L'influence des médias sur les choix électoraux
Fiche de lecture : L'influence des médias sur les choix électoraux. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Laura artal • 24 Mars 2024 • Fiche de lecture • 2 849 Mots (12 Pages) • 169 Vues
L’INFLUENCE DES MÉDIAS SUR LES CHOIX ÉLECTORAUX
Lors de l’élection présidentielle de 2022, la forte exposition médiatique et son envolée dans les sondages du candidat polémiste Éric ZEMMOUR peut nous interroger quant à l’influence des médias dans les choix électoraux.
Les médias ont toujours été un élément clé dans les campagnes électorales, en permettant aux candidats de diffuser leur message et aux électeurs de s’informer sur les enjeux et les programmes des différents partis. Cependant l’essor des médias numériques et des réseaux sociaux a profondément bouleversé la manière dont nous accédons à l’information politique, ainsi que la façon dont nous interagissons avec elle. Aujourd’hui, la plupart des électeurs sont exposés à une quantité phénoménale de contenus médiatiques, provenant de sources variées et souvent peu fiable. Afin d’approfondir le sujet, nous allons appuyer cette dissertation sur les écrits de différents auteurs comme Paul LAZARSFELD et Elihu KATZ, co-auteurs du livre “Influence Personnelle : Ce que les gens font des médias“, publié en 1955, ont développé la “Théorie des leaders d’opinion“, ou encore Éric MAIGRET qui appellera cette théorie “Le flux de communication à deux étages“, dans son ouvrage “Sociologie de la communication et des médias“, publié en 2007. Ils démontrent alors que le message délivré par les médias est d’abord filtré par un leader d’opinion, qui va par la suite à son tour filtrer, interpréter et convertir l’information avant de la partager à son entourage. Avec un troisième ouvrage, celui de Pierre BOURDIEU, nous nous intéresserons davantage à l’opinion public, étudié dans son ouvrage “L’opinion publique n’existe pas“, publié en 1984.
Il est donc intéressant de se demander quel est l’impact réel des médias sur nos choix électoraux ?
Pour répondre à cette problématique, nous étudierons dans un premier temps les médias comme vecteurs d’informations (I). Puis dans un second temps, les limites et effets des médias sur les choix électoraux (II).
I. Les médias comme vecteurs d’informations
Lors des élections nous pouvons observer une certaine influence des médias, mais celle-ci reste tout de même indirecte.
A. L'influence des différents médias sur les choix électoraux
Les médias traditionnels, comme la presse écrite, la radio ou la télévision, ont encore un rôle très important dans l’influence des choix électoraux. Ils peuvent atteindre un large public et ainsi avoir un impact significatif sur la façon dont les gens vont percevoir les candidats et les enjeux politiques. La couverture médiatique est ainsi l’une des principales sources d’information pour un grand nombre de personnes souhaitant se renseigner sur les candidats, les enjeux et les évènements liés aux élections. La télévision peut avoir un pouvoir très fort lors des élections présidentielles. Elle permet de diffuser les débats, qui permettront alors aux électeurs de juger les performances des candidats. La presse écrite est également une grande source d’informations. Les éditorialistes peuvent par ce biais exprimer leur soutien ou leur opposition à un candidat ou à une proposition de vote. Leur opinion peut donc avoir un impact sur les électeurs qui lisent ce type de média. Enfin, les médias traditionnels peuvent alors être considérés comme le principal moyen par lequel les candidats diffusent leurs publicités politiques. Ces publicités auront ainsi un impact positif ou négatif sur les électeurs en fonction du public ciblé.
Les nouveaux médias sont, malgré l’expérience des médias traditionnels, venus révolutionner la publicité politique. On a ainsi vu apparaitre les réseaux sociaux, les blogs ou les sites internet. Ils permettent aux électeurs une approche plus “intimiste“ des personnalités politiques. Éric MAIGRET déclarait dans son ouvrage Sociologie de la communication et des médias : “Les médias nous disent ce qu’il faut penser“. Aujourd’hui, les réseaux sociaux modifient les rapports entre le récepteur et le message reçu. Le message tel qu’il est transmis, doit être un message qui doit atteindre sa cible de manière très rapide, clair, … . De plus, ces réseaux sociaux n’apportent pas de nuance, si l’on souhaite suivre le compte d’une personnalité politique, car on adhère à son idéologie, on ne va pas suivre une autre personne. De ce fait, le “fil d’actualité“ des applications, grâce à des algorithmes, va nous proposer du contenu très radical et non diversifié. Sans diversité il est alors compliqué de se faire un avis honnête de la situation politique. Aujourd’hui on observe une individualisation de la pratique médiatique, chacun est alors devant son écran. On se rend alors compte d’une certaine perte de diversité des informations. Avant, il existait tout de même une certaine confrontation puisque l’on était exposés à d’autres médias.
Les médias jouent, depuis toujours, un rôle très important dans la manière dont la communication politique se fait. Les électeurs accèdent ainsi davantage à la vie politique via les médias. Ces moyens de communication élaborent ainsi différentes techniques d’influence pour toujours attirer davantage d’électeurs à s’intéresser à la politique.
B. Les techniques d’influence des médias sur les choix électoraux
Comme dit précédemment, les médias jouent un rôle crucial dans les choix électoraux. Ils peuvent ainsi influence ces choix à travers différentes techniques d’influence, comme la couverture médiatique, la sélection des informations ou encore tout simplement le traitement de l’information.
La couverture médiatique est un point clé de l’influence des médias sur les citoyens. Elle a un pouvoir sur l’agenda politique, c’est-à-dire sur les sujets qui seront discutés pendant la campagne électorale. Les journalistes choisissent alors les thèmes qu’ils souhaitent aborder au cœur de reportages et d’articles, et peuvent ainsi orienter l’attention des électeurs sur certains enjeux plutôt que d’autres. La quantité, ainsi que la qualité de l’information donnée à propose d’un candidat est un grand plus quant à l’influence sur les élections, puisque ce dernier va voir son image et sa popularité propulsées sur le devant de la scène. Cette sélection d’images et d’informations doit alors être subtile et efficace pour influencer l’auditoire. Les journalistes choisissent donc les informations qu’ils vont relayer et peuvent par ce biais choisir de donner une image positive ou bien négative d’un candidat. Dans toutes ces informations sélectionnées, les journalistes peuvent tout à fait omettre des informations qui auront alors l’effet contraire souhaité de base par le journaliste. Certaines informations iront dans le sens du candidat et donc renforceront sa popularité et d’autres pourront alors nuire à son image.
La technique d’influence des médias ne s’arrête pas là, puisque ces derniers font tout afin que le traitement de l’information soit optimisé. Ils n’hésiteront alors pas, lors des débats télévisés, par exemple, à faire du montage afin que certains propos ou actions des candidats soient mis en avant et ainsi orienter l’opinion publique. Les médias n’hésitent pas non plus dans le traitement de l’information, à sélectionner des slogans, des formules chocs ou bien des images fortes pour marquer les esprits de électeurs, toujours dans l’objectif d’orienter leur choix. Ce traitement de l'information, même s’il est abordé en amont par les journalistes, trouvera toujours des personnes qui la reformuleront afin de la diffuser autour d’eux. Paul LAZARSFELD et Elihu KATZ partagent la “théorie des leaders d’opinion“. Le sociologue Éric MAIGRET, nomme cette théorie comme étant un “flux de communication à deux étages“. Selon la théorie, le message alors délivré par les médias, doit tomber dans l’oreille d’un leader d’opinion. Cette personne va filtrer l’information, l’interpréter pour enfin la convertir, avant de la partager autour d’elle. Par exemple, si une personnalité politique annonce la baisse des cotisations. Cette interprétation peut alors être interprétée et filtrée par un leader d’opinion de droite, tout comme par un leader d’opinion de gauche. Ils n’auront alors pas le même avis sur la question et essayeront à leur manière d’influencer, dans leur sens, leur cible, soit ceux qui n’ont pas vraiment d’avis sur le sujet. LAZARSFELD montre que 73% des personnes qui reçoivent des injonctions contradictoires ont un intérêt faible pour la campagne électorale. Donc, la croyance selon laquelle pour se former un avis sur la politique il faut s’intéresser à tous les points de vue, de chaque camp politique, semble plutôt fabriquer l’abstention. Pour LAZARSFELD, il n’existerait pas qu’un seul type de leader d’opinion qui orienterait tout le monde sur tout et tout le temps. Il y a pour lui des leaders ultraspécialisés dans un domaine en particulier, pour lequel on leur reconnait alors une compétence. On peut alors prendre comme exemple, les avis sur les films. Lorsqu’on souhaite aller au cinéma nous allons davantage écouter l’avis de personnes plus âgées, alors qu’en ce qui concerne les affaires publiques et locales, le revenu et le niveau d’éducation, feront de ce leader d’opinion
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