Metaphysique Des Tubes

es les pages mais il y a une phrase (enfin une question) qui prouve l’évidence et la légitimité de ce thème.

Cette question est : " Qu’avait-il pu se passer d’assez terrible pour le réveiller d’un si long sommeil et le transformer en cette machine à crier ? " (p22).

Le thème suivant est la perception des choses qui est très particulière chez le personnage principal de l’histoire. Le passage " Au terme du troisième jour, les parents effarés l’examinèrent : ils avaient un peu maigri est ses lèvres entrouvertes étaient desséchée, mais il n’avait pas l’air de se porter plus mal. Ils lui administrèrent un biberon d’eau sucrée qu’il engloutit sans passion. " (p11) montre à quel point l’enfant perçoit la faim, la soif et le temps à une échelle qui diffère de la notre.

Enfin, le dernier point que j’ai choisi est l’innocence qui est représentée très fidèlement par la petite fille : " Je devins le genre d’enfant dont rêvent les parents : à la fois sage et éveillée, silencieuse et présente, drôle et réfléchie, enthousiaste et métaphysique, obéissante et autonome. " (p 36).

Je ne saurais expliquer de façon plus détaillée les raisons qui m’ont poussé à choisir ces thèmes plutôt que d’autres mais ils ont pour moi une signification bien précise.

2) L’âge du protagoniste-auteur au moment du souvenir et au moment de l’écriture.

« Je me souviens » de l’âge du protagoniste-auteur au moment du souvenir et au moment de l’écriture.

L’un, lors du déroulement de l’histoire qui se concentre sur trois années, de la naissance de l’auteur à son troisième anniversaire. " Au commencement, la mère avait essayé de lui donner le sein. " (p 13) correspond à un instant suivant la venue au monde jusqu’à " Formalités. Gâteau. Trois bougies allumées que je soufflai pour expédier ça. Chansons. " (p 131) qui correspond au troisième anniversaire.

L’autre, au moment de l’écriture du roman. On sait que l’auteur est née en 1968 et que le roman a été publié en 2000. On peut donc affirmer qu’elle avait 32-33 ans au moment de l’écriture de Métaphysique des tubes.

3) Les lieux évoqués et l’atmosphère qui s’en dégage.

« Je me souviens » des lieux évoqués et de l’atmosphère qui s’en dégage.

Les lieux sont finalement peu nombreux comparés à de nombreux autres romans. On en dénombre au total six, tous situés au Japon : la maison, le jardin, le Petit Lac Vert, la plage et la mer où a lieu l’accident, la rue et la bouche d’égout où a lieu la chute et pour finir la scène où a le lieu le spectacle du nô.

Néanmoins, je ne vais m’intéresser uniquement à ceux qui sont intéressants et qui ont un rôle essentiel dans l’histoire.

Commençons par la maison typiquement japonaise " La beauté de la maison l’enchanta. « Que c’est japonais ! » s’exclama-t-elle. " (p 28) est le lieu principal du récit, elle dégage une sensation de chaleur, de famille et de dépaysement.

Le jardin est quand à lui, un endroit apaisant, calme et propice à l’imagination et à la relaxation : " Le jardin de la maison était nippon, ce qui en faisait un jardin pléonastique. Il n’était pas zen mais son étang de pierre, sa sobriété et le choix de sa toison disaient le pays qui, plus religieusement que les autres, a défini le jardin. " (p 59)

Le Petit Lac Vert semble plus mystérieux et inconnu mais il représente un lieu de repos et d’apprentissage de la natation pour le narrateur : " Seule je découvris l’art de nager comme un poisson, toujours la tête sous l’eau, les yeux ouverts sur les mystères engloutis dont la noyade m’avait appris l’existence. " (p 71)

La beauté et l’attirance profonde qu’inspire la mer vis à vis des gens et surtout de l’auteur :" Je découvris la mer du Japon, dont la beauté me subjugua. " (p 66)

Beauté et attirance qui très souvent supplante la peur de l’eau " Soudain, j’échappai à la pesanteur terrestre : le fluide s’empara de moi et me jucha à sa surface. Je poussai un hurlement de plaisir et d’extase. " (p67)

Au final, on remarque que les lieux sont remarquablement décrit par l’auteur qui grâce à sa connaissance, son vécu et ses souvenirs, leur insuffle un magnifique souffle de vie et de vérité.

4) Le schéma narratif de l’œuvre

« Je me souviens » du schéma narratif de l’œuvre.

Le schéma est (comme chacun le sait) divisé en cinq parties : la situation initiale, l’élément déclencheur, les péripéties, l’élément de résolution et la situation finale.

Débutons donc par le début. La situation initiale (p 5 à 20) met en route le récit en présentant les éléments nécessaires à la compréhension de celui-ci. De plus, vu que l’histoire est raconté au passé, les verbes sont presque tous à l’imparfait : " étaient " (p 9) ; " amusaient " (p 11) ; " considéraient " (p 15) …

Vient ensuite l’élément déclencheur (p 21 à 35) qui modifie la situation initiale et fait perdre l’équilibre de cette dernière. Il est introduit par le connecteur temporel " jour ordinaire " (p 21) et est racontée au passé simple : " fut " (p 21) ; " cessa " (p 23) ; " mit " (p 27) …

S’ensuit les actions ou péripéties (p 33 à 144) qui sont les évènements provoqués par l’élément modificateur.

Après toutes les actions, l’élément de résolution (p 144 à 152) se change en décision de suicide. Cette décision met un terme aux actions et conduit à la situation finale.

La situation finale (p 153 à 157) est tout simplement la fin du récit lorsque la gouvernante Nishio-San sauve la petite qui était en train de se noyer de façon délibérée.

L’incipit et l’épilogue ont pour moi plusieurs points en commun. D’abord, la grande lassitude et le mutisme de la petite fille alors que dans le reste du récit elle est dynamique et loquace.

Et puis le sentiment de rester incomprise par son entourage et ses proches et de se poser de nombreuses questions (à elle-même) qui restent et resteront sans aucune réponse : " Encore aujourd’hui, je suis incapable de trancher : eût-il mieux valu que le chemin s’arrêtât fin août 1970, dans le bassin aux carpes ? Comment le savoir ? L’existence ne m’a jamais ennuyée, mais qui me dit que cela n’eût pas été plus intéressant de l’autre côté ? " (p 156)

Ces deux parties sont intimement liées car elles mettent en scène deux moments des plus difficiles et importants dans la vie d’Amélie Nothomb.

5) Les caractéristiques majeures de l’œuvre

« Je me souviens » des caractéristiques majeures de l’œuvre, de l’importance des différentes formes de discours et du style.

En effet, la narration du récit est parfois entrecoupée de passages descriptifs : " J’exultai d’admiration face aux grandes montagnes obscures, aux toits lourds et majestueux des maisons voisines, à la phosphorescence des fleurs de cerisier, au mystère des rues noires. " (p 77), explicatifs : " Vingt ans plus tard, j’appris par quel sinistre hasard l’auteur de mes jours, que rien ne prédisposait à une carrière lyrique, était devenu chanteur de nô. " (p 90)

Ces différents procédés complètent la narration et enrichissent le récit.

Le discours est très important dans le récit car il permet à l’auteur de raconter son histoire, de décrire et « faire voir » les lieux, les gens, les coutumes… , d’expliquer des évènements précis et parfois de convaincre et/ou persuader le lecteur à propos de certain choix.

Parlons maintenant du style. Bien que la légèreté du récit fasse penser qu’il est relâché, il est au contraire très recherché. L’auteur utilise un vocabulaire spécifique, adapté à son environnement et longuement réfléchi, elle varie les procédés et les formes de discours tout en respectant les contraintes de l’écriture moderne et en cherchant à rendre son récit le plus drôle, vivant et véridique possible (ce qui à mon humble avis est plus que réussi).

6) Le choix du titre

« Je me souviens » d’un passage extrêmement édifiant qui m’a permis de comprendre le choix du titre.

Le passage en question est situé au tout début de l’autobiographie lorsque Amélie Nothomb n’est encore qu’un " tube végétatif " et où Dieu a droit à une comparaison très détaillée à propos de son appartenance à la grande famille des tubes : " C’est pourquoi à ce stade de son développement,