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Les Conséquences De La Guerre Froide Sur Le Cinéma

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s plus important dans le monde.

Or ce pouvoir d'attraction et d'accessibilité suscite très rapidement l'intérêt de sociétés qui chercheront à l'utiliser à des fins de propagande, de pédagogie ou de recherche scientifique. Le cinéma est-il encore acteur indépendant lors de la Guerre Froide, ou n'est-t-il pas plutôt devenu une arme idéologique des différents protagonistes cherchant à affirmer leur puissance ? Avant tout, un impact, terme anglicisé, est un retentissement (indirect ou non) d'un événement, d'un processus, d'une activité, d'une infrastructure, en particulier dans le champ politique. Ici, ce sont bien les politiques menées à son égard qui ont révolutionné le cinéma, chaque camp pensant ainsi toucher au plus près le plus grand nombre. Quels sont ces camps ? Il y a l’Ouest et l’Est, se battant pour la domination de leur bloc. Mais il ne faut pas non plus oublier tous ces pays qui ont cherché à se démarquer dans ce conflit bipolaire et à affirmer leur puissance par des outils culturels tels que le cinéma, en particulier le tiers-monde. Dès qu’il y a eu diffusion de ce media dans un pays, le cinéma y est devenu une arme de propagande idéale. Il y a donc un lien si fort entre l’acteur politique et le cinéma que ce dernier semble une partie même de la sphère politique.

Mais, le cinéma reste un art qui cherche à se libérer de toute règle, tout canon conceptuel sous peine d'être détourné de sa recherche de l’esthétique. La sphère politique est-elle parvenue à réduire cet art à une simple représentation de ses idées selon des canons objectifs ? L'artiste qu'est le cinéaste peut-t-il vraiment accepter de laisser son génie se faire diriger par des soi-disant supérieurs ignorants de son activité ? N'y a t il pas, qu'il y ait obéissance ou résistance, travail conjoint de la sensibilité, de l'imagination et de la pensée de chacun permettant une invention rationnelle indissociable de sa société baignée dans cette Guerre ? Cet effort de la part du culturel et du politique a en effet donné vie à un canon original qui sera une toute nouvelle source d’inspiration pour le cinéma moderne. Ainsi, cette politique menée durant la Guerre Froide n’a pas eu des impacts uniquement sur cette durée, elle a donné un tout nouveau visage au cinéma qui même aujourd’hui ne peut se délier de cette influence. C’est donc dans un cadre temporel de la fin de seconde Guerre mondiale à nos jours qu’il faudra nous plonger.

Ainsi, il est bien justifié de se demander en quoi le champ politique a-t-il une influence sur le champ cinématographique dans le cadre de la Guerre froide.

1 « De tous les arts, l'art cinématographique est pour nous le plus important », 1919, Discours pour la nationalisation du cinéma russe

2 « La cinématographie est l'arme la plus forte », 1937, cérémonie d'inauguration de Cinecittà. Cette affirmation fut répétée à outrance par le Duce et affichée sur la plupart des affiches de propagande culturelle

Et il faut alors mentionner l’apparition d’une notion bien particulière à chaque fois qu’il y a besoin d’écrire une action impliquant une « transformation » de la situation ou du dispositif communicationnel : celle de médiation culturelle. En effet, l’Etat impliqué dans une Guerre idéologique a pris le rôle d’un médiateur 3 entre l’offre culturelle et le public, selon un canon qui resta malgré tout le sien. Et c’est bien cette oppression, cette position de juge envers un art qui se veut dénué de lois qui va rendre obsolète ce pacte entre les champs politique et culturel pour la démocratisation du cinéma. Certains cinéastes refuseront ouvertement cet acte « diplomatique » socioculturel intéressé qui entrainerait la destruction des fondements de cet art, pendant que d’autres considérant cette mise en œuvre sociale comme une chance suivront cette révolution de leur milieu. Mais finalement, résistance ou pas, il faudra enfin bien avouer que la Guerre froide fut une révolution pour un cinéma qui médiatisé par les différentes politiques culturelles auprès de son public deviendra lui aussi un médiateur sociopolitique inscrit dans une logique de désengagement de l’art désormais impossible…

I/- Une Guerre idéologique qui mène à une généralisation du cinéma de propagande

Le début de la "Guerre Froide" est caractérisé par une série de tensions dans un contexte où l'affrontement direct n'est plus qu'une solution envisageable à cause de la peur du nucléaire. Partout, il faut donc apaiser les populations critiquant les faiblesses de leur propre camp afin de ne pas perdre sur un terrain où mettre genou à terre peut être fatal. Le cinéma reconnu comme media le plus accessible et le plus pratique dans la diffusion des idées, il sera un des vecteurs principaux des politiques d'endoctrinement des différents régimes instaurés. Mais quel visage revêt cette intrusion du politique dans l'art cinématographique ? On parle de propagande en d'autres termes, et les soviétiques ont été les premiers à en faire l'utilisation abusive dès les années 1920. Cette expérience sera bien évidemment enseignée aux pays qui rejoindront la construction du bloc soviétique dans le but d'endoctriner la population. Mais leur rival étatsunien voyant la force de cet art va très vite se battre sur le même terrain. Cet affrontement sera encore un levier pour les nouveaux régimes totalitaires instaurés dans le tiers-monde qui chercheront eux aussi à assoir leur autorité sur un peuple qui pourrait contester leur force.

Le bloc soviétique et une propagande installée à travers tout son espace à partir de ses organes de censure

A la suite de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS sort du conflit comme le « libérateur » des pays de l'Est qui étaient alors sous contrôle nazi. L’Armée Rouge est accueillie à bras ouvert et Staline profite de ce prestige soviétique pour annexer cette partie de l'Europe nouvellement libérée. Il crée des Etats satellites de Moscou et impose son idéologie communiste sur l'ensemble de ce nouveau bloc par le biais notamment du cinéma qu'il utilise comme outil de propagande. Il nationalise rapidement la production, la distribution ainsi que l’exploitation cinématographique des pays annexés ce qui permet au pouvoir soviétique d'avoir un contrôle clair et inflexible de la production cinématographique soviétique :

3 en terme de médiation artistique, le médiateur se fait l'interprète de l'art et des artistes auprès des spectateurs pour une meilleure compréhension de leur part. En pratique, il étudie les publics de la culture, il conçoit des projets culturels et artistiques dans une logique d'accès au public concerné, et veille au bon déroulement de la mise en œuvre de ces projets et actions. Son but global est l'adéquation entre l'offre et la demande culturelle. Il s’agit bien du rôle des Etats qui durant la Guerre Froide ont rapproché le public à un cinéma qu’ils ont adapté à sa demande, mais aussi à la leur bien évidemment…

En Tchécoslovaquie, le 11 août 1945 par Lubomir Linhart, alors que le pays ne tombera aux mains des communistes que 3 ans plus tard.

En Pologne avec loi de novembre 45 fondant Film Polski qui centralisa toutes les productions, répara tous les studios suite aux ravages de la guerre et fondera l’école de cinéma de Lodz en 1948

En Hongrie, un peu plus tard en 1948. En effet la nationalisation ne semblait au début pas nécessaire pour un cinéma d’ores et déjà conquis grâce aux privilèges qui lui furent accordés.

En effet, la liberté culturelle en Europe de l’Est fut assez respectée tant qu’elle ne constituait pas une menace pour les soviets qui maintenaient leur contrôle des studios afin d’en faire une meilleure propagande. Avec de nombreux crédits, une liberté encore assez importante et plus de sécurité salariale, le cinéma ne cherchera pas à s’opposer aux régimes mis en place qui font du cinéma « le second foyer de l’ouvrier ». Dans ce nouveau système, l’activité cinématographique aura vite conscience de ses privilèges liés à son rôle clé dans la propagande, elle constituera alors une Nomenklatura culturelle très importante.

Ainsi, un canon de films de propagande naquit durant cette période de 1945 à 1956, d’abord de manière spontanée puis sous la vindicte du pouvoir censorial qui à partir de 1948 se montrade plus en plus féroce vis-à-vis de certains cinéastes de moins en moins enthousiastes. Cette politique entraina d’ailleurs la production à partir de 1948 de piètres films que le public va bouder au profit du cinéma étranger. Toute cette technologie donnée à ces pays de l’Est à la sortie de la seconde Guerre mondiale pâtit donc de cette censure qui limite leur réussite. Ainsi, la phase de l’immédiat après-guerre démocratique fut bien courte, on retourna vite au traditionnel discours d’éloge. Entre autres, la délation sera un classique chez les cinéastes, en particulier tchécoslovaques, soucieux de conserver leurs privilèges.

En 1956 va s’alléger la censure qui se montrera bien plus feutrée dans son droit de regard. Mais la création d’un cinéma de plus en plus contestataire effraya le pouvoir, contraint d’utiliser la force lors du Printemps de Prague.

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