Andromaque
Compte Rendu : Andromaque. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires'Andromaque, Céphise, l'encourage à suivre les conseils ironiques d'Hermione en acceptant de rencontrer Pyrrhus.
Scène 6 : Andromaque supplie Pyrrhus de lui garder un fils.
Scène 7 : Pyrrhus renouvelle son ultimatum.
Scène 8 : Andromaque décide d'aller se recueillir sur le tombeau d'Hector.
Acte IV
Scène 1 : Andromaque a pris sa décision : elle épousera Pyrrhus, mais se tuera aussitôt après la cérémonie ; Céphise veillera sur Astyanax.
Scène 2 : Par son silence, Hermione inquiète Cléone, puis elle réclame Oreste.
Scène 3 : Comme preuve d'amour, Hermione demande à Oreste de tuer Pyrrhus.
Scène 4 : Vainement, Cléone tente de montrer à Hermione son imprudence.
Scène 5 : Avant son mariage avec Andromaque, Pyrrhus veut se justifter auprès d'Hermione : il ne l'a jamais aimée. Elle lui crie sa propre passion, le menace. Phœnix prend peur, mais Pyrrhus reste indifférent.
Acte V
Scène 1 : Hermione se demande si elle veut ou non la mort de Pyrrhus.
Scène 2 : Cléone, en lui racontant la cérémonie du mariage, excite sa colère.
Scène 3 : Oreste vient chercher sa récompense, la main d'Hermione, en annonçant comment il a fait tuer Pyrrhus. Furieuse, elle le chasse.
Scène 4 : Oreste exhale son désarroi
Scène 5 : Quand Pylade annonce à Oreste le suicide d'Hermione, il devient fou.
Analyse
Intérêt de l’action
La pièce est inspirée d'un passage de l'”Iliade”.
“Andromaque” fut le premier chef-d'œuvre de Racine, un chef-d'œuvre qui renouvelait le genre tragique. C’est une tragédie régulière qui observe bien les règles de :
- l’unité de temps : Autrefois, a eu lieu la guerre de Troie : «dix ans de misère» (vers 873). Mais l’action se déroule en une seule journée : «J’ai moi-même, en un jour,
sacrifié mon sang, ma haine et mon amour» (vers 1123-1124).
Et le lendemain, Astyanax sera reconnu «roi des Troyens» (vers 1512).
- l’unité de lieu : «La scène est à Buthrote, ville d’Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus.» Mais Troie est évoquée par Andromaque : «Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle...» (vers 997) - «venger Troie» (vers 1592).
- l’unité d’action : La pièce déroule un cycle infernal où le destin («Hélas ! qui peut savoir le destin qui m’amène?» (vers 25), met en branle une chaîne d’amours insatisfaits (Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, veuve inconsolable d'Hector, chaîne amoureuse à sens unique sans autre issue que le sang), pousse Oreste, qui aime Hermione («La fléchir , l’enlever, ou mourir à ses yeux» - «Tel est de mon amour l’aveuglement funeste» (vers 481), à la poursuivre ; mais elle aime Pyrrhus sur lequel elle agit ; comme il aime Andromaque, il exerce une pression sur elle, qui est soumise, d’une part, à l’attrait de la mort que lui inspire le souvenir d’Hector :
«Ma flamme par Hector fut jadis allumée ;
Avec lui dans la tombe elle s’est enfermée»
(vers 865-866)
et, d’autre part, à l’attrait de la vie au nom d’Astyanax : «Mais il me reste un fils» (vers 867). Et c’est l’hésitation d’Andromaque entre ces deux forces qui provoque le revirement de Pyrrhus, le retournement du quadrille tragique.
Le couple Andromaque-Hector, représenté par Astyanax (toujours invisible et toujours présent) triomphe de Pyrrhus («Il expire...», vers 1495-1520), d’Hermione («Elle meurt?», vers 1604-1612), d’Oreste («Il perd le sentiment», vers 1645).
Au XVIIIème siècle, où le souci des règles classiques paralysait encore le jugement, Voltaire (dans ses “Remarques sur le Troisième Discours du poème dramatique”) critiqua l'unité d'action, le mélange des genres, la préciosité ; il avoua néanmoins son admiration en termes élogieux : «Il y a manifestement deux intrigues dans l'”Andromaque” de Racine, celle d'Hermione aimée d'Oreste et dédaignéede Pyrrhus, celle d'Andromaque qui voudrait sauver son fils et être fidèle aux mânes d'Hector. Mais ces deux intérêts, ces deux plans sont si heureusement rejoints ensemble que, si la pièce n'était pas un peu affaiblie par quelques scènes de coquetterie et d'amour plus dignes de Térence que de Sophocle, elle serait la première tragédie du théâtre français.»
Intérêt philosophique
Ainsi la morale est sauve : les passionnés reçoivent leur châtiment, et le janséniste Nicole eut tort de voir, dans tout auteur dramatique, «un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles.»
Destinée de la pièce
“Andromaque” remporta immédiatement un triomphe, les premiers spectateurs appréciant son efficacité pathétique, le chant funèbre et les lamentations d’Andromaque constituant un attrait aussi marquant que la fureur finale d'Oreste. De ce fait, elle inquiéta. Lui reconnaître trop de qualités risquait de contrister un Corneille sexagénaire à qui l'on savait gré d'avoir charmé durant tant d'années. D'autre part, était-on bien sûr que l'oeuvre de Racine répondait aux règles? Il ne suffisait pas qu'elle plût, encore fallait-il plaire selon la bonne formule.
Dès 1667, Subligny attaqua le jeune auteur dans “La folle querelle”. Il le montra en contradiction avec Aristote, inférieur à Corneille ; bref, il cherchait à lui interdire l'entrée du salon réservé aux maîtres. Il reprochait à Racine d’accorder à l'amour une place trop grande, invraisemblable : «L'amour est l'âme de toutes les actions de Pyrrhus, aussi bien que de la pièce, en dépit de ceux qui tiennent cela indigne des spectateurs.» Corneille n'avait-il pas affirmé que l'amour est «une passion trop chargée de faiblesse» pour constituer le ressort d'une oeuvre tragique? Par ailleurs, Pyrrhus est trop brutal pour un personnage de son rang : «Ceux qui louent le reste de la pièce ont tous condamné sa brutalité, et je m'imagine voir un de nos braves du Marais, dans une maison d'honneur, où il menace de jeter les meubles par la fenêtre si on ne le satisfait pas promptement.»
Plus objectif, Saint-Évremond salua les beautés de la tragédie, mais hésitait à se prononcer entre Racine et son grand aîné : «À peine ai-je eu le loisir de jeter les yeux sur “Andromaque” et sur “Attila” [tragédie de Corneille jouée le 4 mars 1667 par la troupe de Molière] ; cependant, il me paraît qu'”Andromaque” a bien l'air des belles choses ; il ne s'en faut presque rien qu'il y ait du grand. Ceux qui n'entreront pas assez dans les choses l'admireront ; ceux qui veulent des beautés pleines y chercheront je ne sais quoi d'attrayant qui les empêchera d'être tout à fait contents. Vous avez raison de dire que la pièce est déchirée par la mort de Montfleury [comédien qui prétendit être mort à cause de la pièce], car elle a besoin de grands comédiens qui remplissent par l'action ce qui lui manque ; mais, à à tout prendre, c'est une belle pièce, et qui est fort au-dessus du médiocre, quoique un peu au-dessous du grand.»
En 1672, après la représentation de “Bajazet”, Mme de Sévigné acceptait Racine, mais le plaçait nettement au-dessous de l'inégalable Corneille : «”Bajazet” est beau ; j'y trouve quelque embarras sur la fin ; il y a bien de la passion, et de la passion moins folle que celle de “Bérénice” : je trouve cependant, selon mon goût, qu'elle ne surpasse pas “Andromaque” ; et pour ce qui est des belles comédies de Corneille, elles sont autant au-dessus [sous-entendons : «de celles de Racine»] que celles de Racine sont au-dessus de toutes les autres. Croyez que jamais rien n'approchera (je ne dis pas surpassera) des divins endroits de Corneille.» (à Mme de Grignan, 15 janvier 1672).
Quelques mois plus tard (16 mars 1672), la marquise prononçait son jugement définitif sur les deux rivaux : «Ma fille, gardons-nous bien de lui [Corneille] comparer Racine, sentons-en la différence. Il y a des endroits froids et faibles, et jamais il n'ira plus loin qu'”Alexandre” et qu'”Andromaque” [ ... ] Racine fait des comédies pour la Champmeslé : ce n'est pas pour les siècles à venir. Si jamais il n'est plus jeune, et qu'il cesse d'être amoureux, ce ne sera plus la même chose. Vive donc notre vieil ami Corneille !»
Quant au pamphlétaire Barbier d'Aucour, huit ans après la première d'”Andromaque”, il continuait de s'en moquer. Racine avait des ennemis intraitables qui ne lui pardonnaient pas plus ses succès à la scène que la désinvolture de sa conduite :
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