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Peut On Desirer L' Impossible ?

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i permet de choisir en connaissance de cause. La conscience permet à l'Homme de se représenter aussi bien le monde que lui-même. Être conscient, c'est non seulement vivre, penser, agir, désirer, mais c'est surtout en avoir le savoir. Voilà ce qui semble a priori distinguer l'Homme de l'animal, et ce qui lui permet de rechercher non pas son malheur, mais ce qui lui engendrera satisfaction. En l'espèce, un désir satisfait, un désir que l'Homme par la recherche est parvenu à atteindre, c'est l'acquisition d'un plaisir véritable, c'est une source de joie dont l'Homme se contente. Or, si l'Homme en venait à désirer l'impossible, s'il se bornait à rechercher un dessein avec la conscience qu'il n'a pas les compétences adéquates pour le satisfaire, il s'assurerait un malheur intrinsèque. Comment pourrait-il se réjouir d'un échec déjà programmé ? D'ailleurs, la pensée stoïcienne martèle que désirer l'impossible serait source de malheur.

L'Homme par son intelligence et par la peur de la souffrance et du malheur recherche ce qui fera son bonheur et le contentera. Justement, lorsque l'Homme juge une chose bonne, cela vient sans doute du fait qu'il la désire. Sans quoi elle ne lui ferait ressentir que dégoût et il s'en détournerait. Le désir par définition est plaisir et dans la recherche, et dans l'instant où il est satisfait. En effet, l'Homme ne peut satisfaire que ce qu'il juge bon pour lui, sans quoi le malheur l'envahirait. C'est ce qu'affirme en l'espèce Spinoza au livre III de son Éthique où il assure que nous ne désirons pas une chose parce qu'elle est bonne, mais au contraire nous la jugeons bonne, parce que nous la désirons. Le désir chez Spinoza est producteur de valeur, il « n'est rien d'autre que l'essence même de l'Homme » selon lui.

Le désir semble donc conduire l'Homme au bonheur, d'une part en ce qu'il l'éloigne de l'ennui et du malheur, d'autre part en ce qu'il lui permet de s'affirmer en être intelligent qui sait ce qui est bon pour sa personne. Mais ne serait-ce pas là oublier que l'Homme est entaché de défauts, dont l'orgueil, l'imagination, et même d'un désir qui pourrait dépasser la volonté ?

II] Le désir, un acte reflétant l'orgueil et l'imagination de l'Homme

Si l'Homme est capable par son intelligence de désirer dans une juste mesure, c'est l'imagination et l'orgueil qui font que, parfois, le désir dépasse la volonté éclairée.

L'Homme veut son bonheur, il veut éloigner de lui tout malheur, mais de fait n'en oublie-t-il pas autrui par excès d'orgueil ? En voulant repousser tout ce qui pourrait lui nuire, l'Homme n'attise-t-il pas ce qu'il y a en lui de sombre ?

Par définition, le désir nait d'un manque. Certes l'Homme éprouve du plaisir en voulant satisfaire ce qu'il a jugé bon, mais il n'en demeure pas moins que ce manque le fait souffrir. Aussi, cela alimente l'envie d'être toujours plus heureux, cela alimente donc l'orgueil, c'est-à-dire une opinion très avantageuse de soi, par laquelle on se place au-dessus des autres. Ne vouloir que son propre bonheur, c'est écarter par la même autrui et se placer au centre de nos préoccupations. Le désir semble dès lors favoriser l'estime de soi. Cet orgueil amenant l'Homme à désirer toujours mieux fait de l'imagination le centre des désirs les plus extravagants. L'Homme ne serait-il pas prêt à tout pour être heureux ? Pascal, dans ses Pensées, met justement l'Homme en garde vis-à-vis de son imagination : « C'est cette partie dominante dans l'Homme, cette maitresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours, car elle serait règle infaillible de vérité si elle l'était infaillible du mensonge ». Pascal montre ici que l'imagination peut certes nous permettre de se projeter dans ce qui peut advenir. Mais l'imagination, alimentée par l'estime de soi, peut nous tromper.

Désirer l'impossible peut donc, si l'Homme éloigne de lui l'orgueil, nous amener à nous dépasser, à nous perfectionner. L'Homme en ce qu'il est libre, en ce qu'il possède une volonté éclairée par la raison, peut s'améliorer. Et comment se perfectionner si ce n'est en cherchant à dépasser ses limites ? Désirer l'impossible, ce serait dès lors désirer ce que à l'instant « X » l'Homme ne semble pas capable de satisfaire. Ne chercher à atteindre que ce qui semble plausible, ce serait sans doute réducteur par rapport aux capacités de perfectibilité de l'Homme. Rousseau, justement, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les Hommes, met en lumière cette faculté qu'a l'Homme de pouvoir se perfectionner. Selon lui, ce qui caractérise l'Homme est sa perfectibilité. Ce faisant, par son imagination, l'être humain est à même de voir a priori quel désir il peut satisfaire, même si celui-ci semble impossible.

De ce fait, l'Homme, malgré son orgueil et ce qui peut le tromper, est à même de désirer l'impossible si celui-ci recherche humblement à se perfectionner. Pourtant, l'Homme qui par le désir cherche à être heureux, en oublie la source du véritable bonheur : désirer l'impossible ne serait alors que vanité.

III] Désirer l'impossible, un but vain car éloignant l'Homme du bonheur véritable

Si l'Homme par le désir recherche le bonheur, alors il en oublierait l'essence même du désir, à savoir qu'il est sans fin et ne procure qu'un plaisir instantané.

L'Homme, comme on l'a démontré, peut désirer l'impossible. Par le fruit de son imagination, il peut aussi bien se perfectionner et atteindre le plaisir, que subir le malheur de l'échec. Ce sont en effet les aléas de ce désir, qui par essence est pauvreté et richesse. Platon le représente dans le Gorgias comme le tonneau percé des Danaïdes, toujours plein, toujours vide, impossible à remplir. En effet, un désir en entraine un nouveau dès que celui-ci est satisfait. Cet éternel recommencement, cette envie du toujours mieux, du toujours plus, peut certes procurer des plaisirs momentanés, mais le bonheur ne doit-il pas être durable ? Effectivement, l'Homme peut se dire heureux s'il l'est de façon constante, sans quoi le bonheur n'existerait qu'au sein d'un malheur qui revient sans cesse. D'ailleurs, Hegel, dans propédeutique philosophique, affirme que « le bonheur n'est pas seulement un plaisir singulier, mais un état durable.» Le bonheur que procure donc le désir, même s'il résulte d'un dépassement de soi, de la réalisation d'un désir a priori impossible, ce bonheur n'est qu'éphémère, il n'est

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