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La Recherche Du Bonheur

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er son bonheur, ce qui veut dire en jouir par le détail. Profiter de la vie avec insolence et légèreté. Curieusement, cette méthode implique qu’il ne faut pas se jeter tête baissée dans toutes les sensations. L’homme qui se contente de se livrer à la première sensation venue est un lourdaud, pas un artiste du plaisir. Il ne fait que subir, mais en cela il n’éprouve rien de vif, il perd la tête et c’est tout. Selon Stendhal, à la différence, le libertin véritable est davantage perception, que sensation. L’homme brut, l’homme sensuel sans culture du bonheur, tombe dans la sensation sans la saisir. Jouir c’est percevoir la sensation elle-même, s’en emparer volontairement. Il faut sentir et percevoir ensuite pour jouir dans le détail, se reprendre volontairement dans la perception pour profiter de la sensation. Dans un premier temps on subit, on est troublé, puis dans un second temps on trouve ce qu’il faut faire. La méthode demande un équilibre parfait entre la vivacité troublante de la sensation et la rigueur un peu sèche de la volonté. Surtout pas de se laisser aller. D’où quelques réussites : en février 1805 : « la plus belle journée de ma vie... Jamais je ne déploierait plus de talent. La perception n’était que juste ce qu’il fallait pour guider la sensation ». Tout ne monde n’a pas ce talent. Stendhal trouve par exemple que les italiens par tempérament trop impétueux, ils se jettent dans la sensation sans la percevoir.

------------------------------Le moi doit échapper à l’esclavage de la simple sensation et s’identifier à la volonté. L’important c’est d’être à tout moment un conquérant, un homme d’action, un séducteur en quête d’une proie. Moi joueur, moi prenant un personnage, moi séducteur, moi libertin. L’important c’est d’agir : « nulle jouissance sans action ». Le plaisir vital que revendique le libertin consiste en action et non en passivité. Un tempérament passif s’englue dans la sensation. C’est la tension volontaire qui fait que l’on renouvelle le plaisir. Don Juan convole vers de nouvelles conquêtes, Lucien se jette dans l’action. S'il n'y avait pas d'action, il n'y aurait pas de divertissement, alors apparaîtrait le sentiment horrible de l’ennui : maladie de l’âme, premier symptôme du malheur dit Stendhal. L’ennui en effet repose sur l’absence de sensation vive. Quand non ne sent plus rien on s’ennuie. Si le libertinage consiste justement à profiter du plaisir et que le libertin se retrouve dans une période désertique, il endure un enfer. Il lui faudra immédiatement une sensation pour s’occuper. N’importe quoi pour se distraire, pour éprouver quelque chose, pour dégeler la torpeur de l’ennui par de la gaieté : faire la tournée des bars ou des boîtes de nuit, des casinos ou des maisons de jeux, là où règne une gaieté capable de secouer l’ennui. La gaieté en effet est un plaisir communicatif que l’on peut trouver partout il y a de la fête. On peut aussi recourir à l’effet de l’alcool ou de quelques drogues et on aura le même résultat : L'important pour le libertin, c'est d'occuper la volonté avec un divertissement procurant du plaisir. Mais le stimulant le meilleur, c’est évidemment la passion amoureuse. Ainsi Mme de Chasteller est pour Lucien l’occasion d’un renouvellement constant du plaisir. Comme toutes les femmes sont pour Don Juan des objets de plaisir. (texte)

Qu’est-ce alors que le bonheur ? Un moment aussi instantané que le plaisir, certainement pas une réalité qui dure. C’est le moment vif de plaisir dans lequel on capture, aux moyens de toutes les énergies de sa volonté, ce moment où l’on peur dire à sa maîtresse « tout ce que le degré d’ivresse du moment comporte ». La volupté ne se donne pas sans prix. D’où la nécessité de ne pas s’imposer de contrainte dans le futur et de savoir vivre la vie au jour le jour. Il ne faut rien prévoir d’avance, ce serait se rendre esclave d’un futur et renoncer au plaisir dont on peut profiter. Il ne faut donc surtout pas bâtir de projet, mais vivre une vie touristique. Il faut renoncer à toute ambition, à tout projet, à tout idéal : ce serait s’empêcher de profiter maintenant des plaisirs. Un seul conseil : profiter de la vie et s’il peut y avoir ici un idéal, ce sera celui d’une vie de fêtes renouvelée, une vie d’adolescence éperdue. La « vraie vie », c'est « mener la grande vie » comme on dit, une vie qui s’improvise sans cesse en papillonnant sur les plaisirs. Évidemment, cela demande des moyens matériels, et de l’argent ; mais le bonheur peut-il appartenir aux pauvres ?

2) Ou bien, pour que le libertinage devienne un idéal devienne à la portée de tous, il faudrait qu'il soit démocratisé. Il faudrait pour cela que l’État se charge du bonheur des citoyens, que la société organise la satisfaction des plaisirs. Il faudrait qu’elle devienne une société visant à faire "profiter". Or profiter, reviendrait alors à consommer. Il faudrait que la société prolonge indéfiniment le loisir en donnant du temps libre, qu’elle multiplie les jeux et fasse de nos cités de vastes parcs d’attractions. Il faudrait que nos sociétés délaissent le souci d’un travail productif et misent sur l’industrie du loisir. Ainsi pourrions nous couler des jours heureux, passer notre vie en dilettante et le bon peuple pourrait trouver le bonheur. Que demande le peuple si ce n’est du pain et des jeux ? S’il a le pain, il ne lui manque que les jeux.

Mais n’est-ce pas exactement ce monde qui se découvre à nous dans la postmodernité ? N’avons nous suivi tout le progrès de notre histoire, à travers notre science et notre technique que pour gagner un jour le luxe de pouvoir enfin nous livrer au plaisir ? (texte) Ne croyons-nous pas, qu’après tout, la vie heureuse, c’est d’abord se permettre d’être frivole, superficiel, dilettante dans nos plaisirs ? Que dit par exemple le héros d’Un monde sans pitié, Hyppo : que la génération des années 1980 n’a plus grand chose à « faire ». La révolution, c’était pour la génération passée des années 1968, l’Europe, c’est pour le futur. « Qu’est-ce qu’ils nous ont laissé ? On a plus qu’à être amoureux comme des c... ». Hyppo vagabonde sans but dans Paris, il est sans attache, il est léger. Il n’est plus qu’une « machine à vivre », selon ses propres termes. Il va d’un plaisir à l’autre. Rien ne le retient, il ne pense qu’à lui-même. L’individualisme de notre époque est axé sur la recherche du plaisir, il repose sur un hédonisme de la consommation. Il a cessé de sacraliser le renoncement, le travail et l’engagement de soi. Il voue un culte aux satisfactions immédiates que l’on trouve plutôt en marge du travail dans le loisir et le divertissement. Il a fait du divertissement une manière de se donner une passion. Il a fait « des » passions, au sens des occupations du loisir, l’aspect central de l’existence, une fin en soi, tandis que le travail est devenu un simple moyen de subvenir à la recherche du plaisir. Aussi l’homme contemporain n’a-t-il aucune difficulté à se reconnaître dans le libertinage, car il adule ses différentes formes, en particulier celles qui tiennent aux plaisirs de l’image. Le bonheur, c’est une figure de l’Ailleurs que l’on voit partout sur les publicités. (texte) C’est un ailleurs fait de moments de plaisirs, comme des flashs sur un clip vidéo : les vacances, sortir au cinéma, faire de la glisse, jouer au football, etc. Le bonheur prolongé serait une succession indéfinie de divertissements variés. Cette définition postmoderne du bonheur est aussi celle qui cadre le mieux avec les nécessités économiques de la consommation. Tant que l’on continue à croire que le bonheur tient dans des moments de plaisirs, on est prêt à consommer et à acheter des plaisirs pour être heureux. Il est donc possible de vendre du bonheur : sous la forme de toutes sortes d’euphorisants, depuis des pilules du bonheur en passant par des divertissements multiples et toutes sortes de rêves mis en image, de plaisirs virtuels. « Rêvez donc on fera le reste » dit la publicité ! L’acte de consommer est ludique, jouer, c’est se donner du plaisir, le plaisir trouvé, c’est un moment de bonheur. Par conséquent, organiser massivement le besoin de plaisir, c’est organiser massivement la consommation et c’est rendre les gens heureux.

Seulement, comme le bonheur cherché dans le plaisir suppose un renouvellement constant de la sensation. Il en faut toujours plus pour émoustiller et alimenter la sensualité. Il en faut toujours plus pour solliciter le désir, le rêve, pour fabriquer des plaisirs. Le libertin se doit d’attendre des sensations et quand elles ne se livrent pas, il ouvre le gouffre de l’ennui. Ce n’est pas un hasard si dans Lucien Lewen le mot ennui apparaît si souvent. Le fait même pour la conscience d’investir son intérêt dans le plaisir, invite aussi la menace du déplaisir. On est dépendant des sensations et lorsqu’elles ne se livrent pas, il y a le vide et l’insignifiance du présent où il n’y a pas de plaisir. : c'est-à-dire l’ennui. Ne dit-on pas que l’ennui est le mal le plus caractéristique de notre époque contemporaine ? L’homme postmoderne n’est-il pas l’homme qui s’ennuie ? Comment ne pas reconnaître dans la postmodernité les traits caractéristiques d’une civilisation de la promotion du plaisir ?

Et pourtant, il est paradoxal d’observer qu’une civilisation du plaisir, comme la nôtre, débouche aussi sur le malaise de vivre.

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