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Doit On Tout Soumettre À La Raison?

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de la raison (un irrationnel), cela ne peut se faire que dans les termes de la raison et du point de vue de la raison. C’est donc retomber en un sens sous la loi de la raison. C’est la raison qui le permet !

S’il y a lieu de soumettre les choses à la raison c’est en tant que cette raison incarne la possibilité du bien et de la morale. La raison c’est l’expression du bien suprême.

c) L’erreur ou le mal sont eux-mêmes à la recherche d’un intérêt ;

mais ce qui en sont les auteurs commettent une erreur de raisonnement (de calcul).

Leur réflexion est rationnelle par rapport à leurs intérêts personnels (individualité matérielle)

mais leur réflexion adopte un point de vue trop restreint que la Raison désapprouve.

Revendiquer l’indépendance à l’égard de la Raison est toujours une erreur de raisonnement.

La Raison ne peut donc que préconniser la soumission totale à la raison, c’est-à-dire à l’exclusion de tout ce qui nous détourne de notre bien pour nous aveugler par un intérêt trop restreint.

Développement :

A-t-on le devoir de tout soumettre à la raison ? La raison ou la morale nous prescrivent-elle de tout soumettre à la raison ?

On peut se demander d’une part s’il est conforme au projet de la raison d’étendre sa loi sur toute chose ? Le règne de la raison est-il en droit illimité ? Autrement dit, la raison régit-elle toute chose ? Ou encore toute chose est-elle en droit nécessairement soumise à la raison ? N’y a-t-il pas des réalités qui en droit lui échappent ? On peut penser par exemple à l’art, à la passion, à la nature voire à la folie.

Mais si elles échappent en droit à la raison n’est-ce pas aussi en vertu de la raison car la prétention à échapper en droit à la raison n’a de sens que du point de vue de la raison : c’est la raison qui fait le droit. C’est donc avec le consentement de la raison que certaines choses pourraient lui échapper... On ne s’affranchit donc peut-être jamais complètement de la raison.

D’autre part, on peut se demander s’il est raisonnable que la raison prescrive à l’homme qui n’est certes pas toujours raisonnable, de conduire cette vaste entreprise qui consisterait à tout soumettre à la raison. Soumettre à la raison mais à quelle raison ? N’est-ce pas là l’occasion pour l’homme de se livrer à tous les abus ? Agir au nom d’un soi-disant raison n’est-elle pas la meilleure des cautions que l’homme ait trouvé pour donner cours à sa soif d’oppression ? La littérature compte un grand nombre d’exemples de personnes bien intentionnées qui au nom du raisonnable cherchent au mieux à défendre des valeurs conformistes au pire à satisfaire leur esprit de cruauté. (cf. Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë)

Si l’on évite de comprendre la question au sens d’une croisade prescrite par la raison mais seulement au sens d’une obligation pour l’homme de reconduire à la raison tout ce qui le concerne alors la question devient non seulement légitime mais essentielle. Il s’agit alors de savoir si l’homme doit se soumettre entièrement et en tout ce qui le concerne à la raison.

Or n’est-ce pas s’exposer à une impossibilité ou à un paradoxe de vouloir vivre par exemple ses passions sous le régime de la raison ? L’homme n’est-il pas alors ammené à sacrifier une part de lui-même ? Certes, si l’on en croit les psychologues ou les éthologues le coup de foudre expose la relation amoureuse à une vie plus courte mais faut-il pour autant préférer une relation qui s’est tissée autour d’un ensemble d’affinités ou d’intérêts bien compris ? La vitalité et la richesse de l’existence ne viennent-elle pas d’une passion qui obéit à des règles qui lui sont propres et parfois déraisonnables ? La raison elle-même ne trouve-t-elle pas dans la passion le moteur ou encore le moyen d’accomplir ses fins (cf. Hegel) : « Rien de grand dans l’histoire ne s’est fait sans passion ». Il y a dans la passion quelque chose de déraisonnable, d’irréfléchi qui porte l’homme à se dépasser lui-même là où trop de réflexion l’aurait arrêté. Mais si la passion amoureuse est déraisonnable peut-elle sans danger se dresser contre la raison ? On peut supposer en effet la passion privée de raison et cependant en certaines circonstances au service de la raison, comme l’indique la citation de Hegel. Ceci montre d’ailleurs que la passion n’est pas forcément rivale de la raison. Elle se caractérise plutôt par son absence de raison. Or il est

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