La Théatralité Dans Le Cabinet Du Docteur Caligari De Robert Wiene.
Commentaires Composés : La Théatralité Dans Le Cabinet Du Docteur Caligari De Robert Wiene.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresu à l’intérieur de ceux-ci. En effet, au théâtre cette règles est importante, on l’appelle la régles des trois unités : unité de temps, de lieu et d’action. Dans le cabinet du Docteur Caligari ces regles sont respecter puisque chaque acte dure à peu près une journée, et se concentre sur une action principale : l’arrivée de Caligari et Cesare au village, le meurtre d’Alan, l’enquête, l’enlèvement de Jane ; le cinquième acte constitue le dénouement de l’intrigue et le premier coup de théâtre (la révélation de l’identité de Caligari), et le dernier acte est une sorte d’épilogue, qui constitue un retournement de situation, puisqu’on découvre que les personnages du film sont en fait les patients d’un hôpital psychiatrique. Ces deux coups de théâtre successifs ne font que renforcer la théâtralité de la structure narrative.
De plus, le fait que chaque acte soit délimité explicitement par un carton montre une volonté de casser l’illusion réaliste en rappelant sans cesse qu’il s’agit d’une représentation.
Si la structure temporelle du film est théâtrale, l’organisation spatiale se rapproche aussi de celle du théâtre. On retrouve en effet une unité de lieu : le village d’Holstenwall. A l’intérieur de ce village, on a des lieux récurrents, plus ou moins centraux selon les actes : la fête foraine, la place du village, le commissariat, l’hôpital psychiatrique. Ce sont des lieux de passage où se croisent tous les protagonistes de récit. D’ailleurs, à la fin du film, tous les personnages se retrouvent sur la même scène: l’hôpital psychiatrique, ce qui est typique du dénouement théâtral.
D’autre part, les acteurs jouent géneralement face camera, avec une camera fixe et en plan large, ce qui donne l’impression que les acteurs jouent sur une scène de théâtre. On peut notamment le remarquer dans la scène ou Caligarie arrive au village ou le spectateur a l’impression qu’il avance pour venir se placer en avant scène. Enfin, on retrouve souvent l’idée de scène ou d’estrade tout au long du film.
L’esthétique expressionniste
Cette impression que l’espace du film est une scène de théâtre est renforcée par la mise en scène, les décors et le jeu d’acteurs, qui favorisent la distance entre le spectacle et le spectateur. Cette distance est caractéristique du théâtre, car elle s’oppose à l’intériorité et la proximité que propose generalement le cinéma. En effet, le cinema est habitué à l’utilisation de plans serrés et de décors réalistes afin de plonger le spectateur dans la realité du film afin de s’y confondre.
Ici, Robert Wiene utilise des plans moyens, fixes, où la caméra adopte le point de vue du spectateur de théâtre. Ainsi, il peut y avoir dans un même plan plusieurs actions, entrées et sorties de champs, comme sur une scène. C’est le cas à plusieurs reprises sur la place du village, mais aussi dans la chambre de Jane, par exemple, lorsque Cesare vient pour la tuer : on a au premier plan la jeune femme endormie, et derrière elle, Cesare s’approchant du lit. La profondeur de champ contribue donc aussi à donner un aspect théâtral au film, car tout est donné à voir au spectateur, la caméra ne propose pas une sélection. Bien sûr, on retrouve aussi des gros plans mais ceux-ci nous permettent de voir et d’accentuer l’expression des acteurs, les gros plans sont donc la encore une fois au service de la théâtralité. En effet, le jeu des acteurs est très extérieur et appuyé. La caméra, au lieu de favoriser un jeu sobre, renforce l’exagération des expressions. On peut aussi remarquer un maquillage noir trés renforcer, un maquillage propre au théâtre qui permet justement d’accentuer les mimiques lors des representations pour que tout les spectateurs puisse les voir.
L’esthétique expressionniste qui caractérise le film joue donc en faveur de la théâtralité, au niveau du jeu mais aussi des décors, qui sont essentiellement des toiles peintes, tout comme l’était autrefois les décors de théâtre. Les décors sont démesurés, les perspectives déformées, avec des portes géantes, triangulaires, des murs penchés, etc. Caractéristique que l’on retrouve également dans les tableaux expressionniste. Le film présente en fait des tableaux cauchemardesques, qui ne sont que la projection de la folie du héros. Cette idée que le décor ne doit pas montrer la réalité, mais doit être la projection d’un inconscient ou de la vision des personnages est directement empruntée au théâtre expressionniste.
Le thème du spectacle
On peut voir dans certains passages du film une sorte de mise en abyme du théâtre.
En effet, le docteur Caligari et Cesare sont d’abord des personnages de foire, et ils sont présentés au début du film sur une scène, devant un public. Puis, plus tard, lorsque Cesare commet ses meurtres, il est encore une marionnette qui agit sous le contrôle de Caligari, metteur en scène de l’intrigue. D’ailleurs, à la fin du film, l’hôpital psychiatrique s’avère être un grand théâtre de marionnettes dont Caligari est seul à pouvoir tirer les ficelles, décidant du sort de ses patients.
De même, on a vu que la plupart des plans étaient en axe frontal, caractérisant la vision du spectateur de théâtre. Or, dans les scènes qui ont lieux dans la maison de Caligari, le réalisateur utilise souvent des angles de vue plus complexes, en hauteur, avec un cache sur les bords de la caméra, donnant le sentiment que l’on entre chez lui par effraction. On n’est donc plus dans une esthétique théâtrale, mais ce procédé renforce quand même le thème de la théâtralité, car c’est comme si l’on entrait dans les coulisses du spectacle.
La théâtralité est donc ancrée aussi bien dans la thématique du film que dans sa forme.
D’autre part, on peut faire remarquer pour l’éclairage que Max Reinhardt vient avant tout du théâtre et non du cinema. Le techniques ne sont donc pas les mêmes, il a su apporter son savoir.
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