Jp Sartre Les Mots

ne réelle symbolique autour des livres. En effet, ils sont pour lui à la fois des choses anciennes qui

sont là depuis bien plus longtemps que lui, et des choses en devenir, qui lui survivront, qui resteront plus longtemps que l'homme, qui n'ont pas

réellement d'époque. C'est ainsi que les livres sont comparés à de la pierre, matériel qui survit au temps et que l'homme travaille, ils sont "pierres

levées", "briques", "allées de menhirs", "monuments antiques". Leurs "organes" quant à eux sont vieillis, "blêmes, moisi[s]", couvert[s] de veinules noires"

et sentent le champignon, cette odeur de livres anciens.

A travers cette ancienneté, les livres prennent une dimension sacrée, intemporelle. Ils sont ces choses que Sartre adule: il les regardent ébahi, honore ses

"mains de leur poussière". Puisque les livres n'appartiennent pas à un temps donné, ils voient naître et mourir les hommes, c'est pourquoi sartre écrit

"j'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres [...] qui m'avaient vu naître, me verraient mourir". Ils sont aussi le

"sanctuaire", et plus encore, les objets sur lesquels repose "la prospérité" de sa famille. Ils sont sa vie, et lui assurent d'avoir un "avenir aussi

calme que le passé".

Ainsi, le rapport de Sartre à la littérature durant toute sa vie fût déterminé par cette période de l'enfance où il découvre l'amour que porte son grand-père

à ces "objets culturels", où il rencontre les livres grâce à ses sens.Effectivement, dès son plus jeune âge Sartre se passione, non pas pour la littérature en

elle-même mais pour l'aspect qu'ont les livres, le symbole qu'ils incarnent. L'enfant les sacralise et fait d'eux des monuments historiques qui survivent

aux hommes, et plus encore, au temps.