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Du nationalisme au racisme

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nt pour investis d’une mission salvatrice. De la même manière, les troupes de Napoléon, que ce soit sous le Directoire, le Consulat ou l’Empire, amènent dans leurs bagages le droit français, d’abord le modèle constitutionnel - que l’on songe à la République helvétique constituée en 1798, après l’écrasement des vieux cantons aristocratiques par les troupes du général Brune, applaudi par les anciens pays sujets - et ensuite l’ensemble du droit positif français codifié sous l’impulsion de l’empereur ce qui assurera un rayonnement sans précédent aux codifications napoléoniennes qui survécurent largement à la débâcle de Waterloo, constituant une sorte de fond commun juridique à l’Europe continentale.

C’est au nom du droit à l’autonomie des nations que les intellectuels européens, ainsi Lord Byron s’engagent aux côtés des Grecs en rébellion contre la sublime porte. De la même manière, on qualifie de nationalistes ces Italiens qui derrière Garibaldi réalisent l’unité italienne au profit de la dynastie de Savoie, à la tête du royaume de Piémont Sardaigne. Le choeur des Hébreux de Nabucco est l’hymne à la liberté d’une nation qui se soulève contre les tyrans étrangers, les Autrichiens en Lombardie Vénétie, les Bourbons d’origine espagnole dans le royaume des deux Siciles, et surtout contre la papauté, supposée incarner toutes les entraves à la liberté. Napoléon III n’hésitera pas à se ranger à leurs côtés. De la même manière, nombreux sont ceux qui applaudissent lorsque les Hongrois obtiennent la réforme constitutionnelle qui fait de l’empire des Habsbourg une double monarchie, ce qui met un terme à la domination autrichienne sur les Magyars. Le double couronnement de François-Joseph et de l’impératrice Elisabeth revêt dans ce contexte une signification hautement symbolique.

On s’en tient évidemment à la mise en oeuvre des principes nouveaux, on esquive les éventuelles réticences des envahis, qui se seraient certainement satisfaits de l’indépendance et d’un nouveau droit et se seraient passés des soldats français, pas toujours associés à la liberté...

C’est de même au nom de leur volonté de ne pas voir leur pays abaissé par l’Allemagne, amputé de certains départements, que les ouvriers parisiens et les patriotes n’acceptent pas la fin de la guerre franco-prusienne de 1870 et affirment leur détermination à reprendre le combat. Ils se proclament les défenseurs de la liberté française. Même si la mise en pratique n’a pas manqué de susciter des réserves, on peut admettre toutefois que ce nationalisme souvent conquérant n’est pas associé à la tyrannie et l’arbitraire, mais plutôt à des valeurs tenues pour positives, car en fin de compte le bilan reste positif, dans la mesure où il y a un large consensus sur les valeurs fondamentales de la Déclaration de 1789, devenue au demeurant l’étendard de toutes les révolutions avant d’être reprise et adaptée dans les différentes constitutions françaises et d’inspirer la déclaration universelle des droits de l’homme et la convention européenne de droits de l’homme.

II - Le glissement vers la droite

La guerre de 1870 devait introduire un véritable bouleversement et être le point de départ d’un retournement spectaculaire. Alors que les ouvriers parisiens dans un ultime sursaut avait créé la Commune, abattue et largement massacrée lors de la semaine sanglante de mai 1871, la répression et l’interdiction d’évoquer ces tragiques évènements ont créé un climat favorable aux idées développées par Marx et Engels, à savoir que le prolétariat n’a pas de patrie et que la bourgeoisie dominante utilise abusivement le patriotisme et le nationalisme pour envoyer les jeunes soldats et ouvriers se faire massacrer et tout cela pour préserver ses richesses.

La guerre internationale n’est qu’une ultime manœuvre avant la chute inéluctable de la bourgeoisie qui laissera la place à une société communiste, juste précédée par une brève dictature du prolétariat. La démocratie n’est alors qu’un leurre.

Moins radical, Jean Jaurès cherchera à rassembler la gauche française autour du pacifisme et de l’internationalisme, il n’y parviendra pas, meurt assassiné en 1914 et les socialistes voteront les crédits militaires et ne seront pas les moins déterminés pour hurler, une fleur dans le canon du fusil, « A Berlin ! ».

A l’inverse amorcé déjà en Allemagne (influence des Discours à la Nation allemande prononcés à Berlin par Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) sous forme de conférences pendant le terrible hiver 1806-1807) ou en Angleterre (avec les oeuvres de Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) qui a offert une analyse raciste de l’histoire européenne et défend la supériorité aryenne dans The Foundations of the nineteenth Century, avant de se faire naturaliser allemand), le revirement en France se précise avec Joseph-Arthur Gobineau (1816-1882) et son Essai sur l’inégalité des races, Hippolyte Taine, qui affirme dans son Histoire de la littérature anglaise (1863) que la civilisation est le produit de la race, du milieu ou du moment, pour atteindre un sommet paroxystique avec l’Action française.

La pensée raciste devient une monstrueuse machine à détruire lorsqu’elle se combine avec le darwinisme social. Le déterminisme biologique appliqué aux sciences humaines justifie les inégalités et les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre naturel perturbé par le libéralisme, la démocratie, la Révolution française ou les idées communistes.

Adolf Hitler y trouvera les bases « scientifiques » du nazisme.

La défaite de 1870 a fait naître une forte détermination de revanche, d’autant plus forte que l’on doit s’avouer certaines faiblesses : les armes françaises étaient moins performantes, le niveau d’instruction des officiers français étaient très inférieur à celui de leurs homologues allemands, bref une reprise en main s’impose.

Les enseignants du primaire reçoivent pour mission d’enseigner et d’inculquer le patriotisme à leurs élèves, toute la France vibre au récit du Tour de France de jeunes garçons qui ont fui l’Alsace pour ne pas devenir Allemands et, pour faire bonne mesure, certains se prennent à croire, à l’instar d’habitants d’autres Etats européens, que les Français sont d’une essence supérieure.

Le nationalisme qui dépasse alors le patriotisme et le souci de continuité, tel que l’imagine par exemple Maurice Barrès avec son attachement à la terre et aux morts, est susceptible de déraper.

Il peut devenir impérialisme à l’extérieur et fonde alors la conquête coloniale qu’on légitime par la supériorité de la race blanche porteuse de développement et de civilisation, tout

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