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Commentaire liberté - Paul Eluard

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s" … de l’enfance : "écolier", "enfance" … et du foyer protecteur : "refuges", "amis" … De cette manière, Eluard est le messager de la lutte et de l’espoir dans une France occupée et divisée.

Tous ces éléments s’opposent de manière implicite à la réalité du présent (meurtres, solitude, mort). Nommer c’est donc se réapproprier tout ce que les occupants veulent interdire : la joie, l’émerveillement et tout simplement le bonheur de vivre.

Dans ce poème, Eluard exploite la puissance persuasive de l’anaphore "Sur" sur 19 quatrains et pratiquement à tous les vers. Cette anaphore est accentuée par l’utilisation de vers courts, ce qui permet au poème d’avoir un rythme tonitruant.

L’esprit de la Résistance ne s’exprime donc pas directement : il ne s’agit pas d’une poésie militante au sens caricatural du terme.

B- La présence discrète des combats et de la mort

C’est à la fin du poème que l’on trouve les allusions les plus claires à la guerre et à ses menaces : "sur mes refuges détruits", "sur les murs de mon ennui", "sur les marches de la mort". Mais, le fait de finir le poème par le mot "Liberté", c’est ne pas céder à la mort, au malheur, mais tenter de les dépasser par l’espoir de la liberté à retrouver : "Sur la santé revenue", "Sur le risque disparu", "Sur l’espoir sans souvenir".

Mort, solitude, désespoir sont donc présents mais sans aucun registre pathétique : c’est le point de vue de l’avenir, de la liberté qui permet de les voir comme une épreuve provisoire et qu’il faut surmonter.

II- L’éloge de la liberté

A- Une poésie libre

La forme libre s’exprime d’abord par la sensation d’éclatement du poème : aucune cohérence entre les strophes ni même à l’intérieur de chacune d’elles, mais le choix d’une multiplicité de points de vue, de détails, de sensations, le tout de manière volontairement désordonnée et non rationalisée. On a le monde à l’état brut, dans son éparpillement infini.

Mais la cohérence est apportée par deux éléments : d’abord par la même structure tout au long du poème (strophes de 4 vers, 3 vers de 7 syllabes et le dernier de 4 syllabes), sauf pour la dernière strophe, significativement déséquilibrée par l’appel du dernier mot : "Liberté" ; ensuite par la même formulation (anaphore de "Sur" et répétition du dernier vers "J’écris ton nom"), le tout fonctionnant comme un leitmotive musical, ce qui fait quasiment du poème une chanson au vocabulaire simple voire banal.

La liberté dont il s’agit n’est donc pas vraiment décrite, elle est mise en œuvre par le poème lui-même.

On trouve une multitude d’adjectifs possessifs personnels : "mon chien", "ma porte", "mon lit", "mes amis", "mes refuges", "mon ennui". On trouve aussi tous les éléments de notre environnement naturel : le sable, les pages des livres ou journaux, les champs, les routes, les oiseaux, la pluie, les cloches.

Les supports d’écriture progressent de strophes en strophes vers plus d’intimité (l’enfance : "cahiers d’écolier", "pupitre", "pages" ; le pouvoir : "armes de guerriers", "couronne des rois" ; la nature : "champs", "oiseaux", "mer" ; l’espace privé : "lampe", "maison", "chambre", " chien" ; l’ état d’esprit du poète : "absence sans désir", "solitude nue", "espoir sans souvenir") marquant une implication personnelle plus forte de la part de l’auteur dans la défense de la liberté accentuée vers la fin avec la multiplicité des adjectifs possessifs ou de gestes de fraternité et d’amour.

La volonté qui est revendiquée c’est d’écrire le mot "liberté" sur tous les supports possibles dans le monde et d’englober la totalité de l’univers ("pages lues"/"pages blanches", "soleil moisi"/"lune vivante", "nuits"/"journées")

On ne trouve que peu de mots à connotation triste, ce qui donne à ce texte une tonalité d’espoir dans les heures sombres de 1942 et constitue un hymne à la vie.

B- Les pouvoirs de la poésie

Deux mots se font écho pour montrer que cet éloge de la liberté est en même temps célébration des pouvoirs de la poésie : un qui se répète tout au long du poème, le verbe "écrire" présenté sous une forme active et personnelle : "j’écris" et l’autre une seule fois, à la fin du poème : "nommer", qui semble faire surgir le mot "liberté" que l’on attend tout au long du poème et qui en est l’aboutissement. La poésie a donc le pouvoir de dire et de faire éclore la liberté. Ce pouvoir c’est justement celui de nommer, privilège de l’écrivain : nommer les choses (le monde, la vie, la liberté), c’est les faire advenir. La poésie qui pouvait paraître le moyen le plus étrange, le plus décalé, en pleine guerre se trouve en réalité le plus approprié pour parler de la résistance. Le poète, en nommant le monde et la liberté, en les mettant en relation, annonce la liberté à venir.

Il existe une progression chronologique dans le texte qui constitue l’itinéraire d’une

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