Le respect des précautions standards par le personnel soignant en EHPAD

Introduction

Les précautions standards (PS) sont des règles qui doivent être scrupuleusement respectés par le personnel soignant peu importe le lieu d’exercice de son métier. Le non-respect de ces règles peut exposer soignants et soignées à des infections en cas d’accident avec exposition au sang (AES) ou en cas d’exposition aux liquides biologiques infectés.

C’est au regard de cet impératif que j’ai vivement été interpelé par un soin réalisé durant mon premier stage dans un EHPAD en région parisienne. En effet, je suis étudiante en, première année à l’Institut de Formation en Soins Infirmier (IFSI) de coulommiers. L’EHPAD que je nome « Havre de paix » pour une question de confidentialité, est un lieu de vie doté de 96 chambres, tous occupée. Il offre à ses résident un cadre apaisant et reposant. Cette atmosphère est favorisée par le dévouement et la bienveillance du personnel soignant pluridisciplinaire composé de 15 aides-soignants, quatre infirmiers dont un spécifiquement chargé de l’accueil et de l’intégration des résidents, une psychologue, une psychomotricienne, deux kinésithérapeutes et un médecin généraliste. Les résidents sont en majorité des señores ayant pour pathologie prédominante l’Alzheimer, des troubles cognitifs divers, des troubles liés à la motricité, des insuffisances cardiaques et respiratoires.

Ainsi, afin de capitaliser le bénéfice professionnel de ce stage, l’FSI de coulommiers nous a préalablement donné plusieurs consignes parmi lesquels figure la rédaction d’une Analyse de la Pratique Professionnelle (APP). Au cours de la troisième semaine du stage, j’ai été marqué par une toilette au lit avant un Examen Cytobactériologique des Urines (ECBU).

J’ai choisi ce soin car, plusieurs actes non conformes aux recommandations en matière d’hygiène ont été posés. De ce fait, l’analyse de cette situation me permettra de faire le point sur mes acquis ainsi que les non-conformités de mes actes lors de ce soin en vue d’améliorer ma pratique professionnelle.

Pour ce faire, je présenterai dans un premier temps le déroulé de la situation telle qu'elle s'est produite durant ce soin avant d’évoquer les questions suscitées en moi au regard de ma pratique à différentes étapes du soin. Dans une deuxième partie, j’aborderai quatre thématiques en lien avec ce soin et le respect des précautions standards. Il s’agit de l’hygiène des mains, du port des Equipements de Protection Individuelle (EPI) de la gestion des excrétas et de la gestion de l’environnement via bionettoyage. Enfin, à la lumière des éléments susmentionnés, j’apporterai dans la troisième partie les axes d'amélioration de ma pratique en vue d’une meilleure prise en soin des futurs patients car, « une pratique qui n’est pas évaluée est une pratique qui ne peut évoluer » Walter Hesbeen.

I Description

Qui ? La résidente que je nomme Madame Jolie afin de protéger son anonymat, une aide-soignante que je nome Clara et moi.

Quoi ? Le respect des précautions standards lors de cette toilette

Où ? Dans la chambre de la résidente

Quand ? En mi-stage

Comment ? Toilette au lit

La toilette au lit est un soin que j’ai réalisé à plusieurs reprises lors de mon stage. Celle qui fait l’objet de mon analyse, m’a été demandé par l’infirmière du service pour la résidente Madame Jolie. Depuis quelques jours, cette dernière présentait des rougeurs des lésions sur sa sphère génitale. Une prescription du médecin de l’EHPAD demande un ECBU pour détecter la présence ou non d’agent pathogène. Afin de permettre à l’infirmière du service et moi de faire ce prélèvement dans de bonnes conditions, il m’a été demandé de faire une toilette au lit à Madame Jolie. Avant de vous parler du déroulé de la situation, je vous fais une brève présentation de la résidente.

1Présentation de la résidente

Agé de 81ans, Madame Jolie, réside à l’EHPAD depuis trois mois et y est arrivé à la suite de plusieurs chutes à son domicile en l’absence de ses enfants. Ses antécédents sont la maladie d’Alzheimer, l’insuffisance cardiaque, et le glaucome. Alité depuis son intégration à l’EHPAD, elle porte une protection anatomique au regard de son incontinente urinaire et fécale. Aussi, je précise qu’elle souffre de troubles auditifs. Madame Jolie n’est pas une résidente que je prends en soins habituellement pour les soins d’hygiène. Aussi, il est important de préciser que le prélèvement urinaire évoqué dans mon récit n’est pas l’objet de mon analyse mais la toilette au lit qui précède le prélèvement ECBU.

2-Déroulé de la situation

A l’infirmerie, situé au rez-de-chaussée du bâtiment, à quelques pas de l’entrée principale de l’EHPAD, je récupère le chariot de soins contenant le matériel nécessaire à l’ECBU préalablement préparé par l’infirmière et moi. Je ne m’étalerai pas sur la composition de ce matériel car l’ECBU n’est pas l’objet principale mon analyse. Je récupère le chariot afin de faire la toilette de la résidente et continuer le deuxième soin qui est l’ECBU.

En sortant de l’infirmerie, je traverse la cour en disant bonjour à plusieurs résidents installés dans leurs fauteuils et discutant pour passer du temps. Avec le chariot, je monte dans l’ascenseur dans lequel venait de descendre Madame M la Psychomotricienne. J’appuis sur le pavé numérique de l’ascenseur pour aller au deuxième étage en me remémorant les étapes de la toilette au lit comme me l’a apprise ma référente de stage. Je sursaute lorsque l’ascenseur annonce le deuxième étage. J’appréhende ce soin que je réalise pour la première fois sur Madame Jolie.

En sortant de l’ascenseur, je me sers de la Solution Hydro Alcoolique (SHA) dans le distributeur fixé au mur à côté de la porte de l’ascenseur. Je fais une friction des mains avant de me diriger vers le couloir qui mène à la chambre de madame Jolie avec le chariot en main. Elle est située à l’aile C de l’étage avec une grande fenêtre qui donne sur la rue. Dans le couloir, à quelques pas de la chambre trône un verticalisateur rouge branché à une prise murale puis le chariot de linge contenant les réserves de linge pour les résidents de l’aile C. Dans différents compartiments se trouvent : Draps Plat, draps housse, alèses, gants de toilettes en tissus, boite de gants à usage unique serviettes, protections de tailles M, L, XL. Plus loin, se trouve un deuxième chariot collecteur de linge sale. Il est à trois compartiment qui sont respectivement destiné aux protections anatomiques souillées pour le premier, aux serviettes sales, aux gants de toilettes en tissus et alaises pour le deuxième compartiment, puis aux draps sales pour le troisième compartiment.

Devant la chambre, je laisse le chariot de soins face à l’entrée, la porte est entre-ouverte. J’entre en la laissant ouverte derrière moi. Dans la chambre, l’aide-soignante, Clara m’attend. J’annonce ma présence à Madame Jolie en écrivant sur la tablette qui lui sert de canal de communication. J’écris donc ceci : Bonjour Madame Jolie, je suis Rebecca étudiante infirmière. Je lui présente la tablette, elle lit et me fait un signe de la tête. Elle est allongée dans son lit, a l’air fatigué, le regard évasif. J’écris à nouveau sur la tablette : Comment allez-vous ? Je vais faire votre toilette avant de réaliser un prélèvement urinaire. Elle a du mal à lire malgré ses lunettes. Je me rapproche avec la tablette, elle lit et hoche la tête en signe d’approbation.

Sa chambre est équipée d’une douche, d’une grande fenêtre donnant sur la rue, d’un grand lit médicalisé avec un matelas anti-escarre, une télévision, et une douche. Le lit est doté de barre de sécurité aux extrémités droite et gauche. Sur le fauteuil posé vers la tête du lit, l'aide-soignante Clara me présente le matériel quelle avait préparé avant mon arrivé dans la chambre. En vérifiant, il y’avait :

• Une paire de gants non stériles à usage unique,

• Deux gants de toilette en tissus

• Une alèse

• Une protection de taille XXL

• Deux chasubles en plastique

• Une serviette de douche

• Un tube de savon neutre

• Deux sacs d’évacuation de protection souillé

• Un tube de crème adoucissante et réparatrice

• Après vérification, je récupère en plus par précautions dans le couloir à l’extérieur deux gant en tissus plus une deuxième protection anatomique.

A mon retour dans la chambre, Clara m’explique que ce soin peut être particulièrement complexe en raison de l’incontinence fécale et urinaire de Madame Jolie. Elle ajoute qu’elle restera dans la chambre pour m’assister. Alors, je me dirige vers la salle de bain pour récupérer la cuvette que je remplirai avec de l’eau tiède pour faire la toilette. Je ne la retrouve pas. Habituellement, il y en a une dans chaque chambre de l'EHPAD. Je vais vers l'aide-soignante,