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Recherche de Documents : Utilisateur. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresaconte et que le récit montre »5, nous devons voir le jeu
du comme si à partir du « pacte implicite passé entre l’écrivain et son lecteur »6.
« Ce qu’il faut en effet déplier […] c’est précisément le lien tissé entre
lisibilité et visibilité au niveau de la réception du texte littéraire »7.
Les associations entre l’histoire et la fiction, d’où résulte la représentativité
de l’imagination historique, sont dorénavant faites afin de mettre en évidence une
nouvelle caractéristique de l’histoire, qui « assume simultanément les deux formes
du récit, évocateur d’absence, et de l’icône, porteuse de présence réelle »8. Le
pouvoir de persuader sur la représentation tient maintenant de la rhétorique
narrative. Ainsi, la représentance, perçue comme intentionnalité historienne,
rassemble des qualités qui révèlent la capacité de la narration de dissoudre
presque la frontière entre la fiction et la réalité. Cette vraisemblance est mise sur
le compte de la mimèsis, qui oscille entre l’imitation-copie et la refiguration de
3 ibid., p.324.
4 Louis Marin, Le portrait du roi, Paris, Ed. de Minuit, p.11, cité par P. Ricoeur in op. cit., p.344.
5 P. Ricoeur, op. cit., p.348.
6 ibid., p.339.
7 ibid., p.341.
8 ibid., p.345.
IV. Récit, narration et fiction
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l’événement. Pour arriver de la mimétique iconique à la mimétique fantasmatique,
il faut instaurer une hétérologie minimale dans l’imitation, nous dit Ricoeur : « De
toute façon, un récit ne ressemble pas à l’événement qu’il raconte […] »9.
L’analyse de Paul Ricoeur se situe entre deux domaines dont les
compatibilités sont parfois discutables. Il est facile de faire des analogies entre les
données philosophiques, plus précisément celles de la phénoménologie, en faveur
de la critique littéraire et de la narratologie. Il ne faut surtout pas oublier que les
questions très pointues de la philosophie dépassent les concepts que la littérature
véhicule, soit par défaut de précision, soit par les différences de connotation. Le
courage de Ricoeur est de surmonter les difficultés d’une analyse en créant une
« conversation triangulaire entre l’historiographie, la critique littéraire et la
philosophie phénoménologique »10. De cette façon, des questions parfois
inappropriées dans le contexte difficile de la philosophie phénoménologique
trouvent un écho dans le discours de Temps et récit. Un premier exemple serait
celui où le critique nous met en garde sur les écarts qui se produisent entre la
pensée husserlienne et la voie analytique littéraire ouverte par les notions de
temps raconté et de temps racontant, correspondant à la représentation du
passé :
« Mais il faut avouer que Husserl ne s’écarte guère de la reproduction à
l’identique du même passé présenté et re-présenté, ce qui limite
considérablement la puissance fondationnelle de cette analyse par rapport
à la critique littéraire »11.
Ainsi, les questions qu’on pourrait se poser en ce moment – « en quoi le
souvenir est-il original, tout en étant non-originaire ? » ou bien « peut-on
représenter et en même temps produire ? » – s’avèrent dépourvues de sens dans
le contexte husserlien, mais gardent leur intérêt pour la critique narrative. Nous
devons expliciter tout cela.
Les notions de temps raconté et de temps racontant supposent tout d’abord
9 ibid., pp.365-366.
10 Paul Ricoeur, Temps et récit I, p.125.
IV. Récit, narration et fiction
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un positionnement du sujet récepteur par rapport à la situation envisagée ; puis il
s’agirait aussi de la place que Ricoeur accorde au récit (historique et de fiction)
gouverné par l’acte de la narration.
Le temps est analysé dans le troisième volume du philosophe français sous
deux angles principaux qui prennent en compte les théories husserliennes et
kantiennes. Une idée qui reste à la base de la démarche critique est celle
concernant l’approche entre le temps objectif et le temps immanent, le dernier
servant de support à la réalité phénoménologique, cette fois-ci dans une
perspective où l’on se rapproche du domaine de la narratologie. Elle vise la
dichotomie souvenir primaire / souvenir secondaire (et par extension celle de
présentation / re-présentation) sensée engendrer la dichotomie originaire / original
indispensable à la création du récit fictif. Le premier niveau de rétention ne permet
pas des interventions dans le contenu du flux du tempo-objet. En allant plus loin,
nous rappelons l’activité mimétique qui pointe par la re-présentation la distance
prise entre l’objet et la copie, d’autant plus que cela se fait à partir de la nonprésence.
La mémoire ne peut être reproductive, elle sera donc re-constructive,
donc créatrice. Dans cette lignée, Ricoeur insiste sur l’importance des continuum
dans la définition du temps husserlien, et remarque le fait que l’objet temporel est
allié aux idées de différence et de laps de temps. Entre le maintenant et le toutjuste-
passé il y a un moment de différence qui contribue à l’apparition de la
conscience d’un avant et d’un après, liés indispensablement au souvenir primaire.
Si Husserl posait le signe d’égalité entre la conscience primaire du passé et la
perception « comme l’acte constituant originairement le “maintenant” »12 c’était
dans le but de voir le souvenir primaire en tant que perception unique à travers
laquelle le temps passé est constitué « non pas de façon représentative, mais au
contraire présentative »13. Ce qui renvoie à l’originarité de l’impression et à
l’instant individuel objectif auxquels nous allons revenir plus loin.
La re-présentation sera par la suite considérée comme créatrice. Mais le
même terme de re-présentation est assimilé dans un sens plus large à
11 P. Ricoeur, Temps et récit III, pp.54-55, note de bas de page.
12 E. Husserl, cité par P. Ricoeur, Temps et récit III, p.53, note 2.
13 Idem
IV. Récit, narration et fiction
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l’imagination14. Husserl précise que le terme d’imagination correspond soit à une
re-présentation en personne, soit à une re-présentation de type figuration par
image, mais qu’il n’est jamais synonyme de souvenir. Ainsi, le re-présenté « se
présente « sous forme d’une image de l’imagination », ou encore est figuré dans
une apparition imaginative »15. La re-présentation devient simplement dans ce
contexte représentation (figuration) symbolique ou vide de l’objet. Husserl fait bien
la distinction
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