Le corps est-il le malheur de la conscience ?
Dissertation : Le corps est-il le malheur de la conscience ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar faustine daveti • 9 Février 2022 • Dissertation • 2 571 Mots (11 Pages) • 938 Vues
Le corps est-il le malheur de la conscience ?
La conscience peut être perçue comme une expérience humaine, semblant irrécusable : celle de ma personne comme sujet pensant. On peut concevoir la conscience de deux façons. Premièrement, au sens moral comme une sorte d’autorité intérieure jugeant mes actes et ceux des autres selon le bien et le mal. Mais la conscience est aussi un « je pense » qui assure un retour réflexif sur l’être en question, sur ses idées et ses sentiments. Sans la conscience, l’humain ne serait qu’un chaos de perceptions sans lien. Il s’avère que dans ce qu’elle entreprend, la conscience peut faire face à un certain nombre de contraintes. Notre corps en fait partie. En effet, cet organisme vivant s’affirmant sous la forme de réflexes et d’instinct a fortement tendance à surgir dans ce qu’entreprend notre conscience. Il s’avère que nous avons souvent l’impression que si nous ne devrions pas gérer notre corps, notre pensée serait meilleure et plus pertinente. Cela peut alors emmener à penser que le corps est source de malheur pour la conscience, puisque celui ci est dans ce cas perçu comme une contrainte. Mais cette première étude peut paraître quelque peut fermée et radicale, ne laissant aucune place à autre possibilité. Effectivement, puisque notre corps est relié à notre conscience, il est donc insoutenable de prétendre que cette intervention serait source de perturbation et de déséquilibre. De plus, il ne faut pas oublier que notre corps sert de « support » à notre conscience. Sans lui, les idées de notre conscience ne pourraient pas immerger et être exprimées. Notre analyse de ce sujet aura donc pour but de définir quel est le rôle de notre corps dans la structure de notre conscience. Après cette première étude, nous pourrons mettre en valeur les trois orientations suivantes : dans une première partie, nous traiterons les raisons qui nous poussent à mettre en œuvre notre conscience contre notre corps. La seconde partie mettra en valeur la contribution qu’apporte le corps à notre conscience. Enfin, dans une troisième partie nous chercherons à savoir comment notre conscience et notre corps peuvent converger pour la plus cohérente manifestation de nous même.
Le corps, perçu dans son idéal, est reconnaissable dans le fait que celui-ci ne pense pas. Il s’oppose à la substance immatérielle qu’est l’esprit et est donc la partie matérielle de l’être humain par opposition à l’âme. Le corps est complètement indifférent à la réflexion. Pour avoir la possibilité de penser, il est nécessaire que l’humain oublie son corps, qu’il fasse abstraction de cet élément constitué d’agitation et de mouvements qui le constitue et qui peuvent éventuellement le perturber. On peut donc considérer le corps comme un obstacle à la conscience. En effet, celle-ci réclame un certain nombre de conditions pour fonctionner, comme la demande d’un certain degré de santé. Effectivement la santé, métaphoriquement, le fait de « se sentir en forme » ou de « bien se porter », mais plus précisément, une sorte de fonctionnement régulier et harmonieux de notre organisme. La conscience réclame alors cette condition pour que notre esprit puisse seulement se concentrer sur notre spiritualité ainsi que nos réflexions, et non pas sur des problèmes purement physiques. De plus, la pensée est une sorte de limite pour notre corps. La conscience stoppe notre corps sous la forme d’une réflexion, jugeant ce dont celui-ci a besoin ou non. « L’âme, c’est ce qui refuse le corps (…), ce qui refuse de frapper quand le corps s’irrite, ce qui refuse de boire quand le corps a soif (…), le total refus est la sainteté (…). Ici, Alain met parfaitement en valeur notre idée précédente. L’âme, que l’on relie directement à la conscience et donc la pensée, a pour fonction de poser des limites au corps et de s’y opposer. « Le fou n’a aucune force de refus ; il n’a plus d’âme. On dit aussi qu’il n’a plus de conscience et c’est vrai. » Enfin, Alain relit directement l’âme à la conscience et soutient l’idée que la force de refus est importante et constitue l’âme.
L’âme peut être perçue comme une dimension intérieure, qui reste quand les idées ont disparue. L’âme est le corps forment une union mais ne sont pas forcément considérés comme harmonie. On considère plutôt que l’âme constitue la condition de notre conscience pendant que le corps apparaît comme indifférent face à celle-ci. Descartes énonce d’ailleurs un dualisme entre l’âme, dont l’essence est la pensée, et le corps qui est seulement considéré comme matière. L’homme est alors perçu comme une « substance » double, constitué de l’âme et du corps, ainsi que de la pensée et de la matière. C’est donc pour cette raison qu’une entière tradition exige de l’homme qu’il donne une place centrale et fondamentale à l’âme, celle-ci étant immortelle. On pourrait considérer que miser trop d’importance sur notre corps reviendrait à miser sur de la poussière. D’ailleurs, on peut noter que pour les Grecs par exemple l’idée d’une résurrection du corps est absurde : le corps tombe en poussière à la mort, seule l’âme est susceptible de survivre après elle. Effectivement, Platon prône l’âme, considérant que celle-ci peut avoir plusieurs vies. « Qui sait si la vie n’est pas pour nous une mort, et la mort une vie ? Peut-être mourrons-nous réellement nous autres, comme je l’ai ouï dire à un sage qui prétendait que notre vie actuelle est une mort, notre corps un tombeau, et que cette partie de l’âme, où résident les passions, est de nature à changer de sentiment, et à passer d’une extrémité à l’autre (…) ». Platon soutient dans Gorgias un dualisme entre le sensible et l’intelligible, le sensible se définissant comme le domaine des choses sensibles, autrement dit le monde terrestre, qui n’est pas considéré comme la réalité véritable mais comme une apparence, une ombre, une copie des choses intelligibles, celles-ci considérées comme les seules choses réelles. En somme, le monde sensible est aperçu par les sens alors que le monde intelligible est perçu par la raison. Et dans cet extrait sur la nature de l'âme, Socrate prétend que celle-ci est constituée d'une partie intelligible, et qu'elle est corrompue par le contact avec le monde sensible. En tombant ainsi dans le corps, fondement du monde sensible, l'âme tombe dans une sorte de tombeau qui nuit à sa vision. Le corps est donc considéré tel que le tombeau de l'âme et la vie terrestre est par conséquent la véritable mort.
Malgré les aspects négatifs qu’il peut apporter à la conscience, il est impossible de nier l’importance du corps, car c’est avant tout lui qui nous a mis au monde et qui crée donc le support de la pensée. En suivant les idées énoncées au dessus ayant comme point de vue que le corps ne pense pas, on ne peut pas prétendre affirmer qu’on ne peut pas penser de manière consciente pour autant. Il ne faut quand même pas oublier que notre corps est l’élément qui lie notre pensée et notre conscience aux choses qui nous entourent. On peut penser que le corps permet à la conscience de garder celle-ci dans le cadre concret dans lequel elle est sensée s’accomplir. Il est alors normal que nos réflexions et notre conscience puissent devenir corps lors de certaines situations et actions. Mais cela n’est réalisable qu’en présence du corps, du fondement. «Cette conscience de soi, l’homme l’acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu’il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements (…), d’une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence (…). » « Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique, parce qu’il est poussé à se trouver lui-même (…), il y parvient en changeant les choses extérieures (…). » Hegel soutient ici que l'homme possède une double existence. Premièrement, il existe au même niveau que les choses de la nature, il a une existence immédiate lors de sa venue sur Terre, il « est » directement. Et d’un autre point de vue, l’homme existe aussi pour lui-même, il est dans la capacité de réfléchir, de se penser, s'analyser, se découvrir mais aussi modifier son environnement par exemple. L'homme existe alors en soi, mais aussi pour lui même, en tant que "conscience de soi ». Il ne se contente pas d'être, mais réfléchit sur ce qu'il est. On comprend alors ici l’importance du support corporel, pour la réalisation de soi même ainsi que la conscience de son existence.
Pourquoi je pense ceci ou cela ? En effet, il nous arrive de nous poser des questions sur les causes de nos pensées et on ne peut pas écarter l’idée selon laquelle nos réflexions s’apparentent à des produits immatériels de notre corps. Le matérialisme est cette doctrine qui s’apparente à cette idée. Effectivement, celle-ci soutient le fait que sans l’existence de notre corps, il n’y aurait pas de pensée. A son sens premier, le matérialisme rejette l’existence d’une spiritualité et ramène toute réalité à une matière. Le matérialisme soutient alors qu’il n’existe pas d’autre substance que la matière, et que le monde intelligible, le dieu transcendant, et l’âme immatérielle, tout ce qui relève du domaine spirituel n’est que futilité. « De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique (…) ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent (…) n’ont pas d’histoire, elles n’ont pas de développement ; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, (…), et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience. » Marx s’oppose ici à la philosophie d’Hegel qui fait de l’esprit le principe du monde réel, et il défend plutôt que la conscience n’est pas indépendante du corps mais en découle de celui-ci. On est donc dans un point de vue complètement contraire à celui traité dans notre première orientation qui défendait que le corps n’était qu’obstacle à la conscience, lui empêchant de se réaliser. Dans le matérialisme Marxiste, le corps est la base de la pensée. Enfin, dans une toute autre lancée, il faut savoir qu’il est possible aujourd’hui de démontrer la localisation et l’évolution d’une pensée venant de notre cerveau, cette idée défendant alors que la pensée est bien matérielle et corporelle, même si bien sur il est encore inconcevable de visionner une pensée à l’état pur, celle-ci étant abstraite.
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