Beaudelaire: Spleen

es amants, courtisée par mes courtisans. Tu seras la reine des hommes aux yeux verts dont j'ai serré aussi la gorge dans mes caresses nocturnes ; de ceux-là qui aiment la mer, la mer immense, tumultueuse et verte, l'eau informe et multiforme, le lieu où ils ne sont pas, la femme qu'ils ne connaissent pas, les fleurs sinistres qui ressemblent aux encensoirs d'une religion inconnue, les parfums qui troublent la volonté, et les animaux sauvages et voluptueux qui sont les emblèmes de leur folie."

Et c'est pour cela, maudite chère enfant gâtée, que je suis maintenant couché à tes pieds, cherchant dans toute ta personne le reflet de la redoutable Divinité, de la fatidique marraine, de la nourrice empoisonneuse de tous les lunatiques.

Dans ce poème, Baudelaire cherche à dévoiler la dualité de la femme personnifiée par l’enfant qui évolue progressivement. Il débute le poème en évoquant le conte, le merveilleux, la grâce de l’enfant touchée par la Lune puis évolue vers une vision dans laquelle la femme deviens plus monstrueuse, capricieuse et imposante contaminée par la Lune.

Le comportement méprisant et l’humeur changeante de la femme envoûte le poète, le consume jusqu’à le mettre sous l’emprise de la Lune, le rendre à son tour lunatique à l’instar d’une pandémie.

J’ai choisi ce poème car il reflète nettement l’état de malaise qui habite perpétuellement le poète et qui a justifié l’écrit du Spleen de Paris. Ainsi que la constante hésitation de Baudelaire à choisir telle ou telle interprétation de son Univers, la Beauté ou la laideur, le bien ou le mal.