L'internationalisme Cubain En Afrique
Mémoire : L'internationalisme Cubain En Afrique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresdes orphelins et des blessés. A la coopération militaire indirecte, mise en place dès 1961 et comprenant l’envoi de formateurs militaires, de soutiens logistiques et d’armes; s’est ajoutée, dès 1965, une aide plus directe, avec l’intervention d’un commando, dont le Che faisait partie, au Congo Léopoldville. Plus tard, Cuba va envoyer massivement ses troupes dans différents pays comme l’Angola, le Mozambique ou l’Ethiopie. L’Angola sera la plus vaste opération militaire extérieure cubaine avec l’envoi d’environ 350'000 Hommes en soutien au Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) et contre le FNLA et l’UNITA, deux mouvements soutenus par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud de l’Apartheid. La fin de la coopération militaire aura lieu en 1991, suite à un accord entre l’Afrique du Sud, les USA, l’Angola et Cuba. Le retrait des troupes d’Afrique, dont le coût ne pouvait de toute manière plus être supporté par l’île étant donné la baisse des aides financières soviétiques, aura permis à la Namibie, dernier pays colonisé d’Afrique, de gagner son indépendance. Le deuxième pan de l’internationalisme cubain est civil. Cette coopération, qui est encore actuellement un pilier central de la politique étrangère du pays, s’est déclinée sous plusieurs formes. On peut penser à l’appui technique d’ingénieurs cubains hors de l’île, à la formation d’étrangers sur l’île dans divers domaines mais surtout à l’aide médicale dispensée dans de nombreux pays du Tiers-Mondes par les médecins cubains.
La politique étrangère de l’île s’est distinguée, et se distingue toujours, par son idéalisme. En effet, les cubains auront été se battre sur la terre rouge pour défendre des idéaux socialistes, anit-apartheid, internationalistes, anticolonialistes, anti-impérialistes et de solidarité entre les peuples. Notons également que Cuba n’a pas profité de sa présence en Afrique dans son propre intérêt. On pense ici au fait que les cubains n’ont pas abusé des richesses naturelles africaines, au fait qu’ils ont offert leurs services, mais également à l’allègement de l’embargo américain dont aurait pu profiter l’île, dans un contexte de détente est-ouest, mais que l’intervention en Angola en 1975 a fait capoter. Enfin, il faut préciser que, contrairement à ce qui a longtemps été pensé en Occident, Cuba n’a pas été le bras armé de l’URSS en Afrique (mise à part dans le cas de l’Ethiopie) et a mené une politique indépendante qui a plus embarrassé le cousin soviétique qu’elle ne l’a arrangé, et cela malgré le fait que l’île était largement dépendante des aides financières de l’URSS.
Dans le présent travail, nous allons tenter de passer en revue ce que certains nomment « l’odyssée africaine » de Cuba. Après un contexte historique qui rappellera la situation de Cuba, de l’Afrique et de la situation mondiale tendue, nous allons nous intéresser, dans un premier temps, à la coopération militaire à travers ses deux principales formes en prenant l’exemple de l’Algérie, du Congo-Léopoldville, de la Guinée-Bissau et de l’Angola. Nous ne traiterons pas ici de l’intervention cubaine dans la corne de l’Afrique. Ensuite, nous allons présenter, dans les grandes lignes, le second volet de la politique étrangère cubaine qu’est la coopération civile. Enfin, nous conclurons par un bilan de la politique internationaliste cubaine.
Contexte historique
Dès son arrivée au pouvoir en 1959, les révolutionnaires cubains vont tout de suite montrer un intérêt à l’exportation de leur révolution. Nous sommes en plein contexte de guerre froide. Le communisme et le capitalisme, l’est et l’ouest, le « mal » et le « bien », deux idéologies fondamentalement opposées qui sont incarnées par les deux grandes puissances du moment, l’Union de républiques socialistes soviétiques et les Etats-Unis d’Amérique, s’affrontent aux quatre coins du monde, à travers des canaux très variés et dans de divers domaines. La guerre, bien que froide, est totale. Elle constitue la grille à travers laquelle se lit toute la politique internationale de l’époque. Les révolutionnaires cubains, de par leur orientation plutôt socialiste et ayant chassé un gouvernement qui était largement soutenu par les Etats-Unis, pays dont ils n’apprécient guère tant le mode de vie que la politique étrangère, vont assez rapidement et logiquement se ranger derrière le bloc communiste. Les objectifs cubains en matière de politique étrangère sont clairs. Il s’agit, selon les idéaux de leur propre révolution, de soutenir les mouvements d’émancipation des peuples du Tiers-Monde face, d’une part, à l’impérialisme étasunien, très visible en Amérique latine comme en Asie, et d’autre part au colonialisme européen, principalement français et portugais. Selon l’expression du Che, il faut « deux, trois, plusieurs Vietnam ». Les « compañeros » cubains, qui se croient investis d’une mission contre le sous-développement et l’oppression, rêvent de voir naître un tiers-monde libéré du colonialisme, de l’impérialisme et de l’apartheid, un Tiers-Monde maître de son propre destin, prenant soin de ses peuples, s’entraidant dans la construction d’une société plus juste et s’unissant face à l’Occident afin de peser plus lourd dans ce duel inégal. Le Che dira :« Il n'y a pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à ce qui se passe dans n'importe quelle partie du monde. La victoire de n'importe quel pays contre l'impérialisme est notre victoire, tout comme la défaite de quelque pays que ce soit est notre défaite » et « Les pays socialistes ont le devoir moral d'arrêter leur complicité tacite avec les pays de l'ouest exploiteurs ». Les cubains s’intéressent logiquement tout d’abord à l’Amérique latine, mais le continent est majoritairement verrouillé par la politique étrangère des Etats-Unis. Ceci n’empêche pas qu’ils soutiendront des guérillas dans cette partie du monde. De son côté, l’Asie est lointaine et l’URSS ainsi que la Chine y luttent déjà face aux américains dans la région, on peut citer ici la guerre du Vietnam, qui fera rage entre 1964 et 1975. Reste alors l’Afrique, continent au matin de la décolonisation, où la lutte s’organise. Continent encore largement colonisé par les français et les portugais. Continent riche en ressources naturelles mais dont la population est très pauvre et où tout reste à faire en matière d’égalité, d’éducation ou de santé. Une Afrique mûre pour la révolution, que Castro décrira plus tard, en 1977, comme le maillon le plus faible de l’impérialisme. Il parlera aussi de Cuba comme d’un pays « latino-africain » et mettra en parallèle, lors de l’intervention en Angola, le sang africain des anciens esclaves qui a coulé à Cuba et le sang cubain qui a coulé en Afrique. C’est sur ce continent et dans ce contexte de guerre froide que Cuba va mettre en place une politique étrangère ambitieuse, tant dans le domaine civil que militaire, soutenant dans plusieurs pays divers mouvements de libération, militairement ou pas. L’île va donc se trouver impliquée dans des guerres « chaudes » de la guerre froide, soutenant des mouvements et des Etats face à d’autres mouvements ou Etats soutenus par le camp occidental.
La coopération militaire
Nous allons ici nous pencher sur l’internationalisme militaire cubain. En premier lieu, nous reviendrons sur les débuts de Cuba en Afrique avec l’Algérie et le Congo-Léopoldville. Ensuite, en suivant les interventions de l’île en Guinée-Bissau et en Angola, nous présenterons les deux faces de la coopération militaire. Avec le cas de la Guinée, nous verrons le soutien indirect à des groupes armés luttant pour la libération de leur pays et, avec l’Angola, le soutien militaire direct, passant par l’envoi de troupes, à la mise en place et au soutien d’un régime ami. Voici, tout d’abord, une carte qui donne une idée de la présence rouge en Afrique par pays au cours de la guerre froide, entre 1974 et 1980.
Les premières de Cuba en Afrique
Deux ans après la révolution, en 1961, l’aventure cubaine en Afrique débuta en Algérie avec le soutien au FNL de Ben Bella. Cet appui a été autant militaire que civil. Des bateaux partaient de Cuba en direction de Casablanca chargés d’armes et revenaient sur l’île avec des orphelins et des blessés à leurs bords. L’aide militaire pris fin en 1962, avec l’indépendance de l’Algérie, mais la coopération civile perdura.
Après le Maghreb, c’est en Afrique sub-saharienne que Cuba est intervenu pour la première fois avec des éléments de son armée en 1965, au Congo-Léopoldville. A l’indépendance, en 1960, Patrice Lumumba était devenu le premier premier ministre de l’ancien Congo Belge. Après 6 mois d’exercice du pouvoir, il se fit arrêter par Mobutu, qui était soutenu par les casques bleus et les Etats-Unis, puis exécuter, en janvier 1961. Cuba avait décrété trois jours de deuil national. Quelques années plus tard, Mobutu avait fini le travail en renversant le président Kasvubu et en devenant dictateur, interdisant les partis dès son arrivée au pouvoir. L’île décida alors d’envoyer des hommes au Congo en soutien aux lumumbistes qui représentaient un « foco » considéré comme susceptible de pouvoir renverser le régime mis en place par Mobutu. C’est ainsi qu’en avril 1965, une dizaines d’hommes, sous les ordres du Che, atterrirent
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