L'Oeillet

oit notamment à Sartre, à Camus d'être révélé au grand public (Le Grand Recueil en 1961 Le Savon et Nouveau Recueil en 1967).

Admirateur des classiques tels La Fontaine et Malherbe (Pour un Malherbe, 1965), Ponge privilégie comme eux le travail de l'écriture. Curieux des moindres créations de la nature, Ponge applique à leur observation le même soin qu'il met à choisir le lot juste, dont les résonances sémantiques seront les plus riches: O ressources infinies de l'épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l'épaisseur sémantique des mots, s'exclame t-il dans Introduction au galet de Proèmes.

Parce que les mots ne peuvent traduire exactement les mouvements de notre subjectivité, il ne faut plus, selon Ponge, partir du "moi" pour aller vers les choses, mais prendre le "parti" des choses, retrouver les objets à travers la chair des mots qui les nomment: l'"huître", le "cageot", la "bougie". Son évocation méticuleuse, sa peinture pénètre au cœur des moindres objets ou de petits animaux dans un travail savant de personnification et de métaphores surprenant. Dès lors, il s'agit de réinventer le langage poétique: "plus de sonnets, d'odes, d'épigrammes" dit-il, mais des définitions / descriptions, s'attachant, comme dans Le Pain, aux réalités les plus humbles.

Fasciné par l' "aspect sensoriel du monde", il fait naître l'objet dans la sphère du sensible pour devenir "objeu".

Œuvre :

Le recueil qui a rendu célèbre Francis Ponge en 1942 s'appelle le parti pris des choses. Ce recueil possède une valeur de manifeste. C'est-à-dire qu'il y présente ces idées sur la poésie, sa conception de la poésie.

Le titre est tout à fait significatif de ces idées. Il s'agit, en effet, pour lui, de décrire les objets les plus quotidiens en recherchant le plus de précision possible. Ceci afin d'en dégager les caractéristiques essentielles et offrir ainsi aux lecteurs une autre façon de voir ces objets.

Les textes se présentent de façon brève, en forme de prose, mais possédant un aspect poétique.

Intention du poète : ils refusent la poésie traditionnelle et le lyrisme. Il porte un regard nouveau sur les choses de la vie quotidienne, souvent mépriser afin de retrouver devant elle nos facultés d'émerveillement. Il rend compte de la nature profonde des choses par les mots.

Méthode : ils présentent l'objet sous ses différentes facettes, le décrit en tentant en saisir la particularité.

Sens de cette poésie : c'est une réflexion sur un art poétique et sur les pouvoirs de la poésie.

Extrait « l’œillet », lecture analytique :

Notre extrait est présenté sous forme débauche, de note, de réflexions éparses. Le but de l'auteur et de nous ouvrir la porte de son atelier et de nous faire découvrir son travail, la rage de l'expression, le travail de l'écriture, le laboratoire verbal de la création. C'est un nouveau mode d'expression poétique.

Axes de lecture :

I> le genre littéraire

II> ce texte présent une démarche poétique

III> le domaine littéraire et scientifique

I> le genre littéraire

Ce texte est un préambule, son statut est assez difficile à définir, il ne s'agit pas de poésie à proprement parler, mais c'est quand même le but du poème.

Observons la former la structure du texte :

- il est composé de six paragraphes courts et irréguliers qui créent un ensemble assez morcelé.

- il est entièrement écrit à la première personne et la plupart des verbes sont au présent de l'indicatif, quelques-uns à l’infinitif.

- trois paragraphes commencent par une question (1. 5, 17,21) chaque question trouve une réponse dans la suite du paragraphe qu'elle ouvre.

- on peut citer le contenu de chaque paragraphe pour dégager la progression du texte :

Le premier paragraphe énonce une démarche et son contenu.

Le deuxième interroge sur une définition et donne une réponse personnelle.

Le troisième paragraphe, très court, récuse le statut de poète.

Le quatrième reprend la démarche du paragraphe. Il l’explicite, la précise.

Le cinquième interroge sur l'intérêt d'une telle démarche.

Le dernier répond à la question de ce qui est nécessaire à sa réalisation.

 Cela peut donc tout à fait faire penser qu'il s'agit d'un texte informatique qui évoque une préface exposants ces intentions.

 En même temps, ce texte se termine par le mot « poésie », mis en Italique et peut donc être conçues comme un art poétique, puisqu'il expose comment et dans quel objectif composé la poésie.

 Enfin, sa forme renvoie assez clairement à celle du poème en prose. Il est donc difficile de classer ce texte dans un genre littéraire : prose d'idées ou poème en prose.

II> ce texte présent une démarche poétique

La première phrase du texte n'a pas de verbes conjugués. Elle est à l'infinitif : elle seule donc comme l'annonce d'un programme, d'une entreprise, une démarche.

L'expression est explicitée juste après par l'exemple des oeillets : les choses sont difficiles à rendre par les mots lorsqu'il ne s'agit pas simplement de les nommer mais dans donner des particularités. Le défi consiste à trouver des perles exactes pour que le lecteur découvre la réalité précise dont il est question. C'est donc une démarche de définition/de caractérisation des choses par le langage. On retrouve cette idée dans le paragraphe 4, à travers l'expression « qualité vraiment particulière » (ligne 12). L'expression «je n’aurais de cesse » (1 2) souligne l’urgence d'une telle entreprise et correspond, dans la force de l'affirmation, à la notion de rage contenue dans le titre de recueil.

Le paragraphe de commencent par une question qui cherche à donner un nom à cette démarche. La réponse n'est pas simplement « la poésie » ; elle est personnelle, présenté sous forme d'une énumération de thèmes qui ne renvoient pas à des genres littéraires mais à des motivations personnelles. Ce terme donne l'impression qu'il s'agit presque pour Ponge d'une question d’honneur : répondre à un défi, montrer ce dont il est capable, en tant qu'utilisateur du langage.

III> le domaine littéraire et scientifique

Le texte, dans son ensemble, est associé à l'idée d'écrire, de nommer, de définir, est utilisé pour cela le langage. On observe aussi diverses références du domaine scientifique.

Le domaine littéraire : l'idée de littérature est