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Désir et imaginaire

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st la finitude de l’être humain. Les choses existantes sont concrètes et limitées. Ce qui n’existe que dans notre esprit, c’est-à-dire notre imagination ne connaît aucunes règles. Nous pouvons imaginer comme bon nous semble. L’imaginaire génère pourtant l’illusion, mais une illusion qui ne pourra jamais être déçue, car elle vit dans notre pensée. Ainsi, il vaut mieux préférer le désir abstrait à la réalité concrète. Le désir, et tout ce que cela implique ; avec l’état de manque, mais où on trouve finalement un certain épanouissement, et où notre liberté peut s’exprimer aisément. Il semble préférable de choisir le manque de l’objet à la déception de celui-ci, dont notre esprit s’est fait une certaine représentation, et qui nous appartient lorsque notre désir est satisfait. Car on ne peut obtenir parfaitement l’objet de notre désir, qu’on a idéalisé d’une certaine manière (quelqu’un d’autre l’aurait imaginé autrement). Pallier ses désirs amène obligatoirement à des désillusions, car l’objet n’est jamais plus vrai quand dans notre imagination, puisqu’il est comme on le voudrait réellement. En revanche, même si un objet nous manque, le temps de la patience afin de l’obtenir, est un temps de bonheur. En effet, l’objet, devant nos yeux, devient alors plus grand si on l’a attendu ; la satisfaction est plus importante et le bonheur l’est doublement. Ce n’est pas tant la valeur de l’objet qui le rend désirable, mais le désir de cet objet, le fait d’en manquer, de l’espérer. Lorsque qu’il est satisfait, le désir cesse et est réinventé.

Finalement, pour Rousseau, l’imaginaire est plus grand et plus fort que la réalité.

On peut jouir devant la réalité immédiate. Mais on est heureux lorsqu’on désire simplement.

Le désir est l’inconnu « x », à l’équation du bonheur « y ». Sans désir, le bonheur est incomplet et pauvre. De plus le désir réalisé est de courte durée, et amène un autre désir. Tandis que l’espérance est longue : « Le réel quelquefois désaltère l'espérance. C'est pourquoi, contre toute attente, l'espérance survit. », disait René Char. Rousseau prône donc le monde onirique, qui bien qu’illusoire n’est jamais souffrance. On peut se priver, hors les biens primaires, de tout, mais pas d’imaginer, car c’est encore espérer. La perception est réaliste mais décevante, tandis que l’imagination est idéalisatrice mais valorisante. Lorsque l’objet de notre désir devient tangible, on ne l’embellit pas autant qu’on le pourrait lorsqu’on l’imagine ; car on peut alors le modifier sans cesse. Dans cette logique, l’homme se suffit à lui-même par ses propres désirs ; le monde extérieur (autrui, des biens quelconques…) et ce qu’il peut lui apporter n’est donc plus indispensable. L’homme ne vit que dans son imagination.

Mais où s’arrête le désir, et où commence le besoin ?

De plus, on ne peut échapper à la réalité qui s’impose à nous, qu’on le veuille ou non. Désirer, sans en prendre conscience, c’est-à-dire sans but déterminé clairement et précisément, revient à fuir la vérité. En survalorisant les objets de notre désir, notre lucidité est tronquée. Le terme de « manque » que Rousseau emploie vient d’un sentiment intérieur que nous légitimons. Il faudrait parvenir à contenir ces manques ; et maîtriser nos désirs, nos passions. Pourquoi survaloriser un objet qui n’existe pas tel quel, engendrant ainsi une déception de plus en plus grande qu’on l’aura survalorisé. Faire preuve de lucidité, c’est accepter la matérialité, et trouver un épanouissement dans un certain contentement de la réalité concrète. Sans tomber dans l’apathie, l’ascétisme ; mais en conservant ce caractère dynamique des désirs dans la vie de l’homme : « Il faut vouloir saisir plus qu’on ne peut étreindre. » Les vertus ne sont pas les valeurs, et pour valoriser un objet il faut tenir compte de ses vertus.

Rousseau aborde

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