Nuit Rhénane

comme légendaire.

→ Pourquoi légendaire ?

Le chiffre 7 est un chiffre symbolique et magique.

La lune est un astre féminin (la) mais froid (contrairement au soleil). La lune est associée à l’idée de mort et de maléfices.

Les femmes aux cheveux verts sont les ondines des récits germaniques qui vivent au fond des eaux où elles attirent les hommes qu’elles gardent prisonniers.

- Ces figures magiques ont une véritable liaison avec le poète. Cette liaison rend le lecteur mal à l'aise parce que ces femmes fées (V.12) /sorcières (V.4) émanent à la fois l’amour et la mort.

- Ce malaise est renforcé par

les allitérations en v (" mon verre est plein d'un vin... ") et les voyelles nasalisées.

La comparaison du V.1 ‘un vin trembleur comme une flamme’

‘le tremblement’ est lié à un climat émotif et à une certaine frayeur.

‘le vin’ - l’alcool est le maître mot du recueil.

‘la flamme’ renvoie au feu et à toutes ses déclinaisons symboliques.

3) La répétition ‘Le Rhin Le Rhin’ V.9

II / L'univers rassurant du réel

- Mais l'auteur revient rapidement au monde du réel, qui s'oppose au monde fantastique.

- Principalement par les femmes sages et stéréotypées :

" les filles blondes au regard immobile et aux nattes repliées " V.7/8

Chez les ‘fées aux cheveux verts’, la longue chevelure déployée était connotée comme un élément de dangereuse séduction. Ici, les nattes blondes relevées et le regard immobile (et donc neutre) sont signes de pureté.

- Il y a aussi le rejet du monde précédent, du monde fantastique :

"Que je n'entende plus le chant du batelier " V.6

- La première strophe est aussi rejetée par les sonorités.

En effet, le rythme nerveux du premier vers de la 2ème strophe marque une rupture avec la strophe précédente.

III / L'ivresse et le rire

- Le poème s'ouvre en fait au premier vers sur le vin (son inspiration ?); ce thème n'est continué que dans la 3ème strophe et le dernier vers.

- La troisième strophe est en fait un récapitulatif du poème et de la poésie d'Apollinaire en général. En effet, c'est un monde mystique où se mélangent

1) les oxymores poétiques " Le Rhin le rhin est ivre... " V.9

2) les lieux-communs poétiques " l'or des nuit "

3) les figures légendaires " les fées " et les éléments bien réels ‘Le Rhin... où les vignes se mirent’ V.9 (le Rhin est une région viticole).

- De plus, toute la poésie d’Alcools procède de cette métamorphose du réel en langage, de souffrance vécue (l’amour pour Annie) en sublimation poétique, de délivrance par les mots.

C’est ici bien le cas : l’irréalité de la scène décrite dans ‘Nuit rhénane’ et son caractère purement onirique et verbal sont manifestes dès le Vers 2.

1) C’est une chanson qui en déroule les images.

2) Les personnages en sont de pure fiction légendaire et pourtant, ils suscitent le trouble du narrateur.

3) La structure même du récit (la mise en abyme) placent le texte sous l’angle d’une illusion mais d’une illusion dont le ‘je’ ne peut se déprendre.

4) Un choix des mots rares amplifie l’impression d’alchimie poétique au service de l’évocation irréelle : ‘trembleur’, râle-mourir’, ‘incantent’ participent du climat d’étrangeté.

- Mais ce poème libérateur, amenant le rire, se brise en même tant que celui-ci : le dernier rire, l'éclat, brise le verre, l'alcool, l'inspiration du poème et donc le poème lui-même.

Les trois premières strophes sont d’ailleurs figées dans un présent de l’indicatif qui semble enfermer le ‘je’ dans une réalité pesante dont il ne pourra s’évadé que dans le passé composé, inattendu et libérateur, de la chute finale.

- Le verre en se brisant témoigne de la force des incantatrices et de leurs sortilèges. Le récit du batelier traverse l’écran de la fiction pour investir le réel. Le narrateur-poète, sous l’effet du récit, des visions qu’il lui impose, de l’ivresse qui les entretient,