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Nthologie "Les Fleurs Du Mal"

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sa tristesse, Baudelaire va chercher un idéal lointain dans d'autres continents...

Les quatre poèmes présentent tous les quatre le voyage et la femme aimée. Dans "Parfum exotique" le poète s'adresse à la femme aimée Celle-ci est décrite physiquement "Je respire l'odeur de ton sein chaleureux», tout comme dans "La Chevelure" : "Longtemps! Longtemps! ma main dans ta crinière lourde".

Dans "L'invitation au Voyage", le poète s'adresse également à une femme, mais la formulation est plus ambiguë: «Mon enfant, ma sœur,"

Au sens propre, ces mots ne désignent pas une femme. C'est la suite du poème qui suggère qu'il s'agit de la femme aimée. Le poète évoque donc une vie ailleurs avec l'utilisation du conditionnel "Des meubles luisants ... décoreraient notre chambre".

D'une tout autre manière, dans "A une dame créole" , le poète commence par raconter qu'il a rencontré une dame créole (premier quatrain), puis il la décrit (deuxième quatrain). C'est seulement dans le premier tercet qu'il s'adresse clairement à cette femme : « Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire". De même dans "La Chevelure", il s'adresse à la chevelure mais aussi à la femme car la chevelure est le destinataire, la chevelure se substitue à la femme.

Dans les quatre poèmes présentés ici nous distinguons dès le début des poèmes qu'il va s'agir du thème du voyage et de l'ailleurs.

Dans "Parfum exotique" il s'agit d'une île où la nature domine : "Des arbres singuliers et des fruits savoureux". Pour "La chevelure", le poète parle même de continents étrangers "La langoureuse Asie et la brûlante Asie".

Dans "L'invitation au Voyage", le poète décrit aussi l'ailleurs : "La splendeur orientale". Dans le dernier poème "A une dame créole" dès le premier vers nous savons qu'il s'agit de l'ailleurs : "Au pays parfumé que le soleil caresse".

Les poèmes confrontés aux tableaux

Pour mon premier poème "Parfum Exotique" j'ai choisi d'associé le tableau "Végétation Tropicale" de Paul Gauguin. C'est une peinture qui fut peinte en 1887. Paul Gauguin, lors d'un séjour en Martinique, a peint une vingtaine de toiles dont "Végétation Tropicale".

J'ai choisi ce tableau car je trouve qu'il reflète tout à fait ce qui est dit dans le poème. En effet , dans le poème on trouve le champ lexical de l'exotisme:

"Des arbres singuliers et des fruits savoureux" ; "Pendant que le parfum des verts tamariniers,". On retrouve sur cette peinture beaucoup d'éléments qui évoquent l'exotisme notamment avec des fleurs, des arbres, toute une luxuriante végétation aux diverses nuances de verts.

De plus, les conditions climatiques évoquent déjà des contrées exotiques, la terre, d'un rouge orangé, apporte sa couleur chaude; "en un soir chaud d'automne" rappel cette couleur orangé du sol.

Parfum Exotique

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,

Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,

Je vois se dérouler des rivages heureux

Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;

Une île paresseuse où la nature donne

Des arbres singuliers et des fruits savoureux;

Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,

Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,

Je vois un port rempli de voiles et de mâts

Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,

Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,

Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.

Charles Baudelaire, Parfum exotique

Paul Gauguin, "Végétation tropicale" (1887)

Pour mon second poème "La Chevelure" , j'ai choisi la peinture de Henri Edmond Cross qui s'intitule elle aussi "La Chevelure". Henri Edmond Cross peignit "La Chevelure" en 1892, le sujet de la femme était devenu courant chez les peintres. Tout comme le poème de Baudelaire, cette peinture fait un éloge de la femme, notamment avec ses cheveux. Cette peinture est une huile sur toile, le tableau est relativement petit, il fait 61cm sur 46cm. Nous devinons d'emblée avec le titre du tableau qu'il s'agit d'une partie de la femme : les cheveux.

Le cadrage serré sur le buste de la femme assise de trois-quart donne à la figure une certaine monumentalité, mais renforce également l'importance donnée à cette chevelure. On distingue clairement que le peintre a mis en évidence les cheveux de la femme et non son visage. Cette impression est également validée dans le poème. En effet, Baudelaire décrit la femme certes, mais avec un seul élément: les cheveux. La femme dans le tableau est cachée par un épais rideau de cheveux, le visage de la femme disparait totalement pour laisser place au premier plan à la chevelure. C'est aussi ce que présente Baudelaire au vers 31 "Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde".

La Chevelure

O toison, moutonnant jusque sur l'encolure!

O boucles! O parfum chargé de nonchaloir!

Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure

Des souvenirs dormant dans cette chevelure,

Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir!

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,

Tout un monde lointain, absent, presque défunt,

Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique!

Comme d'autres esprits voguent sur la musique,

Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,

Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;

Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève!

Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve

De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boire

A grands flots le parfum, le son et la couleur

Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire

Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire

D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse

Dans ce noir océan où l'autre est enfermé;

Et mon esprit subtil que le roulis caresse

Saura vous retrouver, ô féconde paresse,

Infinis bercements du loisir embaumé!

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues

Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond;

Sur les bords duvetés de vos mèches tordues

Je m'enivre

...

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