La Vision Gaulienne De La France

du mémorialiste sa signification et sa vigueur originelle « chacun des fils et chacune des filles de la France » peuvent et doivent espérer en elle. Cette filiation est récurrente dans le SALUT : les combattants sont ses fils qui luttent pour lui rendre sa souveraineté perdue. La patrie quand elle pleure ses fils tombé dans les combats : « avec honneur, avec amour, elles les bercent en son chagrin . Sévère, juste mais compatissante envers ceux qui ce sont égaré dans la collaboration, elle approuve leur châtiments, mais pleure tout bas ses enfants morts. » Quant aux prisonniers et déportés de retour d’Allemagne , la mère patrie les compte parmi ses enfants « les plus chers parce qu'ils furent les plus malheureux ». Pour De Gaulle un profond, affectif, uni la France au français. Le sacrifice n'en est pas exempt car indépendamment même de mourir pour elle, « l’intérêt supérieur de la France est tout autre chose que l'avantage immédiat des français »

II- Une héroisation de la France

Cette France personnifiée à vocation à la « grandeur » et au « premier rang » conformément à son prestige millénaire et au rôle phare qu'elle a joué et qu'elle doit encore joué dans le monde.

→ Un prestige millénaire : La France n'apparait pas comme un pays comme un autre. Elle est une pérennité, une continuité à travers les siècles : « un jour, les larmes seront taries, les fureurs éteintes, les tombes effacées. Mais il restera la France ». Le verbe « restera » exprime bien cette permanence. La France incarne en quelque sorte une éternité historique, c'est pourquoi l'Histoire peut se faire avec ou contre elle mais jamais sans elle. De sa pérennité, la France tire « un prestige singulier » c'est-à-dire exceptionnel et unique. La plus grande accusation que De Gaulle porte contre Pétain est d'avoir en signant l'armistice précisément aliéné « le trésor de la souveraineté française, qui depuis 14 siècles n'avait jamais été livré »

→ Un rôle phare : Aussi la France est elle dépeinte comme une référence pour le monde. Les américains ont de tout temps cultivé une haute idée « de sa valeur et de son énergie ». Le désastre de 1940 les as plongés dans une déception stupéfaite mais au fur et à mesure que ses armées participent à la reconquête de son territoire tous se réjouissent et en attendent aide et peut être même protection « on eut dit que le monde saluait cette résurrection comme une espèce de miracle, se hâtait d'en profiter pour nous remettre là où ils nous avait toujours vu et penser qu'au milieu de ses nouvelles inquiétudes, il aurait besoin de nous. La contre partie en est que la France à des droits que l'Histoire lui a donné et qu'elle entend faire respecté partout ou elle le juge nécessaire et de la manière dont elle l'entend. De Gaulle dit avoir redouté que les trois grands ont conclus « un marché où les droits de la France, la liberté des peuples, l'équilibre de l'Europe risquait fort d'avoir à souffrir »

III)Un culte presque religieux de la France :

L'héroïsation s'épanouit et ce sublime enfin en vénération s'exprimant dans un vocabulaire mystique, celle-ci réalise la fusion, la communion du patriotisme et de la foi.

→ Un vocabulaire mystique : parlant de la France, De Gaulle emploi des mots qui appartiennent au vocabulaire religieux. Il évoque sa foi en elle malgré le désastre de 1940 qui a failli faire disparaître « l'âme de la France ». les termes de « miracle, prodige, résurrection » reviennent très fréquemment dans les Mémoires. C'est ainsi « grâce au sursaut de la résistance et au miracle de notre victoire » que survit la France. Ce vocabulaire religieux se retrouve parfois dans la bouche de ses interlocuteurs, soit que ceci n'est vraiment employé. Dans ses entretiens avec De Gaulle, l'américain Hopkins utilise en effet deux fois le verbe croire pour justifier l'attitude de son pays envers la France et une fois le terme de prodige pour qualifier le redressement de celle-ci comme si beaucoup même hors de la France, voyait quelque chose de religieux, de miraculeux dans le retour de la France sur la scène internationale.

→ le patriotisme et la foi : dès les premières lignes de ces Mémoires de Guerre, De Gaulle écrit qu'il a « d'instinct l'impression que la providence l'a crée (la France) pour des succès achevé ou des malheurs exemplaire (Tome 1 : L'appel). C'est attribué au pays une origine et une destinée exceptionnelle. La France devient fille de Dieu de la providence ». à Alger dans un discours aux accent lyrique. De Gaulle invoquait d'ailleurs « Notre Dame la France » . L'expression est forte mais ambiguë : cette dame est-elle celle que dans la littérature courtoise servait et veinerait les chevaliers du Moyen-Age ? Ou bien est-elle une seconde madone, une seconde vierge Marie ? Le « Te Deum » solennel auquel il assiste le 9 mai 1945 dans la cathédrale Notre Dame de Paris illustre cette fusion de l'Histoire du patriotisme et de la foi : «