Femmes Soyez Soumise À Vos Maris
Dissertation : Femmes Soyez Soumise À Vos Maris. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresvienne me dire encore : Obéissez », à la ligne 37).
Une parole libérée :
La Maréchale dit tout ce qu’elle pense, sans se soucier des convenances et du savoir- vivre. Elle apparaît comme une femme de caractère.
Elle n’hésite pas à évoquer les réalités crues de la vie, sans chercher à les embellir. Elle parle ainsi de la grossesse comme d’une « maladie de neuf mois qui est quelquefois mortelle », elle évoque aussi l’accouchement (« mettre au jour avec de très grandes douleurs un enfant ») puis elle termine en parlant des règles (« des incommodités très désagréables »). Elle présente de plus les particularités physiologiques des femmes comme des inconvénients (voir les champs lexicaux de la maladie et de la souffrance).
Elle peut se montrer très irrespectueuse. Elle se moque ainsi de Saint Paul avec des termes qui connotent tous le mépris : « j’ai jeté son livre », elle le déclare « très impoli », suggère qu’il est « très difficile à vivre » (elle en fait donc le blâme). Elle ajoute avec ironie : « je lui aurais fait voir du pays ».
Ce langage est à l’image de sa vie. La maréchale est une femme libre. Elle fait allusion à ses amants, certes par périphrase, mais n’oublions pas qu’elle parle à un abbé : « Nous nous promîmes d’être fidèles : je n’ai pas trop tenu ma parole, ni lui la sienne » (lignes 31/32). On remarque au passage qu’elle accepte les infidélités de son mari. La seule règle de conduite qui lui semble valable est donc la liberté : elle refuse toute servitude, toute dépendance, comme le montre la question rhétorique de la ligne 32 et l’emploi du terme « esclaves », très fort pour qualifier le sort des femmes (elle veut provoquer l’indignation).
II/ Une femme des Lumières qui cherche à convaincre :
La Maréchale apparaît comme une sorte de Voltaire en jupons !
Elle adopte un raisonnement de type inductif.
Χ Dans tout le texte, elle adopte un mouvement pendulaire qui va alternativement du JE à des termes qui désignent l’ensemble des femmes.
Exemple pour les lignes 25 à 39.
Elle part d’un exemple précis : la femme de saint Paul (« Etait-il marié ? ».
Puis elle se met en situation et formule une hypothèse, comme le montre le conditionnel : « Si j’avais été la femme d’un pareil homme » (ligne 28).
Puis elle raisonne par comparaison avec sa propre expérience : « quand j’épousai M. de Grancey » (+ relever les marques de la première personne).
Enfin, elle généralise ce premier mouvement par le biais d’expressions globalisantes/ génériques : « nous », « la nature » (ligne 38), « pour une femme de qualité » (ligne 35).
Elle utilise ce même mouvement pendulaire entre le « je » et la généralisation dans toute la suite de l’extrait.
Cela lui permet d’être plus convaincante, car elle s’appuie sur son expérience, qui lui sert à analyser la condition féminine dans son ensemble.
Elle reprend méthodiquement les thèses en faveur de l’infériorité des femmes pour démontrer leur fausseté, voire leur absurdité.
Premier argument qu’elle conteste : les femmes doivent dépendre de leurs maris (voir le champ lexical de la servitude).
La maréchale rappelle d’abord les inconvénients d’être femme, en les renforçant par l’emploi des champs lexicaux de la souffrance et de la maladie. Si elles devaient en plus « Obéir », ce serait un inconvénient supplémentaire et intolérable.
Elle utilise ensuite un argument se référant à la nature : la différence entre les deux sexes ne repose pas sur une hiérarchie, mais sur une complémentarité. Elle dit explicitement que la femme est aussi nécessaire à l’homme que l’homme est nécessaire à la femme. Les mots qu’elle emploie insistent sur cette idée de complémentarité : « nécessaire », « union », mais aussi les pronoms réfléchis réciproques (« les uns aux autres »). C’est une manière pour elle de montrer que l’égalité entre les hommes et les femmes est naturelle.
Deuxième argument qu’elle conteste : les hommes sont supérieurs aux femmes.
Elle commence par reprendre la phrase de Molière, mais sans la contextualiser (dans l’Ecole des Femmes, c’est Arnolphe qui prononce cette phrase ; or il est constamment ridiculisé par Molière à cause de ses idées rétrogrades sur l’éducation des filles). Cela lui permet en tout cas de montrer sa culture et de préparer son offensive suivante en faveur de l’intelligence des femmes.
Elle tourne cette idée de la supériorité masculine en ridicule, en disant qu’elle ne leur vient que de leur force physique : lignes 44 à 45.
Troisième argument qu’elle conteste : les hommes sont plus intelligents que les femmes, donc davantage capables de gouverner.
La maréchale détruit cet argument en citant un exemple concret et récent, celui d’une princesse allemande. La multiplication des activités citées, dans des domaines variés (mécénat, éducation, charité…) montre que cette femme exerce un pouvoir politique sensé et ferme.
III/ Une habile oratrice qui recourt à la force persuasive du langage :
Une femme impliquée, qui cherche à impliquer son interlocuteur :
La maréchale est très impliquée dans ce qu’elle dit, très passionnée :
Emploi de nombreux modalisateurs qui manifestent son implication dans la conversation.
Nombreuses marques de première personne pour montrer que la question la touche de près et qu’elle lui tient à cœur.
De nombreux termes traduisent ce qu’elle pense et ressent.
Elle cherche à impliquer son interlocuteur, à faire qu’il se sente concerné par cette question :
La formule « s’il vous plait » (ligne 30) n’est pas une formule de politesse, mais une invitation à l’abbé pour qu’il confirme ses propos.
Abondance de questions rhétoriques qui imposent son opinion comme une vérité.
Elle utilise des hyperboles pour forcer le jugement de l’abbé et le pousser à compatir au sort des femmes, comme lorsqu’elle évoque les « très grandes douleurs » de l’accouchement.
Elle utilise des euphémismes pour éviter de trop choquer l’abbé : « des incommodités » (pour parler des règles », « je n’ai pas trop gardé ma parole » (pour parler de ses infidélités) : elle tient donc compte de son interlocuteur.
Elle mobilise de nombreux registres différents pour jouer sur les émotions de son interlocuteur :
REGISTRE SATIRIQUE : à propos des hommes (lignes 42 à 45).
Elle les réduit à deux attributs physiques (les poils et les muscles) ce qui les fait apparaît comme des brutes qui n’ont de supériorité que dans leur force
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