corps entièrement recouverts de peintures ce qui évoque sa possible hostilité : la plume sert d'ornement à la chevelure. La coiffe est la propriété du chef de tribu, qui nous sert à le reconnaître. La monture de l'Indien en fait un centaure, mi-homme mi-bête. Un Indien à pied n'a souvent rien de dangereux, celui qui n'a plus de cheval est en partie vaincu: l'Indien monte son cheval a cru, ce qui le distingue encore une fois du cow-boy blanc. D'autres traits sont caractéristiques de l'Indien : celui-ci ne se déplace pas sans son arc et ses flèches. Silencieuses, furtives elles sont le propre d'un ennemi qui prend toujours en traitre la victime. L'archétype de l'Indien n'est pas seulement constitué de ses attributs, il est aussi caractérisé par la récurrence de certaines façons de le filmer. Certains plans sont devenus des « classiques » célèbres (au point parfois de donner lieu à la parodie, ce qui est le propre d'une figure universellement connue) : le Peau-Rouge, à cheval, de profil, se détache, impassible, sur les hauteurs d'une colline, observant, l'ennemi; soudain il donne le signal d'une attaque conçue comme un déferlement sauvage de cavaliers hurlant et galopant en direction d'un groupe, d'un convoi ou régiment de blancs, chez qui il provoque la panique. Cette scène est un passage fréquent du western, variant seulement selon le contexte.

Nous retrouvons cette description dénaturée de l'Indien dans La prisonnière du désert (John Ford) western de 1956 racontant l'histoire d'une famille de pionniers, tous innocents et croyants, décimée par une bande de Comanches qui enlèvent les deux fillettes. Se lance alors sur les traces des ravisseurs l'oncle Ethan. Au cours du film, les Indiens sont constamment présentés comme des sauvages cruels et perfides. Dans la scène du tipi par exemple, lorsque le chef présente ses scalps à Ethan, il apparaît comme un fou, les yeux écarquillés. Et lorsque le jeune demande à Ethan pourquoi le grand chef ne les a pas tué, Ethan lui répond « C'est l'hospitalité, l'hospitalité des Commanches ». La provocation dont fait preuve le chef durant la scène du tipi est donc associée à une forme d'hospitalité ; c'est la seule preuve d'entente dont sont apparemment capables les Indiens. Autre caractéristiques présentées plus haut, celle de l'apparence de l'Indien : dans La prisonnière

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