La répartition de la valeur dans les filières : exemple de la brique de lait "c'est qui le patron"
Mémoire : La répartition de la valeur dans les filières : exemple de la brique de lait "c'est qui le patron". Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Vaux maxime • 8 Mars 2020 • Mémoire • 19 939 Mots (80 Pages) • 685 Vues
Mai 2018
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La répartition de la valeur dans les filières : exemple de la brique de lait "c'est qui le patron"
VAUX Maxime
Mémoire Bibliographique Tuteur : BONNEFOUS Claire
100ème promotion
Résumé
Assiste-t-on à la fin du modèle laitier français ? C’est la question que l’on pourrait légitimement se poser au vu des multiples crises que traverse le secteur. L’organisation hiérarchique des filières agricoles est de plus en plus contestée par la base qui souhaite une plus juste équité. La colère monte dans le monde paysan face aux revendications de la grande distribution. Dans ce climat déplorable, des initiatives et des projets de loi ont vu le jour afin d’apaiser les tensions. Mais qu’en est-il vraiment, sont-ils viables sur le long terme ?
Afin de répondre à cette question, plusieurs aspects de création et de répartition de la valeur ajoutée vont être évoqués. Pour cela, le mémoire bibliographique va s’appuyer en grande partie sur les Etats généraux de l’alimentation et ses conséquences : nouvelle contractualisation, limitation des promotions et hausse du seuil de revente à perte. Ensuite, nous développerons des initiatives qui tentent d’aller dans le sens d’une rémunération plus juste des agriculteurs à travers les circuits courts, l’agriculture biologique ou des structures organisées telles que l’exemple de « c’est qui le patron ».
Sommaire
Introduction
I - Enjeux et conflits autour de la répartition des valeurs dans la filière
laitière française
A - Organisation de la filière lait
B - La relation conflictuelle entre la production et la distribution
II- Les Etats généraux de l’alimentation
A - La nouvelle contractualisation, élément phare des EGA
B - Projet de loi issue des Etats généraux de l’alimentation
III - Les solutions pour un meilleur partage de la valeur ajoutée
A - La restructuration de la filière laitière française
B - Le développement des circuits courts
C - L’agriculture biologique, une des solutions de demain
D - Un nouveau modèle économique : l’exemple de c’est qui le patron ?
Conclusion
Remerciements
Je tiens à remercier Madame BONNEFOUS pour son accompagnement et sa pédagogie tout au long de la rédaction de ce mémoire bibliographique. Ce fut une chance pour moi de mieux comprendre le contexte agricole dans lequel on se situe. Les nombreuses recherches que j’ai pu faire m’ont permis d’éveiller ma conscience sur ces enjeux cruciaux.
Je tiens également à remercier Madame GIRAUDEL qui m’a épaulé et aiguillé dans mes recherches.
Sigles et abréviations
AMAP : Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne
AOP : Appellation d'Origine Protégée
CEPC : Commission d’Examen des Pratiques Commerciales
Cniel : Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière
Cuma : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole
EGA : États Généraux de l'Alimentation
FCD : Fédération du Commerce et de la Distribution
Feef : La Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France
FNCL : Fédération Nationale des Coopératives Laitières
FNIL : Fédération Nationale des Industries Laitières
FNPL : Fédération Nationale des Producteurs de Lait
FNSEA : Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
LME : Loi de Modernisation de l'Economie
MRCA : Médiateur des Relations Commerciales Agricoles
OFPM : Observatoire de la Formation des Prix et des Marges
OFPM : Observatoire de la Formation des Prix et des Marges
OGM : Organisme Génétiquement Modifié
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
PAC : Politique Agricole Commune
PAT : Projet Alimentaire Territoriaux
PME : Petite ou Moyenne Entreprise
SCIC : Société Coopérative d’Intérêt Collectif
Introduction
Suite à l’avènement du modèle productiviste après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture française a toujours été coutumière de régulières crises, mais depuis plusieurs années la filière laitière française connaît de profondes agitations. Après plus de trente ans de régulation, la filière a dû s’adapter en 2015 à une nouvelle situation inédite pour elle : une économie libérale soumise aux lois du marché. Avec elle, s’accompagnent de nombreux aléas qui auront pour conséquence principale une volatilité des prix du marché et une guerre des prix que se livrent les distributeurs. Ce temps d’adaptation à un nouveau cadre réglementaire a plongé l’ensemble de la filière dans une crise inédite de par son ampleur et sa durée. L’amont est le secteur le plus impacté par la crise et subit de plein fouet les conséquences. Les négociations commerciales sont devenues difficiles avec l’aval entraînant une perte de confiance au sein de la filière. Résultat, le nombre de producteurs français ne cesse de diminuer. Le métier d’éleveur laitier n’est plus garanti dans le temps par une nouvelle génération, car il présente un déficit d’attractivité qui s’est renforcé ces dernières années. En 2016, la moitié des exploitants laitiers ont perçu un revenu inférieur à 364€/mois (Cniel, 2017). Le monde de paysans s’est retrouvé en grande difficulté, ce qui a conduit à créer un climat délétère au sein de la filière. La colère des producteurs s’est notamment concentrée sur l’omerta pratiquée par la grande distribution sur ses marges jugées bien trop importantes. Ils ne sont pas les seuls à se plaindre. De nombreux acteurs du secteur agricole et du secteur agroalimentaire dénoncent la captation de la valeur ajoutée par les échelons intermédiaires (transformation, négoce) et finaux (grande distribution principalement). Il s’est ainsi posé la question d’une répartition plus juste de la valeur ajoutée dans la filière laitière et notamment pour les agriculteurs. Le mémoire bibliographique s’attache donc à présenter les enjeux et les solutions qui existent.
Ainsi, dans un premier temps vous retrouverez une présentation succincte de la filière laitière française et des conflits majeurs qui persistent entre les producteurs et la grande distribution. Cette notion d’une plus juste répartition des valeurs est notamment apparue au cours des Etats généraux de l’alimentation ce qui a permis d’aboutir à la création d’un projet de loi. Et pour finir vous découvrirez quelles sont les perspectives innovantes qui pourraient être mises en place afin de répondre à cette problématique.
Tout processus de production ou de transformation d’un produit conduit à l’apport de richesse nouvelle, appelé également valeur ajoutée. La notion de valeur ajoutée pourrait être définie comme la différence entre le prix de base (appelé également prix brut) d’un produit et la valeur au prix d’achat de ce même produit. La valeur ajoutée est donc un indicateur financier qui exprime la création de richesses brutes d’un produit. Ainsi, pour calculer la valeur ajoutée spécifique d’un produit, on mesure la valeur brute du produit obtenue à laquelle on soustrait les richesses qu’il a fallu détruire pour le produire et le prix d’achat du produit s’il ne s’agit pas d’une matière primaire. Pour généraliser, la valeur ajoutée désigne donc l’accroissement de valeur que le processus de production et de transformation apporte au produit. De cette façon, chaque maillon d’une filière agricole va apporter sa propre valeur ajoutée au produit avant que ce dernier ne soit vendu à prix final au consommateur.
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