Etat Et Eglise En France De 1870 à 1914
Mémoire : Etat Et Eglise En France De 1870 à 1914. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresécularisation des biens des congrégations religieuses. L’hostilité - qui avait gagné de manière modérée les classes parisiennes, du fait des liens du catholicisme avec le régime impérial et conservateur - atteint des sommets : de nombreux religieux sont arrêtés, les églises sont perquisitionnées, l’archevêque Georges Darboy est pris en otage et exécuté, ainsi que quatre autres ecclésiastiques.
Si l’épisode de la Commune est très localisé et de courte durée, il annonce en quelque sorte ce que la République réalisera progressivement, à savoir un travail de laïcisation et de séparation de l’Etat et de l’Eglise, et montre un aperçu de ce que peuvent être les mentalités à la fin de l’Empire.
Avant que les républicains ne remportent les élections de 1876, a lieu à partir de 1873 une période où règne l’« Ordre moral », moment profondément conservateur et favorable à l’Eglise. Ce qui pourrait sembler souligner l’échec de la Commune, ce qui pourrait laisser penser que la France va se tourner vers la religion et tenter d’exercer une « régence conservatrice » va en réalité favoriser l’immense succès des républicains. En effet, le gouvernement de Mac-Mahon est hostile aux nouvelles valeurs de la République et s’érige d’emblée contre celle-ci. De plus, l’année 1873 voit éclore une impressionnante vague cléricale, qui affirme de manière encore plus prononcée que le gouvernement son désir d’une restauration intégrale, et fait même pression sur les dirigeants. En découle une politique répressive et dangereusement tournée vers le passé qui déplaît fortement : il semble que ce que l’on a obtenu grâce à la République disparaît sous le goût prononcé des Ducs pour l’ancien Empire autoritaire.
Ce bref retour aux valeurs passéistes n’a pas mis en danger la République mais a au contraire largement favorisé son enracinement, car c’est en réaction à l’ « Ordre moral » que l’opinion s’est tournée si fervemment vers elle.
Si les républicains de 1876 se sont fait appeler les « Opportunistes », c’est qu’ils ont su tirer parti de l’hostilité naissance concernant la religion comme entrave aux libertés publiques. En effet, le mot d’ordre était « l’Eglise menace l’Etat ». 1876 est donc une date clé dans les relations entre l’Etat et l’Eglise dans la mesure où ces derniers sont désormais des ennemis. Cependant, les deux institutions sont encore paradoxalement liées, car l’Eglise demeure la première préoccupation de l’Etat, dont la propagande repose presque entièrement sur l’anticléricalisme.
Ainsi, l’Eglise, ennemie de l’Etat, devient ennemie du peuple : c’est une force internationale dont les intérêts dépassent le seul territoire français, comme en témoigne la question romaine de 1973. De plus, l’Eglise a jusque là été toujours profondément liée à l’enseignement. Elle concerne ainsi directement le peuple, sa vie quotidienne ; la propagande républicaine s’appuie donc fortement sur la menace que représente l’Eglise en tant que force enseignante, signalant son pouvoir endoctrinant, et montre les effets néfastes de l’exercice du culte. « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » résume Gambetta.
L’arrivée au pouvoir des républicains est un événement qui marque le début du déclin de l’Eglise, qui, ennemie de l’Etat, est condamnée à perdre pouvoir et influence. L’institution qui avait détenu pendant des siècles un pouvoir parfois supérieur à celui de l’Etat est désormais une force défaillante ; l’antique union de l’Eglise de France et du pouvoir temporel a entrepris de se briser.
Les élections de 1877 sont une nouvelle fois remportées par les républicains, et lors du renouvellement partiel du gouvernement en 1879 débute un processus de séparation de plus en plus radical de l’Eglise et de l’Etat qui va influer sur la vie des Français, vie jusqu’alors très religieuse. Notons que l’hostilité du gouvernement face à la religion a conduit de nombreux catholiques à démissionner de la haute
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