Eugénisme, utopie ou dérive génétique
Dissertation : Eugénisme, utopie ou dérive génétique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar RabidOoze • 10 Décembre 2017 • Dissertation • 3 099 Mots (13 Pages) • 1 553 Vues
NTroduction
Depuis les années 1800, les découvertes scientifiques se multiplient. Que ce soit en astronomie, en mécanique, en chimie ou bien en médecine, l’Homme comprend de mieux en mieux le fonctionnement du monde mais surtout de lui-même. Cette connaissance le rend de plus en plus apte à altérer son corps. Pendant ces années de grands changements, les expériences sur le corps humain se multipliaient en dépit de la morale et du bon sens.
Ainsi, il fut inventé en 1970 par le biologiste Van Rensselaer Potter le terme : bioéthique. Ce mot représente l’ensemble des questionnements philosophiques sur ce qui est bien ou mal à faire, ce qu’il est humain ou inhumain de faire en biologie.
La bioéthique représente donc les questionnements moraux limitant l’expérimentation et l’altération du vivant par l’Homme. Ainsi, des pratiques telles que l’euthanasie (la mise à mort d’un être vivant afin d’abréger ses souffrances) ou l’eugénisme (l’ensemble des méthodes visant à améliorer le patrimoine génétique d’une espèce) furent soumises à de nombreux controverses et questionnements.
Ces pratiques sont souvent sujettes à de nombreux dilemmes moraux, leurs applications pouvant sembler soit nécessaires soit au contraire proscrites. Ainsi, en prenant l’exemple de l’eugénisme :
L’eugénisme, utopie ou dérive scientifique ?
Le rêve de l’eugénisme
L’origine de l’eugénisme
En 1859, le naturaliste anglais Charles Darwin publie une théorie nommée De l’origine des especes. Il pose que la diversité des formes de vie rencontrées dans la nature est due à une transformation progressive, aussi bien sur un plan morphologique que génétique, d’une espèce antérieure. Il précise sa théorie en avançant que cette évolution se fait par sélection naturelle. Ce sont les organismes les mieux adaptés à leur environnement (suite à de nombreuses mutations rares et aléatoires qui survivent et font évoluer l’espèce.
Francis Galton, cousin de Darwin, fait alors l’observation suivante : chaque espèce vivante est sujette à l’évolution, y compris l’espèce humaine. Néanmoins, avec l’évolution technologique et médicale de cette dernière, un facteur essentiel tend à disparaître : la sélection naturelle. Les individus subissant des mutations handicapantes ne disparaissent plus et perpétuent ces mutations de génération en génération. L’espèce ne peut donc plus « évoluer », à l’inverse elle décline, s’appauvrissant petit à petit génétiquement parlant. Galton présenterait alors l’eugénisme comme la sélection naturelle chez l’Homme, un moyen de retrouver une dynamique d’évolution dans notre société.
Cette idée devient très vite une idéologie à part entière, et de plus en plus de monde dans la communauté scientifique de l’époque soutient cette théorie. Si bien que, dès 1912, le premier International Eugenics Congress, réunissant de nombreux scientifiques du monde entier dans l’optique de discuter autour des mesures eugéniques à prendre mais surtout à en diffuser l’idée, eu lieu. Et c’est lors du deuxième congrès, beaucoup plus important cette fois si, que l’eugénisme fut représenté par un arbre dont le sous-titre était : « l’eugénisme est la direction par les humains de leur évolution ».
Déjà dans son origine, on ressent la volonté noble de regrouper toutes les connaissances sur l’Homme afin de lui assurer un avenir prospère, afin d’atteindre la perfection de l’être, l’évolution « ultime ».
Deux eugénismes pour un but commun : la perfection de l’être
Le désir de perfection est inhérent à notre statut d’humain. Chaque avancée, qu’elle soit scientifique, artistique… est liée à un désir de perfectionner une activité, un domaine. On peut prendre l’exemple de la médecine, ayant à la base le désir de perfectionner la connaissance de l’Homme sur lui-même. l’Ce Ce désir est non seulement présent à l’échelle de l’entièreté de l’espèce mais aussi à l’échelle individuelle. En effet, chaque humain va chercher à perfectionner ses connaissances, ses capacités, ses possessions dans l’optique de devenir l’être parfait qui plaît à autrui mais aussi à lui-même.
Et quand cet individu arrive à un âge de procréation, ce désir de perfection n’est plus dirigé vers lui mais aussi vers sa descendance hypothétique. Il veut que son enfant vive dans les meilleures conditions possibles. Qu’il soit à l’abri de tout danger aussi bien lié aux autres qu’à eux-mêmes. Imaginons un lieu où le fait de naître chauve amène à une vie de pauvreté et de jugement, il est tout naturel que des parents rêvent que leur enfant naisse avec des cheveux. Et bien, l’eugénisme cherche justement à rendre ce rêve réalisable.
Il existe pour réaliser ce rêve deux types d’eugénisme bien distincts :
L’eugénisme positif : Cet eugénisme va chercher à regrouper des individus ensemble de sorte à ce que leur progéniture développe des caractères positifs, favorables à l’évolution. Par exemple, on chercherait à faire se reproduire des individus beaux et intelligents ensemble de sorte que leurs descendances le soient à leur tour.
L’eugénisme négatif : A l’inverse du précèdent, cet eugénisme va chercher à supprimer les allèles négatifs d’un gène, c’est-à-dire ceux contribuant à la formation de caractère handicapant. L’éradication systématique de cellule-œuf présentant une trisomie 21 constitue un eugénisme négatif. On essaie d’empêcher le développement de ce caractère. Cet eugénisme est ainsi celui se rapprochant le plus de la vision de Francis Galton, la méthode remplaçant à stricto sensu la sélection naturelle inexistante.
L’exemple d’un eugénisme négatif : la volonté de supprimer les malformations handicapantes en France
En France, outre l’IVG (interruption volontaire de grossesse) qui permet aux femmes de mettre fin à leur grossesse dans les douze premières semaines, il existe l’IMG (interruption médicalisée de grossesse). Elle permet à une femme d’avorter après les douze premières semaines de grossesse :
si la grossesse met gravement en danger la santé de la femme enceinte,
si l'enfant à naître est atteint d'une affection particulièrement grave et incurable.
Il est proposé au cours de la grossesse à de multiples reprises d’effectuer une échographie. Cette dernière permet notamment de repérer ces « affections particulièrement graves et incurables ». Une fois une malformation repérée, le médecin peut soit directement conclure sur la nature incapacitante de cette malformation (un bras manquant, des membres placés aux mauvais endroits …) soit réaliser un examen complémentaire appelé amniocentèse. Cet examen consiste à l’élaboration du caryotype (de la carte chromosomique) du nouveau-né. Il permet d’identifier de manière certaine des anomalies génétiques telles que la trisomie 21.
Tous ces problèmes étant la conséquence d’anomalies génétiques, leur nature incurable est certaine et il est alors vivement conseillé aux futurs parents de réaliser une IMG.
Dans les faits, de nombreux parents acceptent cette solution. 126 464 IMG et IVG furent réalisées en 2014 selon l’Ined. De plus, comme on l’observe dans le tableau ci-dessous fourni par le site internet de l’Ined, le nombre d’IMG et d’IVG semble rester constant (notamment pour l’IVG) dénotant d’une généralisation de ces méthodes.
Cette pratique peut être considérée à juste titre comme de l’eugénisme négatif. En effet, on supprime presque systématiquement les embryons présentant des allèles handicapants voir mortels pour leur vie future. Grâce à cette technique, on observe une réduction significative d’individu présentant ce type d’handicap en France.
Ainsi, l’eugénisme (ici négatif) a un effet extrêmement positif sur la population et ne peut pas être considéré comme de la simple fiction. Des pratiques eugéniques ont actuellement lieu, dont la majorité étant admise comme bonne pour la société.
…En proie a de nombreuses critiques
Le manque de fondement scientifique
Comme nous l’avons vu, l’eugénisme a pour but premier le contrôle et la maîtrise du génome humain. Ce génome, malgré la connaissance accrue de ce dernier actuellement (on connait de plus en plus la localisation des loci et leur utilité dans la construction du corps), reste encore très mystérieux. Si certains gènes ont été clairement identifiés, on n’en connaît que la fonctionnalité primaire. Par exemple, un allèle codant pour une malformation physique peut, par une chaîne de conséquences, protéger l’individu de certaines maladies. Ainsi, chercher à en priver le corps pourrait, plutôt que de lui permettre d’évoluer, le rendre sensible à encore plus de problèmes parfois bien plus handicapants.
De
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