Comentaire Hélène Berr

arques de tolérance sont mis en évidence. Il y a tout d'abord les regards positifs d'une partie de la population inconnue tel que le voit Hélène Berr: « il y avait une femme, une ma id [domestique] probablement, qui m'avait déjà souri avant de monter et qui s'est retournée plusieurs fois pour sourire » (l.12-13); « encore une femme du peuple m'a souri. » (l.15); « quand je suis descendue, une dame m'a dit: « Bonjour, mademoiselle » » (l.36-37), mais aussi ceux d'une population connue qui a pourtant peine à s'y habituer et redoute le sujet au point de l'éviter: « mais son regard se détournait de mon étoile. Quand il me regardait, c'était au dessus de ce niveau, et nos yeux semblaient dire: « N'y faites pas attention » » (l.45 à 47); « je sentais que toutes les pensées roulaient sur cet insigne. » (l.51-52); « elle m'a dit: « Je ne peux pas voir les gens avec ça » » (l.53-54); « je voyais autour de moi des figures connues mais je sentais leur peine et leur stupeur à tous » (l.58).

Les regards des populations quels qu'ils soient, négatifs ou non, provoquent chez la narratrice de nombreux sentiments.

Elle évoque tout d'abord son honneur et sa fierté qui représente la mentalité du peuple juif de l'époque: « J'ai porté la tête haute, et j'ai si bien regardé les gens en face qu'ils détournaient les yeux. » (l.2-3); « mais je l'ai regardé fièrement. » (l.14). Cependant Hélène Berr vient parfois à se poser des questions et fait preuve de faiblesse: « Mais je ne pouvais pas le regarder en face, » (l.23). Ce qui ne l'empêche pas de retrouver une certaine fierté: « Je ne voulais pas porter l'étoile, mais j'ai fini par le faire, trouvant lâche ma résistance. » (l.34-35); « il y a des moments où je me demande pourquoi je le fais, je sais évidemment que c'est parce que je veux éprouver mon courage. » (l.80-81).

Malgré sa grande fierté et son honneur marqué, Hélène Berr exprime ses sentiments de souffrance. En effet, elle est épris d'une immense tristesse qu'elle dévoile sous plusieurs aspects. Elle révèle ses pertes d'espoirs et ses sanglots: « Cela a fait jailli les larmes à mes yeux, je ne sais pourquoi. » (l.16); « j'ai cru que j'allais fondre en larmes » (l.93). Elle essaye cependant de se cacher aux yeux des populations: « Mais rétrospectivement, des larmes de douleur et de révolte ont jailli à mes yeux, j'étais obligée de fixer quelque chose pour qu'elles rentrent » (l.41-42); « Mais s'ils savaient, eux, quelle crucifixion c'est pour moi. J'ai souffert, là, dans cette cour ensoleillée de la Sorbonne, au milieu de tous mes camarades. » (l.54 à 56); « en racontant ma journée à Maman, j'ai été obligée de me précipiter dans ma chambre pour ne pas pleurer, je ne sais pas ce que j'ai. » (l.99-100). De plus, elle manifeste une certaine incompréhension sur le fait que personne ne conçoit son déchirement: « Mais je crois qu'aucune ne comprenait ma souffrance. Si elles l'avaient comprise, elles auraient dit: « Mais alors, pourquoi le portez-vous? » » (l.77 à 79).

Hélène Berr, par l'intermédiaire de cet extrait nous a exprimé l'étendue de la vie des populations juives à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale. Ce que ce passage ne nous dit pas, c'est que ces deux jours sont relativement plus heureux que ceux qu'elle va vivre à la suite de son ouvrage. Toutes les situations vont se dégrader, sans exception, et de nouvelles difficultés vont apparaître.

Tout comme Hélène Berr, plusieurs personnes, vivant à cette époque et dans plusieurs pays,