Le Racisme Est Une Misérable Machine De Mots Pour Justifier Notre Hétérophobie Et En Tirer Proft, Albert Memmi

mmi. Ceci est totalement différent de la haine et de mépris ressentis envers les noirs, les arabes, les juifs justement car ils sont noirs, arabes ou juifs, donc considérés comme « différents ». Le racisme cible une race ou une ethnie, alors que hétérophibie englobe la totalité de l'espèce humaine.

De plus, l'hétérophobie est ancrée en chacun de nous, c'est un sentiment incontournable, que nous ressentons tous. Elle apparaît davantage comme sentimentale que raisonnable, c'est une partie de notre instinct animal. Quand nous sommes en face d'un individu ou d'un groupe inconnu et différent nous ressentons une inquiétude, un malaise, une méfiance et même une grande hostilité. Ceci est très net chez l'enfant par exemple. L'enfant n'est pas raciste mais hétérophobe. Lorsqu'il se retrouve face à un inconnu, il détourne la tête, refuse de communiquer avec lui, et le repousse de façon hostile, sans s'en cacher, car il ressent une grande inquiétude et une grande méfiance face à cet « autre ».

Enfin, le fait que notre hétérophobie soit inexplicable est déstabilisant. C'est pourquoi nous ressentons de manière incontestable le besoin de la justifier par une argumentation qui s'avère rassurante car construite, stable. Le racisme apparaît inévitablement comme une forme d'argumentation, afin d'excuser le comportement animal de méfiance envers autrui. Il permet à l'homme de mettre une image sur sa peur, de l'illustrer, de lui donner un sens et de la comprendre. Le racisme est social et culturel. En effet, la société, la culture, nous proposent des stéréotypes qui finissent par être profondément ancrés en nous, que nous le souhaitons ou non. Par exemple, le juif a été stigmatisé comme étant riche et très radin. Notre peur inexplicable devant une personne, qui s'avère être juive, est donc excusée car nous puisons dans nos visions stéréotypées et nous justifions cette peur par une peur du juif qui va nous prendre notre argent car il en veut toujours plus. Nous trouvons un sens à notre peur. Les slogans publicitaires, par exemple, participent activement à cette diffusion de stéréotypes au sein de la société, avec des publicités affichant des noirs entrain de servir des blancs, des femmes entrain de faire la lessive, des musulmans entrain de préméditer des actes terroristes (publicité pour Wolksvagen montrant un arabe qui essaye de commettre un attentat à la voiture piégée) etc..

Le racisme fait donc partie intégrante de l'hétérophobie, et sert à trouver des raisons valables à celle-ci, qui est pour nous inexplicable autrement. Certains tirent profit de cette hétérophobie par la voix du racisme.

Beaucoup trouvent des avantages à utiliser notre peur des autres par le biais du racisme. Tout d'abord, comme nous l'avons dit précédemment, nous sommes emplis de stéréotypes. Les hommes politiques utilisent beaucoup ces stéréotypes afin de convaincre le peuple. Depuis plusieurs années, « le noir et l'arabe » sont majoritairement considérés comme des délinquants. Certains politiques le clament haut et fort. Donc, quand nous marchons dans la rue et que nous croisons « un noir ou un arabe », pour expliquer notre hétérophobie nous utilisons ce stéréotypes en pensant « c'est un délinquant, il va voler mon sac. » par exemple. Les hommes politiques, par leurs discours démagogues, cherchent à réactiver tous ces stéréotypes, puis de nous convaincre par le biais de notre peur. M. LE PEN par exemple, revendique clairement le fait que les immigrés « volent » le travail et l'argent des « français ». Les gens, pleins de leurs stéréotypes réactivés, adhèrent à ce genre d'idées, tout à fait racistes. Récemment, le gouvernement a continué à stigmatiser la population musulmane en organisant des débats sur l'Islam, le port du voile, ou « l'identité nationale ». Tout ceci dans le but d'utiliser l'hétérophobie des gens, de leur faire adopter des discours racistes pour excuser leur peur, puis de les convaincre plus aisément.

Tout ceci peut également profiter aux artistes, aux écrivains. Nous, gens hétérophobes, avons besoin que notre peur soit expliquée, donc nous nous tournons vers les discours racistes, qui s'avèrent rassurants, malgré qu'ils soient lamentables. Nous pouvons citer l'auteur soviétique Valéri Tarsis qui demandait « l'annihilation de la plus effroyable des masses, de la foule qui ramène l'humanité vers l'existence primitive, au niveau des singes à face humaine. » en parlant des Chinois.

Les associations antiracistes tirent également leur épingle du jeu. En effet, pour qu'elles survivent, il faut qu'il y ait du racisme et parfois, les associations antiracistes n'hésitent pas à amplifier les phénomènes racistes, voir à les inventer de toute pièce. Le racisme, dans ces cas là, devient pratiquement un « business ». Par exemple, la publicité pour Sony, sortie en 2006, montre deux femmes, une noire et une blanche, se battant. Or, une photo montrant la domination de la femme blanche sur la femme noire déchaine les associations, et est censurée. Cependant, la deuxième photo, montrant cette fois la domination de la femme noire sur la femme blanche, ne fait pas scandale. Les associations ont parfois tendance à exagérer les choses, à voir du racisme là où il n'y en a pas.

Enfin, les médias, eux aussi, profitent de notre hétérophobie