Dans quelle mesure la poésie permet-elle le dépassement d'une épreuve ?

l'accabler. Ainsi, dans « Rêve parisien »,Baudelaire décide de construire un univers merveilleux s'autoproclamant « architecte de ses [mes] fééries ». La création poétique est donc en quelque sorte une fenêtre ouverte sur un univers personnel, refuge inviolable.

En outre la poésie, de par le fait qu'elle soit art, est donc mouvement de visée vers le beau. En cela, elle confère à l'homme la foi en un idéal qu'il pourra concevoir et donc dépasser l'obstacle qu'il connaît. « Le ciel est par-dessus le toit » de Verlaine montre comment le poète, emprisonné, parvient à se projeter vers l'extérieur, en contemplant le monde depuis sa fenêtre. Il apparaît ici donc un nouveau caractère de la poésie: elle éveille l'homme.

Enfin, la poésie est un art qui requiert toute la dévotion de l'artiste. Elle est en cela un art noble qui élève l'homme. Boileau, dans son art poétique, nous fait part des devoirs que doit assumer le poète qui compose, afin de s'élever. Il montre en quoi, l'art de la poésie doit mobiliser toutes le capacités de l'écrivain. On en arrive à la conclusion qu'écrire, en soi, c'est se dépasser.

On a pu constater à travers ces multiples exemples les divers rôles qu'embrasse la poésie. Il en ressort que la définition de la poésie ne peut se construire qu'à partir du poète. En ce sens, elle est un outil personnel que chacun pourra employer de la manière qu'il souhaite, à des fins qu'il pourra

avoir lui-même définit.

La poésie est don une arme qui se construit depuis le poète pour faire face à ses obstacles. Quelles peuvent donc être les limites d'un outil si bien adapté à l'homme?

Cette conception de la poésie limite ses potentialités à celle de l'homme. En effet, employer la poésie en l'accordant totalement à soi, c'est lui donner nos atouts comme nos faiblesses.

L'échec peut alors subvenir dès lors que l'homme se demande de porter au delà de ce qu'il ne peut. Ainsi, « le confiteor de l'artiste » de Baudelaire illustre bien l'incapacité du poète à embrasser la Nature toute entière. Il avoue enfin sa retraite et la poésie n'y peut rien. Elle garde sa qualité de passerelle vers ce que veut obtenir le poète mais lui rappelle aussi les limites de son être.

Le second élément à redouter dans la création artistique est l'incapacité justement à créer, le manque d'inspiration qui mène le poète à l'impasse. « Las, où est ce mépris de Fortune » de Du Bellay illustre bien cet enfermement vers où peut mener la poésie. L'échec peut alors donc jaillir aussi du manque d'inspiration qui épuisera parfois le poète de toute volonté d'affronter l'épreuve à laquelle il doit faire face. Ici, en l'occurrence la poésie n'as pu délivrer Du Bellay du chagrin causé par la nostalgie de sa terre natale, alors qu'il était contraint de voyager en Italie.

Les limites de la poésie sont donc ancrées dans le poète lui-même. Dès lors, en vue de saisir entièrement ce que peut offrir la poésie, il convient de se pencher sur son essence même afin de comprendre pourquoi elle peut occuper tant de rôles.

La poésie, de par ce qu'elle requiert de l'homme, c'est une façon de se découvrir.

En fait, dès lors qu'il compose, le poète fait appel à son intériorité. La poésie est en effet un moyen d'accéder au plus profond de soi-même. Henri Michaud semble y parvenir dans son poème la Jetée, adoptant une écriture souple et sujette aux humeurs qui le traversent pour dévoiler un univers intérieur noyé dans sa mémoire qu'il symbolise par l'eau. L'écriture devient alors une jetée qui le mènera à cette univers trouble qui témoigne de son intériorité. La poésie est donc une voie qui nous mène à nous même, à notre intérieur.

De là, le poète pourra saisir